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Saison 4 | Chapitre 6 |
Les hulottes
Nous voilà arrivés aux Chênaies. Les portières claquent.
- Tu m’accompagnes encore ce soir, patron ?
- …
Moi, je souris en le regardant :
- Hier, tu as fait la connaissance du nouveau palefrenier ; moi aujourd’hui, j’ai rencontré un amateur de poésie que je ne soupçonnais pas … Est-ce que c’est doux, le poil d’un amateur de poésie ? Il a un petit rire et m’emboite le pas.
Nous n’allumons pas les lumières ; l’un comme l’autre, nous sommes habitués à nous contenter de la lumière naturelle, même faible. Elle est suffisante cependant pour nous rapprocher, marcher côte à côte et, sitôt la porte des vestiaires refermée, nous prendre dans nos bras pour nous étreindre, simplement ; s’appuyer sur l’autre, retrouver sa chaleur, la tête sur son épaule, le visage enfoui dans ses cheveux, respirer son odeur ; nos bras, qui nous encerclent, nous retiennent l’un contre l’autre.
Puis nous montons l’escalier, la fenêtre est ouverte et la clarté nocturne baigne la pièce. L’air est lourd. Soudain, le hululement saccadé d’un chat-huant éclate à proximité. Expression sonore de la nature où nous vivons, dont nous faisons partie. Adossés à la porte, nous nous embrassons posément en nous déshabillant mutuellement sans hâte ni fièvre. J’aime tout particulièrement ce moment où je soulève son maillot pour passer ma main dessous en remontant au travers de sa fourrure : c’est, selon, doux ou rêche et ça ajoute une richesse, un mystère aux reliefs de son torse. Je termine mon propre déshabillage à la va-vite tandis que lui prend soin de plier ses affaires avant de me rejoindre sous le drap.
Je suis sur le dos, callé contre l’oreiller, les bras croisés derrière la tête. Il s’allonge sur le côté, son bras replié en équerre soutenant la sienne. Sa main se fraie un terrier pour atteindre mon ventre où elle pianote, puis elle trace des chemins légers au travers de la prairie de mon torse :
- Julien a l’air bien pensif …
- oui, je repense à cette journée, à ce bel été finissant et à tout ce qui va reprendre place … Il ne dit rien mais ses doigts bondissent comme des farfadets, soulevant des vagues de frissons légers et frais dans la moiteur d’août.
– j’aime ce que tu m’offres ici, patron … Mais d’ici peu, tu vas redevenir père de famille, et moi, un élève au lycée … Je ne sens plus rien d’autre que les petites touches de ses doigts et je soupire en me laissant couler sur le matelas, m’étirant, les yeux fermés. Je me sens si vivant … Putain que je suis bien !
Puis sa pogne s’abat de tout son poids sur mon flanc et, d’une traction, il me fait basculer, m’attire contre lui et nos bouches se soudent. Exactement. Nos langues reprennent leurs échanges et cette idée même, la richesse de tout ce vocabulaire de caresses, me transporte comme une vague onctueuse, complexe, épicée et pourtant sereine. Je pèse sur lui qui bascule sur le dos. Mon genou écarte les siens et ma cuisse glisse entre les siennes, nos dagues dressées se croisent. Ma main glisse jusqu’à recueillir nos sécrétions visqueuses que je mêle en rapprochant nos glands suintants dans ma paume en creuset.
Comme je penche vers sa queue, il me fait pirouetter à deux mains et embouche la mienne avant même que j’aie pu me saisir de la sienne qui me bat le visage, le marquant de sa mouille. Je le suce à la paresseuse, tandis que mes deux mains le parcourent depuis son nombril jusqu’à ses genoux, recto et verso, écartant et soulevant ses cuisses, pressant ses couilles et soulignant sa raie moite. Il me réserve un traitement similaire. Nous ne sommes plus des explorateurs aventuriers mais des jardiniers, arpentant un territoire reconnu et familier et sachant en tirer le meilleur parti en toute connaissance tout en laissant libre cours à nos imaginations respectives. Et nous n’en manquons pas !
De temps à autre, nos lèvres se retrouvent et nos yeux se sondent dans la jubilation de ces caresses complices et pourtant insupportables d’intensité érotique.
Et là, il pousse un grognement de sanglier, me renverse pour me dévorer le cul à grands lapements jusqu’à me ficher un doigt. Puis il s’offre à mes lècheries et je le doigte tout pareil avant que nous revenions en face à face. Subtils jeux de soixante-neuf où chacun veille à procurer des émois tout en se réfrénant pour une montée parallèle de nos plaisirs, l’alternance froide d’un toucher et la chaleur d’une bouche de velours ou de l’éraflure d’une barbe acérée.
D’un coup, il suffoque, respire à grands traits, se cambre et me néglige, quand je redouble de petits attouchements et d’embrassements brulants, certain qu’il a passé le point de non-retour, que sa résistance est vaine. Même s’il serre les dents, c’est la défaite ! Il bloque son souffle et se raidit, il bat en retraite ; il agite convulsivement une jambe, la débandade ! Il me retire vivement son gland comme pour le protéger, …
Mise à feu … Il éclate et m’éclabousse avec des sons de gorge. Je lui inflige deux ou trois sursauts supplémentaires avec toute la science de mon doigt fiché en embuscade. En trois mouvements de poignet, je le rejoins, prenant bien soin de l’asperger copieusement à mon tour, nos foutres mêlés. On reste en étoiles de mer dans l’océan des draps froissées, haletants comme après une course, légers de s’être délivrés, rendus complices par l’intensité de ce moment partagé. Tendres enfin.
On peut vivre sans richesse / Presque sans le sou / Des seigneurs et des princesses / Y'en a plus beaucoup / Mais vivre sans tendresse / On ne le pourrait pas / Non, non, non, non / On ne le pourrait pas …/…
Dans le feu de la jeunesse / Naissent les plaisirs / Et l’amour fait des prouesses / Pour nous éblouir / Oui mais sans la tendresse / L’amour ne serait rien / Non, non, non, non / L’amour ne serait rien. *1
Il se pelotonne en chien de fusil, appuyant son front sur mon sternum et je peux parcourir ses épaules de la main, son souffle est régulier et ce moment est d’une rare sérénité. Puis il se redresse lentement, s’assoit quelques secondes au bord du lit, fléchit et s’accoude pour me poser un bisou au jugé :
- Bonne nuit Julien ! et il se lève.
Moi je m’enroule dans les draps et m’enfonce dans un sommeil profond, indifférent aux kiwit puissants que renvoie maintenant la hulotte.
Un matin, je vois Monique engagée dans un grand ménage, fenêtres et portes de la grande maison sont ouvertes. Le lendemain, elle a repris vie et, à nouveau, un sas étanche est installé avec la ferme. Dans l’après-midi, je découvre le patron avec un étrange profil rebondi ; il porte Adrien, son fils de six mois, dans une poche ventrale. L’enfant a agrippé un doigt de son père, il le secoue avec beaucoup d’entrain et une mine réjouie. Lorsqu’il me voit, il se fige mais, rapidement, esquisse à nouveau un sourire joyeux ; un ravissant petit garçon. Je me sens un peu emprunté et ne sais que penser du regard que Lecourt pose sur moi. Qui suis-je face à l’héritier tant attendu ?
Demain, c’est à mon tour de reprendre le chemin du lycée. Monique m’a approvisionné, vérifié si mon linge était propre comme une vraie maman ! Et quand je l’ai gentiment chambrée, elle a pris un air sévère et m’a sermonné :
- pour les gens de peu, comme nous, c’est important les études et on travaille mieux quand on est sûr de n’avoir ni froid, ni faim Alors, je ne peux m’empêcher de penser à la chanson poignante de Léo Ferré où il évoque de sa voix tremblante les voix / Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens / Ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid *² Cette bonne Monique, inflexible, exigeante mais si dévouée, je ne la remercierai jamais assez !
Puis, vers dix-sept heures, le patron déboule : Julien ! Le ton n’admet aucune discussion, je pose mes outils et le suis. Il monte dans le C15 et démarre. J’ouvre la barrière et il stationne le véhicule sans un mot. Je suis interloqué, dans l’ignorance totale de ce qui se passe. Il entre dans la grangette, s’infiltre dans le passage le long du mur, m’attend, son regard se plante dans le mien, noir, impénétrable. Je le suis.
Dans l’étroite alcôve ménagée, il impose d’autorité le gel dans mes mains et se retourne dos à moi, déboucle son pantalon qu’il descend aux chevilles d’un seul mouvement, remonte son maillot aux épaules et s’appuie au mur de paille de ses deux coudes, la tête enfouie dans ses bras pliés. Cambré. Offert.
J’ai le souffle coupé, je pétris le flacon quelques secondes, je déglutis.
En deux gestes, j’ai arraché mes maigres frusques et je suis nu, j’enveloppe ma queue de lubrifiant et elle vient battre ces fesses tendues vers moi. Ma main s’applique sur sa raie et mes doigts remontent dans les poils pour trouver son anneau. Petits frottements circulaires et j’y plonge le majeur. Son cul est souple, chaud et il soupire déjà. Je me colle à lui, bandant comme un poney lubrique. Je le masse puis le perce souplement à deux doigts. Il se cambre, s’ouvre dans un gémissement. Je l’assouplis encore de quelques mouvements virils et je le pointe avant de laisser couler le gel d’abondance dans sa raie et sur ma queue. J’empoigne alors fermement à deux mains ses solides fesses velues :
- là, Lecourt ! Je t’encule Il répond à ma poussée en reculant son bassin, son conduit s’ouvre un peu laborieusement et je reste attentif à ses réactions mais voilà ma touffe écrasée sur son coccyx. Il respire fort et réussit à lâcher dans un souffle :
- Viens, baise moi, au jus
Son conduit est détendu et ajusté et je le lime méthodiquement :
- Putain que j’aime ton cul, patron, il s’entend si bien avec ma bite. et je le bourre de plus en plus sèchement. Il s’est cassé à l’équerre, jouant de ses belles cuisses, pour accueillir toute l’envergure de mon piston et je claque contre son cul qu’il repousse vers mon pubis pour tout prendre. Je grogne, il râle. Je monte, il le sent, il me veut. J’explose en me plantant au profond, tressautant sous les spasmes d’un orgasme foudroyant. Il s’arrache, se retourne, tombe à genoux, gobe avidement ma queue et se branle furieusement. Il est secoué par sa jouissance et nous asperge. Je m’accroupis, le soutiens, lui fiche mon pouce, baignant dans mon foutre pour le purger et lui procurer un surplus de plaisir, quelques hoquets.
Il respire bientôt plus lentement et je le galoche. Ça sent fort la sueur, le foutre, le stupre. On se relève, se rajuste. Ce soir, il dine en famille.
Et moi, sous la douche, je me branle somptueusement en pensant à cette chevauchée et à ce bel été. Voilà l'été, j'aperçois le soleil / Les nuages filent et le ciel s'éclaircit / Et dans ma tête qui bourdonnent / Les abeilles ! / J'entends rugir les plaisirs de la vie / C est le retour des amours / Qui nous chauffent les oreilles / Il fait si chaud / Qu'il nous pousse des envies / … *3
J’ai donc retrouvé l’internat et, aussitôt après, le manège et son moniteur Pierre-Jean, les installations sportives et la piscine municipale à proximité. J’ai trop faim de tout pour rester à attendre, à regarder passer les trains de la vie. J’ai FAIM de tout ce que la vie a placé à ma portée dans cet environnement où j’allais passer encore une année à travailler avec la ferme intention de décrocher ce fameux diplôme. Et après … ?
*1 La tendresse est une chanson française écrite par Noël Roux et composée par Hubert Giraud, interprétée par Bourvil en 1963 et reprise par Marie Laforêt l’année suivante, puis par bien d’autres. Et récemment par Valentin Vander et 45 musiciens.nes confinés.ées : https://www.youtube.com/watch?v=Z4AbVO9bgj4
*² Avec le temps , écrite et composée en 1969 par Léo Ferré est une des chansons françaises les plus connues et reprises au monde. http://www.avecletemps.org/
*3 Voilà l’été premier succès des Négresses vertes (1988) https://www.youtube.com/watch?v=ds575SaGkwU
Amical72
amical072@gmail.com
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