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Saison 3 | Chapitre 2 | Réservation
Au retour, je note que des silhouettes, toutes masculines, empruntent la résille des sentiers qui, au travers de l’étendue dégagée, vont de la dune au bois et réciproquement. Beaucoup sont en tenue de plage mais certains sont intégralement nus et uniformément bronzés, qui font de nous, encore vêtus, des aliens inconvenants. Je lève un sourcil et le patron m’indique que la plage est naturiste … et l’arrière-pays semble très gay ! Comme sur la dune, des parasols indiquent que certains emplacements, ensoleillés mais abrités du vent, sont occupés en lisière et jusque dans la forêt. Je soupçonne Lecourt de mieux connaitre le lieu qu’il ne le dit, car il se dirige sans hésiter dans ce dédale pour nous ramener à la voiture.
A l’hôtel, quand le patron donne son nom, la réceptionniste consulte son registre, se retourne et s’empare d’une clé puis se ravise et en prend une seconde « plutôt celle-ci » dit-elle en la tendant. Moi je guette la réaction ! Et elle arrive, précédée d’un sourire si charmeur qu’il ne présage rien de bon. D’un ton on ne peut plus cordial : « je vous rassure, madame, j’ai bien, VOLONTAIREMENT, réservé une chambre avec un grand lit, merci » et il tend la main vers la première clé, qu’elle lui remet avec un bafouillage embarrassé. Il l’en remercie cérémonieusement. Et moi, j’enregistre une leçon de vie, bien décidé à ne jamais laisser les convenances prendre le pas sur mes désirs.
Il hausse les sourcils en entrant dans la chambre mais, habitué à un confort fruste, je reste indifférent au décor de pacotille. Je m’assure que le lit est bon en pesant sur le matelas de mon poing, bras tendu et file sous la douche. Le patron assiste au spectacle, rapide, de mon déshabillage mais la salle d’eau est si exiguë qu’elle découragerait le plus chaud des amants de m’y rejoindre. Cependant, quand j’en ressors, le poil hérissé et encore humide, un fauve tapi se jette sur moi pour me bâillonner de ses lèvres. Et sa langue agile, véloce, se noue à la mienne, l’emprisonne, l’emmaillote, la réduit au silence.
Puis ses lèvres, sa langue, entourées du barbelé de sa barbe, descendent en rampant comme une sangsue dans mon cou tandis qu’il m’allonge sur le lit ouvert. Ses mains s’imposent et me désarment, arrachent la serviette, parcourent et déplacent mon corps, le positionnent, en disposent et l’offrent à sa voracité. Humm, je ferme les yeux et me laisse aller, à la merci de sa convoitise, puisqu’il semble déterminé à me dévorer sans me laisser le loisir de répliquer. Mais quelle euphorie de me livrer ainsi à lui en toute confiance, de sentir mon corps d’homme ainsi désiré. Moi, Julien, je ne suis jamais laissé enivrer de trop de compliments flatteurs si trompeurs. Je me sais qu’on me regarde plutôt comme un joli garçon, assurément puisque j’ai vingt ans ! mais bien loin d’un cover boy pour magazine, avec mon côté un peu efflanqué, cette légère dépression sternale ou le vilain bourrelet de cette cicatrice. Pourtant, là, entre ses grosses mains rudes et ses yeux dorés qui me caressent, sa bouche qui tour à tour me lèche et me mordille, je me sens non pas restauré dans une vaine perfection inaccessible mais, plutôt, indifférent à la critique et j’en viens à aimer qu’il souligne mes défauts d’un doigt ou d’un bisou.
Son simple souffle sur moi, dans l’imminence d’un baiser, me couvre de frissons mais il semble bien chercher un contact à sens unique sans rien vouloir de moi, restant vêtu pour refuser que je touche sa peau. En revanche, il me tourne et retourne, se repait de moi, de ses doigts légers, de ses paumes pressantes, de son regard comminatoire, de son menton métallique, de ses lèvres mobiles et de sa langue… Ah, sa langue ! C’est un polyglotte de la caresse ! Un loup garou doté d’ubiquité ! Des veines du poignet à mon flanc, de l’aisselle au nombril, du pli poplité au creux du coude, de ma raie poilue à la voute plantaire, il parcourt toutes mes vallées secrètes à la peau tendre, roule sur mes crêtes, pétrit mes muscles, mordillant la rondeur d’un biceps, étirant le droit de la cuisse, écrasant mes abdominaux, pétrissant mes trapèzes.
Enfin, il saisit ma bite à pleine main, puissamment, comme on assure une prise. Puis il l’engloutit. Ses deux mains écartent brutalement mes genoux et je suis grenouille vaincue, tout entier livré à sa gloutonnerie. Il lèche mon gland puis enfonce son visage, langue sortie, sous mon mat qui se redresse, coulissant sur sa joue râpeuse quand il se perd dans ma broussaille. Ensuite il remonte, ma tige entre ses lèvres, sa langue s’enroulant, soulignant le bourrelet avant d’avaler mon gland. Somptueusement. Une succion électrique, presqu’anesthésiante avant, à nouveau, le velours de sa bouche qui m’accueille, me fête, m’enveloppe. S’il me quitte, me livrant à ses grandes mains qui me branlent fermement, c’est pour me lécher encore, l’aine, les bourses, gober mes couilles une à une et revenir me sucer. Je proteste, me cambre, me protège… en vain, puisque je le veux aussi ! Diable d’homme. Je retiens mon souffle, halète, hoquète. Il n’en a cure, il me veut ! Couché en travers de mon corps, il me branle et me suce tour à tour, me pétrit les boules impitoyablement, ralentit pour me laisser redescendre, une fois, et encore, puis il précipite l’issue, pesant sur moi pour s’opposer à ma cambrure tandis que, dans un petit râle, j’envoie mes panaches de foutre. Il ne me soulage de son poids que lorsque moi-même, je me détends. Il cueille alors une trace de son doigt, m’en tartine la lèvre et m’embrasse. « Un partout, gars Julien »
Puis il se lève et va s’asseoir sur un maigre fauteuil, me laissant, nu, écartelé, épuisé sur le lit. Je soulève la tête dans un effort surhumain pour l’apercevoir avant de retomber à plat dos. Il rit « te souviens-tu de ton arrivée dans ta chambre aux Chênaies, gars Julien ? » Je ronchonne pour la forme, me lève et retourne me rincer puis reviens, le poil humide. Il est resté assis, l’œil qui frise et me fait signe d’approcher, ce que je fais complaisamment, la queue en avant. Il s’en empare prestement et lève ses yeux vers moi « je t’emmène diner, gars Julien » Je ne dis rien mais ma queue, qui s’est spontanément regonflée, parle pour moi. Il ne dit rien, ne desserre pas sa prise non plus. D’un bond, il saute sur ses pieds sans me lâcher, ni des yeux ni de la main. Son pas en avant me repousse d’autant : « gars Julien, tu es le démon de la tentation ! » Je lui concède un pas, le front bas puis, adoptant un air obtus, je relève une main « Stop ! moi, je ne suis qu’un jeune stagiaire dévoué à mon patron. Tu me dis : viens ! et j’arrive, tu me dis : mange et bois ce vin ! je m’exécute. Je te suce la queue et là, tu prends la mienne à poignée : à ton service patron ! » Je bascule mon corps vers l’avant, rapprochant mon front du sien « veux-tu jouer avec maintenant ou après diner, patron ? » Silence. Je lance ma main pour m’assurer que, dans son pantalon, son érection a bien rejoint la mienne en complices et nous restons quelques secondes à presser réciproquement nos barreaux durcis quand nos yeux nous font des promesses.
Et c’est lui qui cède, dans un sourire ! Je suis alors envahi par une euphorie, une vague d’énergie trop puissante pour que ma poitrine la contienne. Je me lance dans une danse du faune irrépressible et plonge en roulade sur le lit pour lui faire toutes sortes de contorsions et de grimaces, sautillant et m’exhibant mais lui échappant toujours, narquois et lubrique, et, au milieu, suçant mon pouce ou mon orteil, me caressant ostensiblement le téton ou le fion, frétillant de la langue ou de la bite à son intention. Jusqu’à ce qu’il me dise « arrête donc » mi- excédé, mi- embarrassé.
En une pirouette, je suis debout tout contre lui, essoufflé, emporté, débordant de vitalité « rassure-toi, gars Lecourt, tu sais bien que si je suis ici, c’est uniquement parce que je le veux bien ! » Je détends et me laisse aller contre lui. « Et si tu savais combien je suis enchanté d’y être ! Plus même, je suis impatient de voir où tu as prévu de m’emmener diner et si jamais ce n’était pas une bonne adresse, ce sera quand même un moment partagé en bonne compagnie. » Je lui pique un bisou et le laisse ainsi pantois, désarmé pour filer m’habiller. En quelques minutes, j’ai retrouvé ma décence et lui sa contenance « je te suis, patron »
Amical72
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