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4 | Culpabilité
Le récit de Julien
J'ai passé la journée au méandre des moines avec Jérôme et ses deux fils, deux garçonnets de sept et cinq ans qui ont enchanté mon dimanche.
Gay, je souhaitais m'assumer comme tel. En conséquence directe, ne pas avoir d'enfant est ma plus grande tristesse mais j'avais refusé catégoriquement de m'engager dans une relation, avec une femme dont je savais qu'elle ne serait jamais mon véritable objet de désir, uniquement pour combler ce besoin pourtant fondamental à mes yeux.
J'en avais trop vu de ces hommes, portant ou dissimulant leur alliance, prêts à toutes les compromissions, jusqu'aux plus sordides bassesses, pour pouvoir enfin assouvir gloutonnement leurs irrépressibles appétits de bites, à genoux, dans l'ombre muette des bosquets ou ailleurs, avant de retourner, penauds et odorants, rejoindre une épouse forcément soupçonneuse.
Et je me l'étais promis : jamais ça ! Du jour où j'ai été capable d'assumer ce que je suis, j'ai décidé de ne plus avoir honte, de rien ! Ni d'être malade, car je me battrai pour guérir. Ni d'ignorer quelque chose puisque je pouvais apprendre, ni de rater un objectif car je pouvais comprendre les causes de cet échec en l'analysant et les corriger pour retenter ma chance.
Ni, surtout, d'être gay.
Désolé, mais j'aime les mecs, les costauds, les poilus ... enfin, j'aime surtout croiser des humanités, avec un coeur, des rêves, une histoire, pour un brin d'existence à partager.
Pour cette soirée en solitaire dans ma maison, j'écoute Les Contes d'Hoffmann. Très fort, pour que la musique envahisse toute ma maison, sans crainte de déranger des voisins que je n'ai pas. J'aime la pétulance de la musique de Jacques Offenbach ; même dans le tragique de la vie, il nous garde le sourire.
Soudain la porte s'ouvre à la volée, je sursaute. Elle se referme aussi vite derrière Jérôme qui s'appuie lourdement du dos au revers, la nuque cassée, comme abattu. Je coupe aussitôt le son et je m'approche. Il relève ses yeux dans les miens. Le feu y éclate et court avec son urgence d'incendie estival de pinède desséchée et hautement inflammable. J'y lis tout ce que la présence de ses enfants cet après-midi nous a interdit, même en pensées. Il croise ses poignets sur son nombril, empoigne son tee-shirt par le bas à deux mains et l'arrache par dessus sa tête comme une libération pour, vif comme l'éclair, lancer son bras droit, s'emparer de ma nuque et me ramener rudement à lui.
Nos lèvres s'écrasent, nos langues s'élancent, s'affrontant d'abord en désordre avant de s'emmêler plus lascivement. Sa main libre s'est précipitée sur ma braguette pour, par sautillements et frémissements successifs, parvenir à dessiner exactement mon braquemart dressé et le mouler. Face à sa brusquerie dans cet élan fiévreux, je me défends de me raidir pour tenter de lui résister, je l'accueille pour, subrepticement, l'amortir, le freiner à mesure et l'envelopper, mes mains le contenant souplement ...
"- Putain, mets-la moi, Julien !"
Il m'entraîne à sa suite, d'un pas décidé jusqu'à la chambre. Il s'asseoit sur le lit, me ramène debout face à lui, me débraguette prestement pour m'engloutir puis me pomper précipitamment ... mais ... mais ...
Ô Le diable d'homme ! Est-ce à mon contact qu'il s'est révélé à lui-même et a appris aussi vite cet art de la pipe qui vrille mes reins, m'impose des soupirs, dérobe mes jambes sous moi, hérisse mon échine ? Je rale, bruyamment sans pouvoir me contenir ... je ...
Mais ce n'est pas celà qu'il veut.
Il a saisi à la base ma bite raide et détrempée de salive et l'agite rapidement devant ses yeux, assorti d'un "bien!" qui marque sa satisfaction devant la rigidité obtenue. Il tend le bras, m'équipe, me lubrifie, saute sur ses pieds et abaisse ses vêtements d'un bloc, s'en débarrasse d'un écart sec du pied. Il se retourne, cul nu, un genou sur le matelas et sa main, par en dessous entre ses cuisses, vient caresser sa raie de ses doigts joints, laissant derrière elle le poil blond collé par le gel. Puis elle remonte et son anus avale son majeur qui le lime énergiquement. Enfin, tournant légèrement la tête pour m'adresser un signe d'invite, sa main luisante se tend pour saisir et guider ma queue, je n'ai qu'à suivre ses indications, avancer le bassin, peser progressivement sur lui ...
Mais il s'impatiente.
- "Putain, Julien, mais baise-moi !"
Je souris car je reconnais là sa réactivité impulsive, son impatience qui devaient faire merveille en reprise de balle sur un terrain. Mais ici ?
Fermement, je réassure la prise de mes mains sur ses hanches et m'alourdis sur lui pour le pénétrer plus franchement, comme il l'attend. Je le sens s'ouvrir laborieusement sous la poussée de mon pieu bandé par le bonheur d'enculer ce beau mec. Il a serré les poings, crispé ses épaules pour m'engloutir plus rapidement ... puisque c'est ce qu'il voulait.
Mais aussitôt je le bouscule et nous tombons sur le lit. Je l'immobilise alors de ma masse, enchevêtrant mes jambes aux siennes, je lui laisse le temps d'encaisser, de retrouver une respiration profonde et, lentement, je cambre mon rein, remonte mes fesses, amorce un retrait ... puis je me laisse à nouveau peser et je sens cette fois son conduit velouté s'ajuster plus étroitement, dans un coulissement souple et élastique. Un murmure sourd lui échappe.
Je souris.
Allongés sur le côté, mes bras entourent solidement son torse pour retenir son dos collé à moi alors que nos bassins ondulent voluptueusement s'éloignant pour mieux se rapprocher dans un pas de deux complice et attentif qui nous emporte. J'aperçois son profil, yeux fermés, sourcils froncés sous la concentration, bouche entrouverte et ce geignement, dans le grave de la poitrine, je l'entends maintenant comme une application dans sa recherche du plaisir.
Je souris encore : le petit taureau s'abandonne ! Sa main vient vers l'arrière se cramponner à ma hanche pour moduler le rythme de mes coups de rein et nous accorder plus finement.
Alors je musarde, essayant d'étirer ce moment, de nous garder dans ce mouvement souple et suspendu, les nerfs tendus, les souffles courts. Mes mains batifolent, effleurent son téton qui pointe, éraflent sa peau qui s'horripile ça et là ou le pétrissent comme on modèle une terre à sculpter. Je le retiens, pour l'affamer puis je l'empale pour le voir rejaillir, renouant avec son tonus spontané, sa célérité d'impatient.
Mais je le vois surtout se cajoler, se caresser, frissonner, rechercher l'angle qui le fera suffoquer. Sa soudaine fringale est contagieuse, rien ne me fait plus d'effet que le plaisir de l'autre, cet instant où il s'expose, vagissant comme un enfantelet repu de lait. Il a sursauté mais je l'ai déjà rejoint dans son étourdissement. Nos mains se sont crispées de concert, nos reins se sont simultanément détendus comme des ressorts et nous restons figés un instant dans ces spasmes qui se répondent en écho.
Je retombe sur le dos et lui de même, à mes côtés. Nos regards restent fixés au plafond.
- "Quand je lui ai ramené les enfants, Béné m'a regardé dans les yeux quelques secondes mais assez longtemps pour que j'y lise son désarroi, son incompréhension face à quelqu'un dont elle a découvert qu'elle ne le connaissait pas, sa douleur, ses reproches, son amertume de femme trahie ... Je me sens tellement responsable de ce terrible gachis, j'ai voulu vérifier que je ne me suis pas trompé, que je suis bien sur la bonne voie, celle qui me mène jusqu'à moi aujourd'hui."
Ma main a saisi sa queue débandée et poisseuse dans sa fourrure collante pour la serrer convulsivement comme un doudou, dans un geste que je voudrais affectueusement solidaire.
Je ne réponds rien, lui seul sait.
Amical72
amical072@gmail.com
*"Belle nuit, ô nuit d'amour / Souris à nos ivresses / Nuit plus douce que le jour / Ô belle nuit d'amour"... composée par Jacques Offenbach pour Les Contes d'Hoffman, voici la célèbre barcarolle
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