Premier épisode | Épisode précédent
3 | Grand Hôtel – Le récit de Joris
Le Grand Hôtel est un établissement emblématique de la ville, une institution impressionnante pour moi qui n’ai pas grandi dans ce monde où règne l’aisance financière. Sa haute façade des années trente, ornée de frises de briques vernissée, son perron auquel on accède par cinq larges marches de granit, couronné d’une marquise aux souples volutes de fer forgé m’en imposent et je suis pas à pas mon guide, redoutant par dessus tout d’être démasqué, par une maladresse due à mon ignorance absolue des usages qui y ont cours, en intrus incongru dans ce lieu où tout me semble précieux.
Il m’ouvre une porte à l’étage et nous voilà dans un hall étroit.
- « Déshabille-toi comme tout à l’heure. »
Sa voix, grave, reste aimable, sa prunelle frise de malice, il m’observe et ses mains me parcourent comme pour une vérification, un inventaire accompagnant mon rapide effeuillage. Il en semble satisfait et me pressant d’avancer d’une main dans le dos, il ouvre une porte.
Dans la lumière douce des chevets, un homme en peignoir blanc saute prestement à bas du vaste lit où il était étendu et approche en me fixant d’un œil dur. Il est plus grand, plus jeune, plus mince que le barbu et replace mécaniquement ses cheveux châtains mi-longs derrière ses oreilles. Il m’examine des pieds à la tête puis il sourit à mon mentor derrière moi pendant que, de la main, il me guide et m’invite à grimper sur le lit. Il m’y dispose à quatre pattes puis revient se placer dans le dos du barbu, resté au pied du lit qu’il aide à se déshabiller.
Un ours !
Un poil court, dense, frisé, sombre recouvre son ventre, son torse et ses tétons, aux aréoles sombres également, chacun lesté d’un lourd anneau. Tandis que, par derrière, le plus jeune déboucle sa ceinture, il tend le bras vers moi et d’une main sur ma nuque attire mon visage à lui. Je l’enfouis avec délectation dans cet imbroglio pileux que j’entends crépiter quand je m’y presse pour le humer, m’en brosser à petits coups rapides, ma langue le transperce jusqu’à la peau.
Les deux mains de son complice abaissent devant mon nez son caleçon de soie et le membre court et trapu jaillit. Un lourd anneau du même acier s’enfonce dans le méat et ressort par le frein. Je suis estomaqué de voir de si près ce qui est pour moi, à la fois un fantasme absolu et une interrogation inquiète. Mais, guidé par ses deux mains, j’approche mes lèvres et aspire avec précaution le gland percé. Le poids et le goût du métal qui réagit à l’acidité salivaire, la douceur de la muqueuse et la salinité de ses sécrétions visqueuses se conjuguent dans un étrange et fascinant mélange que je m’enhardis à sucer, téter, aspirer de plus en plus résolument.
Son compagnon m’a rejoint sur le lit ; un chiffonnement suivi du bruit sourd d’une chute m’indiquent qu’il se débarrasse de sa robe de chambre. Par des pressions sur ma nuque, il m’invite à accueillir la queue de son partenaire avec chaque fois plus d’audace puis revient caresser ma croupe de ses deux mains, faisant coulisser lentement sa queue bandée dans ma raie.
Puis, dans un mouvement si rapide qu’il ne m’a pas été loisible de m’en défendre, une main maintenant fermement ma taille et l’autre pointant son dard, il m’embroche d’un seul coup, puissant, définitif. Surpris, j’ai crié.
Uniquement de surprise.
Ses deux mains retiennent ma taille et me coincent entre ses deux cuisses en ciseaux, son barreau brûlant solidement fiché en moi. Le barbu ramène calmement mon visage face à sa queue et, ayant déjà le cul gavé, j’aspire lentement son membre pour achever de me combler, levant vers lui des yeux pleins de reconnaissance.
Il rit.
- « Que penses-tu de ce frais gibier si bien disposé ? »
En guise de réponse, j’ai senti l’amorce d’un prudent coulissement et je ferme les yeux pour ne rien perdre de ces deux queues qui me remplissent en accordant leurs aller-venues. Lorsque les deux me complètent, je serre mon sphincter sur l’une pour la retenir tandis qu’à deux mains, je retiens le bassin jusqu’à m’étouffer avec l’autre. Rempli !
Leurs souffles, leurs murmures, leurs onomatopées sont autant d’encouragements qui me stimulent. Et je m’efforce d’être encore plus ouvert, profond, gourmand, rêvant que les deux, se rejoignant, me transpercent de part en part avant de me noyer dans le déferlement en cascade de leurs foutres épais.
Mon cavalier me lime de plus en plus rudement et, le souffle court, je dois renoncer à sucer le barbu qui me regarde suffoquer avec un sourire carnassier. Ses doigts viennent pincer et étirer tantôt un de mes mamelons, tantôt l’autre, tandis que les coups de reins se précipitent sans répit. Transporté, je geins à gorge déployée à l’unisson des ahanements rauques de mon enculeur.
Je roule ma tête en tous sens sur le matelas, cherchant l’air, également assourdi, les pupilles aveuglées par un éblouissement soudain, la croupe soulevée par un ressac qui me projette.
Je me suis écrasé, le nez dans la couette.
Après avoir un peu récupéré, je me redresse pour découvrir le combat dantesque que se livrent David et Goliath : le chauve, cambré, le torse barré d’un bras clair terminé par deux doigts en pince sur l’anneau qui étire son mamelon, la tête rejetée en arrière, la bouche béante mais les yeux clos, écartant ses fesses à deux mains, recule avec détermination sur l’épieu du plus jeune qui l’encourage à voix basse. Sa bite percée repose, demi-molle et suintante, sur le matelas et j’avance les doigts pour l’effleurer d’abord, osant bientôt la caresser franchement.
Vaincu, il a basculé vers l’avant, en appui sur ses bras tendus et je vois les anneaux de ses tétons se balancer au-dessus de moi, au rythme des vigoureux coups de reins que lui impose son partenaire tandis que, dans ma main, sa bite reprend vie. Je la lèche, m’évertue à la sucer mais l’ordre claque.
- « Branle-toi. »
Sa main empoigne son chibre juste devant mes yeux de témoin aux premières loges et je la contemple, fasciné, remonter le prépuce sur le robuste anneau qui ballotte latéralement quand elle redescend et le libère.. Il se branle, en léger contretemps des coups de rein qui l’envoient vers l’avant. Ça grogne, ça geint, ça éructe et réclame tour à tour, dans un rapport viril qui serre ma gorge, me fait moi aussi palpiter d’impatience, grimper en tension au fur à mesure que le tempo se dérègle, les soupirs s’éraillent, les gémissements s’alanguissent.
Un bref flux a jailli, retombant dans mes cheveux et j’ai bondi pour sucer le jus blanchâtre qui, à la suite, suinte du méat autour de l’anneau de métal mais je suis chassé quand le poilu est brutalement cassé vers l’avant par une bourrade et se fait rudement ramoner quelques secondes jusqu’au râle final. Il jette alors ses épaules vers l’arrière pour galocher goulûment son mec et moi, je me précipite sur cette opportunité de le sucer à nouveau comme une sangsue, mon nez s’emplissant de ses effluves fauves, mes mains partant effrontément en exploration, mes doigts enveloppant ses couilles et se risquant …
La place est déjà investie et je bats précipitamment en retraite.
Mais j’ai été pris sur le fait et, dans un rire gras mais complice, trois mains libres s’emparent de ma tête pour m’offrir à sucer le membre qui nous a tous deux honorés. Tandis que je m’applique, fort de ma toute récente science, à donner satisfaction à cette tige encore bien charnue, je suis retourné sur le dos. Des murmures approbateurs confirment que mon jock est trempé de mes propres productions.
- « Renvoie-le maintenant, j’aimerais qu’on reste tout les deux, toi et moi. »
Le barbu m’a raccompagné dans le petit vestibule où j’ai pu me rhabiller sous son regard pétillant. Cependant une chose encore me taraude, une chose qui, soudain, me serre la gorge au souvenir des affres récemment traversées. Alors j’ose demander.
- « N’aies pas d’inquiétude, nous sommes tous deux sous Prep. Bon, tu trouveras facilement la sortie. Salut. »
Tout en me mettant fermement à la porte d’une main entre les épaules, il a glissé l’autre dans ma poche. Une fois dehors, en relevant les yeux vers la façade pour tenter de repérer la chambre de nos galipettes, j’y découvre quelques billets froissés.
Je n’avais rien demandé, pas même imaginé que … Ce malentendu me déconcerte d’abord, me contrarie ensuite, mais pour QUI me prend-il ? Avant que je l’envisage sous l’angle d’une méprise, probablement liée à des usages ayant cours au Capharnaüm.
Puis soudain, je souris, intimement convaincu de pouvoir regarder ça comme une manifestation maladroite mais conforme aux usages, un « cadeau » en remerciement d’une prestation apparemment appréciée qui constitue donc l’attestation irréfutable que j’ai désormais fait mes preuves. Renforcé par ce que je tiens à la fois pour un quiproquo et pour une reconnaissance, je décide de retourner à la boite.
J’ai en effet encore quelque chose à y faire ; une revanche, soudain gonflée d’importance.
Amical72
amical072@gmail.com
* « Quand je vais chez la fleuriste / je n’achèt’ que des lilas / si ma chanson chante triste / c’est que l’amour n’est plus là » Georges chante son amour pour « les lilas »
Autres histoires de l'auteur :