Premier épisode
2 | Un fruit mûr à point – Le récit de Julien.
David galoche goulûment Damien en ronflant mais je sens son bras s’insinuer dans son dos, entre lui et moi. Je me prête à son exploration avec complaisance et ses longs doigts viennent palper ma braguette comme pour évaluer ce qu’elle lui propose. Ils cernent et détaillent avec dextérité au travers des étoffes ce dont je me promets de lui faire découvrir, plus que les dimensions, somme toute ordinaires, le maniement et les multiples usages qui sont, eux, éprouvés.
Mais Damien le saisit par la mandibule dans sa main en pince et le détache de ses lèvres sans l’éloigner de plus de quelques centimètres, des fils de salive scintillants relient la brosse drue de la moustache brune et aux mèches plus claires et souples du juvénile dont je vois les lèvres s’avancer pour tenter de happer la langue frétillante que darde l’aîné aux yeux brillants.
- « Alors, David, qu’est-ce que je t’avais dit ? »
- « Merci, m’sieur Damien ! »
Et le jeune homme reconnaissant se jette comme un affamé sur la bouche d’un Damien qui se laisse envahir, débordé par cet enthousiasme réjouissant alors que dans le même temps, la main à la traîne tente de se refermer sur ma queue pour l’entraîner dans son élan, les ongles griffant un tissu malheureusement trop épais pour qu’elle puisse s’en saisir.
D’un coup, David se retourne, le buste penché vers l’avant et toujours une main en arrière. Sous la barre de ses sourcils, ses yeux clairs sont braqués sur moi comme ceux d’un joueur de pétanque qui se concentre sur sa cible avant de s’élancer. Aussitôt, j’écarte et lève les mains pour signifier ma reddition inconditionnelle.
Mais au rire silencieux qui soulève Damien, je comprends que la main ne s’est attardée que pour s’arrimer solidement à la corne qui dépasse des pans du peignoir ouvert et j’en déduis que le gourmand compte bien ne céder en rien mais effectivement se régaler de nous deux. D’ailleurs son sourire qui s’élargit me le confirme. Avec ses yeux qui pétillent de vivacité, ses cheveux et sa barbe bouclés qui lui composent une auréole châtaine, je le découvre en joli jeune homme vivant et très appétissant, ma foi. J’en ai des fourmillements dans les mains.
D’une brusque cambrure du rein, Damien l’envoie vers l’avant ; il se raccroche à ma ceinture, me lance un bref coup d’œil et, sans plus attendre d’approbation, entreprend de la déboucler. Il fait sauter le bouton de la ceinture de mon pantalon puis, d’un index dressé vers le haut, explore ma braguette pour en saisir la glissière.
Sous le rabat, il découvre, surpris, des boutons et chaque fois qu’il en fait sauter un, ses yeux s’allument comme pour célébrer une victoire. Tandis que mon pantalon s’écroule, il glisse ses deux mains bien à plat sous mon polo, elles amorcent une remontée. Je le mets en garde.
- « Je suis moins poilu que Damien. »
Il persévère et ses doigts sont comme de délicates pattes d’insectes qui s’aventurent sur mon ventre puis plus haut. Il relève ses yeux rieurs vers les miens.
« Mais plus que Sébastien ! »
Tiens ! Je l’avais oublié celui-là !
David a subitement relevé ses bras, retroussant le polo pour aussitôt enfouir son visage dans mes prairies en achevant d’extraire mes bras, puis ma tête du vêtement. Il se frotte, me bisouille, me léchouille, se tournant, retournant, pendant que ses mains se réunissent sur mes parties encore enfouies dans un slip dont elles semblent impatiente de s’échapper.
Damien caresse puissamment son dos sous son tee-shirt gris quand, d’un geste vif et précis, David entoure ma taille de ses deux bras, glisse ses mains sous le large élastique dans mes reins. Elles reviennent prestement vers l’avant en l’étirant, libérant ma hampe qui jaillit et qu’aussitôt, il engloutit.
Je me suis dressé sur mes orteils dans un gémissement extatique, ma soudaine cambrure qui envoie ma queue brûlante vers l’avant ne rencontre nul obstacle sinon un fourreau humide et chaud, qui frémit et presse, éblouissant de douceur. Quand mes talons retrouvent le sol, ma main accompagnant les oscillations étourdissantes de la tête sur laquelle elle s’est posée, mes doigts s’emmêlant dans les boucles de ses cheveux souples, Damien vient m’embrasser et les savantes voltes de sa langue qui renverse la mienne en tous sens achèvent de m’abasourdir.
Magistralement embrassé et sucé en même temps, je suis parmi les plus heureux des hommes lorsque, haletant, David interrompt sa pipe. Il pose son visage de profil sur ma hanche, le tapotant au hasard de ma queue luisante de salive qu’il tente de lécher au passage.
- « Putain, j’aime trop les bites ! »
Sans doute veut-il nous exciter par ses mots crus, d’une vulgarité quelconque … mais sur moi, elle produit l’inverse de l’effet escompté, me sidérant de sa vacuité qui nous résume à des queues. Je déglutis de dépit quand Damien vient me chantonner à l’oreille :
- « Car pour l’amour, on ne demande pas ... »
… Aux filles d’avoir inventé la poudre »
Je connais les incontournables de Brassens, heureusement qu’il est là et merci à toi, Damien !
Il rit en m’adressant un clin d’œil tandis qu’à genoux entre nous, un cierge brandi dans chaque main, l’habile jeune homme entreprend de les astiquer avec vénération, en alternance avec l’exposition des arguments, plutôt convaincants, de sa science de la fellation, changeant d’objet dés lors qu’il parvient à suffoquer l’un d’entre nous et soudant ainsi notre fraternité de suppliciés.
Chaque fois qu’il me dévore, je sens une cascade d’eau fraîche dévaler mes reins et mes jambes flageolent. Je me vois à deux doigts de défaillir quand, dans un grand élan de secourisme, Damien se penche vers notre bienfaiteur, le soulève d’une main sous le bras, dépose un baiser fugace sur ses lèvres, amenant sur son visage un large sourire qui l’éclaire de reconnaissance. Attentif, il corrige même du doigt le désordre de sa moustache détrempée.
- « Ne précipitons pas les choses ! Revenons à cet excellent breuvage. »
Il tend son verre d’Alsace à David puis, quand je me redresse après avoir libéré mes chevilles de mes vêtements qui l’entravent encore, il me tend le mien qu’il s’empresse d’entrechoquer avec le sien. Il m’adresse un clin d’œil complice :
- « J’espère que tu n’as pas froid ! »
- « Je peux te réchauffer. »
Mais devant le froncement conjugué des paires de sourcils des deux barbons réprouvant sa seconde proposition à nos yeux aussi grossière que par trop directe, David le novice bafouille et bat en retraite. Il choisit de lever son verre pour trinquer avec nous. Chacun de nous mord alors avec appétit dans un toast - je dois concéder que la terrine du boucher est excellente, et savoure le vin blanc à petites lampées.
Amical72
amical072@gmail.com
Mais d’où vient la braguette ?
"Elle n’avait pas de tête, elle n’avait pas / l’esprit beaucoup plus grand qu’un dé à coudre / mais pour l’amour, on ne demande pas / aux (filles) d’avoir inventé la poudre »
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