Premier épisode | Épisode précédent
Cyrillo :
Les yeux levés au ciel, Alexandre te réponds :
– Tu en auras l’occasion Romain… Sans nul doute… ou tu pourrais te servir de ton pull en guise de voile, maitrisant les masses d’air ascendantes… je m’émerveillerai de te voir disparaitre dans les cieux, la raie de tes fesses en dernier sourire. Je serais triste, mais soulagé de te voir fuir ce château hanté.
– Oui, mais là soudainement je pense à Icare… Si tu veux une sortie, moins divine certes, je peux glisser sur la rampe jusqu’au parking !
– C’est l’intention qui compte, dit Alexandre en retournant dans ces appartements.
Je n’ai rien loupé de cet échange de poètes, énigmatique pour une autruche, pas pour moi…
Je te vois écraser ta clope et avant que tu ne te retournes, je suis déjà dans la salle de bain.
Ok google, allume toutes les lumières des bains, mets-moi les actualités.
Pendant le bulletin météo, je me regarde dans le miroir et je fais le point sur la mienne à haute voix.
Je commence par me sourire en disant que j’ai bien fait de ne pas mettre son rang d’amant, car si sucer ne compte pas selon lui, j’ai réduit mon cheptel de 75 % !
Bon… ça laisse encore trop de zéro pour qu’il arrête son égo-tripe.
Je continue à parler au miroir pendant l’horoscope.
Donc… me voilà avec un type pseudo hétéro, à priori fidèle, engagé, quand moi j’ai toujours refusé une relation avec un « hétérosexuel », même pas pour m’enorgueillir d’avoir retourner une veste.
Pitié ! Qu’il ne me dise pas qu’il est gay que par amour… forcément je pense à la matraque et pinces à seins. Là, je fais des grimaces à la Valérie Lemercier dans la glace.
« Pas trop pas trop »
Est-ce qu’il est en train de me proposer une relation engagée dans la fidélité ?
Bah tiens oui ! bonne idée ! Je vais faire ça ! Ce truc mensonger, et quand tu t’en es bien persuadé, c’est là qu’il t’annonce qu’il a réussi aux examens de la syphilis avec un très haut score !
Je vais faire rire dans les diners en reine des neiges !
En parlant de maladie… Ça parle encore du Coronavirus…
Quoi ? Macron a décrété un confinement demain ? C’est quoi ? Le truc des Italiens ?
Je me quitte sans salutation du miroir et surgis dans le salon où tu feuillètes un album de photos personnelles.
– T’es au courant ?
– De ?
– On doit être confiné à partir de demain !
À toi de bondir, et c’est aussi sur la télécommande de la télé.
– Si si… Restez chez vous…
– Mais la nuit aussi ? Que je te questionne connement.
– Évidemment
– Jusqu’à ?
– Écoute…
Et là, pirouette à la Cyril, je m’entends dire : « Bah c’est cool, on va pouvoir faire connaissance ! »
Tu tournes la tête et me regardes comme si je t’avais proposé de rester ici jusqu’à Mathusalem !
Et c’est bien ce que je viens de faire !
Moi même je ne dis plus rien. Il y a cinq minutes dans la salle de bain, j’allais m’organiser pour te foutre dehors. Je ne suis pas à un paradoxe près.
Nous bégayons à l’unisson, mais toi tu parviens à sortir une courte phrase audible :
– T’es fou toi ! Tu n’me connais pas…
– Bah justement ! Regarde, Mère Nature et Jupiter t’ont exhaussé !
– Non pas vraiment, grognes-tu.
– Mais si ! Je serai à toi et pour toi tout seul, enfermé et interdit de vagabondage ! N’est-ce pas merveilleux ?
– Et je dois remercier qui ? Macron ou ton désir ? Voir ta peur de te retrouver tout seul ? Tu serais bien tenté de refaire tes minauderies à Parrain !
Je ne relève pas ta remarque de parfait enculé, mais je prends plutôt un air rassurant.
– Sans rire Romain, c’est un bon test, une belle aventure !
C’est plus vendeur avec aventure me dis-je, mais tu fais une gueule de renfrogné. Alors je change de rôle et fais l’enfant, le gamin vicieux, mais d’apparence coquin, en m’approchant de toi et suppliant.
– Allez… S’il te plait...
Ton « Mais où ? » me fait crier un « Yes » de victoire et je propose ici comme une évidence, je ne sais même pas où tu résides d’ailleurs !
Là tu m’expliques que c’est bien joli ici, mais que ça ressemble plutôt à un casino ou mieux, un bordel néo-bourgeois !
– Sans client ça risque de faire un peu fin de saison à Deauville ! Toutes ces chaises à l’envers...
Je m’en fous, je n’écoute pas, je suis joyeux.
Tu t’en rends compte, tu me dis que tu as besoin de ton matériel de sport, de tes outils, de tes affaires quoi !
Je te demande où tu habites en ayant d’emblée décidé que je ne bougerai pas d’ici.
Cette idée de vivre en petite couronne confirme mon premier choix.
J’ai une lumière et te propose les services d’amis déménageurs. J’évite soigneusement de te dire que tu les connais déjà, puisqu’il s’agit des deux balaises que tu voulais cogner.
Je te fais remarquer que Paris, au centre, c’est proche de tout. Les grands hôpitaux, les services de livraison à domicile, et même de tes clients si tu dois aller sur les chantiers.
J’aborde même l’aspect économique de partager les ressources dans cette période de chômage.
Un peu snob tu as le regard méprisant, mais je fais sous-entendre que ton apport serait la bienvenue pour moi, j’en appelle habilement à ta générosité, à ton empathie.
La fin justifie les moyens.
Tu sembles vouloir réfléchir encore et encore, et je mets un peu de pression en rappelant que demain il sera trop tard.
Je prends mon téléphone et demande à Siri d’appeler Fred.
En fonction de ce que j’ai à dire, je m’éloigne ou me rapproche de ta capacité à entendre notre conversation.
Je reviens soulagé et fier de te dire qu’un Trafic nous attend en bas dans une heure trente.
Toujours sur le canapé, Je m’assois à cheval sur toi, frotte mon cul contre ta braguette et te demande si tu crois qu’on arriva à tout rentrer dedans…
Romain :
Le froid m’a donné envie de pisser. Quand je me dirige vers les toilettes, je passe devant la porte de la salle de bain qui est entrouverte. Cyril doit être sous la douche parce que j’entends l’eau couler et mon violeur chantonner. Il a l’air très content de lui. J’irai bien le rejoindre pour le savonner mais là, pour le coup, j’ai les accus à plat… je suis raplapla.
Sur la table basse du salon il y a un album de photos. La discrétion voudrait que je n’y touche pas mais après tout, un mec qui s’enfile sur mon zob avec autant de désinvolture ne doit pas avoir grand-chose à me cacher. Il est mignon tout plein le Cyril dans son aube de première communion. Avec son petit air satanique on lui donnerait le diable sans confession. Tiens ! V’là Tonton Alexandre, jeune, moins jeune, plus vieux. Toujours avec son petit Cyrillou collé contre lui. Il était canon le tonton !!! Je me marre en regardant les photos qui s’avancent dans le temps. Bientôt, le « bourreau » et la « victime » sont de la même taille. Le Cyril est devenu un grand balaise avec un gros paquet dans le slibard. Il n’a pas le physique d’une victime le Cyrillo. Mais bon, je vais continuer de croire ce qu’il m’a raconté… entre deux sanglots.
Tiens, v’là que tu rappliques, enroulé dans un peignoir que n’as certainement pas dû acheter chez Lidl. Tu t’écroules contre moi et tu allumes la télé avec la télécommande. C’est Macron qui parle. On écoute. « La France est en guerre », ça commence mal…
Ai-je bien entendu ? Il va falloir rester calfeutré chez soi pendant 15 jours ? Ça n’a pas l’air de t’émouvoir plus que ça et tu me regardes avec les yeux d’un gros chat qui vient de débusquer une souris.
- Reste avec moi pendant ces 15 jours. Que tu me proposes en te couchant sur mes cuisses.
- Mais… tu me connais même pas ? Que je rétorque abasourdi.
Mais tu insistes en me faisant des papouilles de partout. Vachard, je te dis que s’il fallait que tu te loges tous tes mecs ; il te faudrait une caserne. Tu ne relèves pas ma vacherie et tu te lances dans toutes sortes d’explications pour me convaincre. Tu sais être persuasif et bien que je grogne, je dois admettre que je risque bien de me faire chier grave, tout seul dans mon trois-pièces de banlieue.
- Mouais, que je ronchonne, mais il me faut mes affaires et mes appareils de gym. Sans ça, ce n’est pas possible.
Pas la peine de le dire deux fois que déjà tu téléphones. À qui, je ne sais pas ?
- Voilà ! Dans 1h30 j’ai deux copains qui vont venir avec un Trafic. Comme ça nous pourrons déménager les affaires dont tu as besoin. Tu as le temps de prendre une douche. Je t’ai mis une grande serviette de bain. M’annonces-tu avec un je-ne-sais-quoi de triomphe dans la voix.
La camionnette se pointe bien, plus tôt que prévu, et un coup de klaxon impérieux nous demande de descendre dans la rue. Je coince à mort quand je m’aperçois que les deux mecs à bord du véhicule ne sont autres que les cadors de ce matin. Je te coulisse un regard venimeux mais tu conserves un air parfaitement innocent. Tu m’as coincé une fois encore, enfoiré de toi !
Les présentations sont vite faites. Fred, c’est le brun tatoué jusqu’aux maxillaires et Raoul, c’est le blond à la tête de con. Les deux bœufs me lèchent des yeux, encore pire que ce matin. Raoul descend du Renault Trafic pour faire coulisser la portière arrière du fourgon. Il dit :
- Cyril, il n’y a que trois places dans la cabine, alors, ce serait mieux que tu montes à l’arrière pour que Rom nous montre le chemin. Le GPS nous a largués il y a une semaine. On t’a mis une petite banquette pour que tu sois confortable. OK ?
Mgr Cyrillo n’avait certainement pas prévu de se voir relégué à l’arrière comme un vulgaire guéridon. Tu tiques mais tu grimpes dans le fourgon sans piper mot pour t’asseoir sur une banquette en peluche complètement défoncée. Grandeur et décadence, il ne s’agit pas du divan haut de gamme de ton appart’ de bourge. Je t’octroie un petit sourire d’encouragement tandis que le blond referme la portière. Fred, au volant, m’indique de m’asseoir près de lui c’est-à-dire au milieu. Nous voilà partis direction Puteaux.
- Alors comme ça, t’es un enfant de Puteaux ! Me balance le Raoul avec beaucoup d’esprit.
Je ne réponds pas mais je hausse légèrement les épaules. Le conducteur me regarde parfois à la dérobée. Il n’est pas vilain, le Fred, avec sa mâchoire énergique et son petit nez cassé. Son T-shirt moulant laisse deviner une belle musculature sèche. Ses bras sont recouverts de tatouages japonais, ma foi assez jolis.
On n’a pas roulé 1 km que le blond m’empoigne le paquet à pleine main. Je ne suis pas surpris parce que je m’y attendais mais je décide de rester cool. Je n’aime pas ces deux mecs mais après tout, ils me rendent service et tout service mérite salaire. Tant que ça ne va pas plus loin, je m’en fous qu’ils me pelotent. Ce sera aussi ma manière de prendre une petite revanche sur Cyrillo qui m’a collé dans ce traquenard.
- Te prends pas la tête, mec. Cyrillo m’a séché les couilles à mort. Je ne peux plus fournir pour le moment. Que je le préviens honnêtement.
- Pas grave, je vais me contenter, pour le moment, de tâter ta belle bidoche. Me rétorque-t-il en zippant mon blouson.
La circulation est fluide et il ne faudra pas bien longtemps pour arriver chez moi. Pendant que le blond me dépoitraille, j’indique le chemin le plus court au conducteur. Une grosse main se glisse dans mon jean pour me choper les testicules tandis qu’une autre s’amuse à me pincer les tétons. Chemise grande ouverte, je me laisse triturer par Raoul qui a l’air de se régaler. Tout en restant attentif à la conduite, Fred ne veut rien perdre du spectacle. De sa main droite, il me saisit la cuisse pour en apprécier la dureté.
- Tu as de beaux abdos, mec. Me dit-il d’une voix rauque. Ça me donne envie de cogner dedans.
- Faut pas te gêner, s’il n’y a que ça pour te faire plaisir. Que je rétorque.
Il me balance alors un violent coup de coude dans le plexus, que j’encaisse sans broncher. Il pousse un petit sifflement appréciateur en tournant la tête vers moi. Il a un sourire cannibale surmonté d’un regard de prédateur.
- Tu prendras le volant pour le retour, Raoul. Moi aussi, je veux m’occuper un peu de Rom. Annonce le brun à son coéquipier qui est en train de me bouffer les seins à pleines dents.
Quand, arrivés au pied de mon immeuble, nous descendons du fourgon, je ne fais aucun effort pour me réajuster et c’est complètement débraillé, chemise et braguette ouvertes que Cyrillo me redécouvre. Visage impassible, il fixe mes pectoraux luisants de bave. La bouche en cul-de-poule, je lui demande aimablement s’il a fait un bon voyage sur sa banquette. Je trouve son sourire un peu figé.
Sans être rupin, mon quartier est tranquille et mon appart’ spacieux et lumineux. Je dispose de deux chambres. Dans l’une, j’ai installé mes appareils de gym et mon ordinateur. J’offre une bière à mes trois compagnons et je commence à rassembler mes affaires que je tasse dans deux grands sacs de toile. Pour la gym, je me contente de mon banc de musculation, de quelques haltères légers et de mon vélo d’appartement.
Je n’oublie pas mon ordi portable, ma liseuse et mon baladeur.
Pendant que Fred et Raoul descendent le banc et le vélo, tu navigues dans mon appart’. Tu sembles un peu surpris de découvrir des tableaux et des objets qui tiennent la route. Me prenais-tu pour un béotien ? Tu t’attardes longuement devant la photo de ma femme ; belle et souriante au volant de notre cabriolet blanc. Tu fais de même devant la photo de mon mec, blond, bronzé et athlétique qui me tient par le cou en riant.
Tu n’es pas très bavard et je m’en accommode parce qu’il faut que je fasse attention à ne rien oublier. J’aime mon confort.
- Si ça ne te fait rien, Romain, pour le retour, j’aimerais bien passer devant. Je suis un peu claustrophobe et voyager dans cette caisse, dans le noir, m’angoisse. Ça ne te gêne pas ? Me demandes-tu, le visage tourné vers la fenêtre.
- Pas du tout. Que je rétorque. Au fait, tu as remarqué que tes deux copains m’ont rebaptisé Rom. Marrant non cette manie des diminutifs ?
- Mouais, on peut dire ça comme ça. Que tu grommelles.
Quand chargés comme des baudets nous débarquons sur le palier et que je referme la porte. Ma voisine, Madame Germaine Plandur est devant sa porte. Sèche comme un coup de trique, poils au menton et bigoudis serrés, elle m’apostrophe :
- Alors comme ça, vous m’abandonnez Monsieur Romain ? Ça va me manquer de ne pas vous faire votre cuisine. Vous me téléphonerez j’espère bien ?
Je suis un peu embêté parce que Germaine me materne depuis des années sans faillir à sa tâche. Avec elle, je suis tranquille. Personne, à part peut-être, le Cerbère, ne veillera mieux sur mon appartement. Alors je bafouille lamentablement :
- Pardonnez-moi Germaine, mais pour des raisons professionnelles, je suis obligé de m’installer provisoirement à Paris.
- Alors, si c’est pour le travail, je ne dis rien. M’absout ma vigilante voisine.
Honteux, je rejoins les trois compères qui m’attendent sur le trottoir. Cyril et Fred sont en grande discussion.
- Je veux monter devant ! Tempête Cyrillo.
- Et bien puisque c’est comme ça, je monterais derrière avec Rom ! Répond Fred sur un ton péremptoire.
Il y a de l’eau dans le gaz, mais moi… je reste neutre. Quand le Trafic démarre, je suis assis sur mon banc de musculation, au milieu de la cargaison et Fred est carré dans la vieille banquette. J’imagine que Cyril fulmine à côté de Raoul qui conduit maintenant. Je me marre jusqu’au moment où je croise le regard du grand tatoué qui me tient compagnie. Il doit avoir des projets pour moi.
Je suis harassé mais étrangement, le regard du loubard m’excite. Ça me fait comme de l’électricité dans le ventre. Sous la lumière glauque des petits plafonniers, le visage de mon compagnon se creuse d’ombres énergiques. Il ne lui faut pas longtemps pour me rejoindre sur le banc. Pas longtemps non plus pour me mettre torse nu. J’ai décidé de connaître mes limites.
Il commence par me mordiller les oreilles. Puis il me bouffe les pecs comme un cannibale. Je lui demande de se mettre torse nu à son tour. Il s’exécute pour m’exhiber une musculature de lutteur. Comme une élégante cuirasse, ses tatouages enveloppent ses épaules et ses bras. Des carpes Koi nagent sur ses flancs et un grand dragon rugit sur son dos en V. Les rôles sont distribués, je serai sa chose.
En me saisissant par les oreilles, il m’oblige à accepter son baiser. C’est une énorme pelle qu’il me roule dans le palais. Je sens que sa langue m’offre une pastille… que j’avale. Jouons le jeu à fond.
Pour essayer de me ramollir, il me plante une douzaine de méchants coups de poing dans les abdos mais je suis solide. Il déboucle ma ceinture et fait jaillir ma queue. Ô miracle, je bande !!! Et pas qu’un peu !!! Je ne sais pas quelle saloperie il m’a fait avaler mais en tout cas, c’est efficace.
Fred me suce et m’aspire comme un virtuose mais je sais que c’est mon cul qu’il veut. Ce n’est pas mon credo mais je lui dois bien ça. Je me laisse faire alors que je suis de taille à lui casser la gueule. Il le sait certainement et ça l’excite encore davantage. Déculotté, il me met à plat ventre sur le banc de musculation et m’enfile comme un gant. Il y a un phallus énorme qui cogne ma prostate instantanément. Je n’ai pas le temps de savoir si j’ai mal ou pas parce que je deviens liquide.
Raoul conduit comme un cow-boy. Dans les virages à gauche, le rostre de Fred glisse hors de moi, mais dans les virages à droite, il s’enfonce jusqu’à ma glotte. Il faut admettre que je suis un mec plutôt du genre endurant. Je suis assez fier de moi ! Il est cependant inutile de vouloir savoir dans quel état je me trouve à l’arrivée…
Quand Raoul fait glisser la portière sur ses rails, je dois avoir l’aspect d’une crème anglaise renversée sur un banc de musculation. Tu ne fais aucun commentaire tandis que Fred et moi nous nous rhabillons. Front d’airain et regard d’acier, tu te saisis du plus petit sac et tournes les talons pour te diriger vers la porte d’entrée de ton immeuble haussmannien. Tu as l’air un peu contrarié.
Comme Alexandre veut se rendre utile dans notre épopée, il nous invite à dîner tous les quatre chez lui. Raoul et Fred acceptent avec enthousiasme parce qu’ils ont la dalle. Tu pinces les lèvres et moi je titube.
Tonton Alexandre reçoit très bien. Sa blanquette de veau est délicieuse. Fred et Raoul bâfrent comme des moujiks, Cyril pluchote et moi je fais des efforts surhumains pour garder les yeux ouverts. Alexandre, certainement expert en drames cornéliens, a tout compris. Il porte sur moi un regard commisérant et me propose sans cesse de reprendre de sa blanquette… pour reconstituer mes forces anéanties. Il y a comme de l’amour au fond de ses yeux.
Comme il se fait tard, tonton propose aux deux cadors de dormir chez lui. Rien ne presse, le confinement ne prendra effet que demain à midi. C’est sans se faire prier que les deux gaillards s’engouffrent dans la chambre d’amis qu’ils vont probablement ravager de leurs viriles énergies. Quant à moi, de retour chez Cyril, je zigzague vers son lit sur lequel je m’écroule.
Je sombre dans un gouffre d’épuisement. La journée a été TRÈS longue. Cependant, malgré mon état comateux, je sens des mains attentionnées qui me déshabillent comme si j’étais un petit enfant endormi. Elles me retournent doucement en faisant glisser mes vêtements. Elles me bordent dans des draps moelleux et caressent mes cheveux. Avant de perdre conscience, je sens un petit bisou sur ma joue. C’est fini, je dors.
C’est une fanfare qui me réveille. Fred et Raoul sont au pied du lit et réclament leur petit-déj’. Enveloppé par les bras de Cyril, je n’ai pas envie de me lever et je m’enfonce sous les draps. Après tout, je ne suis pas le maître de maison, ils n’ont qu’à se débrouiller sans moi.
Cyrillo cependant se lève et j’entends tout ce beau petit monde s’éloigner vers la cuisine. Quel vacarme !
Je m’étire comme un matou, tout heureux de sentir une force neuve déferler dans mes veines mais...
Je suis maintenant le prisonnier de Cyrillo !
Cyrillo & Romain