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7 | Un homme de parole
Le récit de Julien
J'ouvre brusquement les yeux et, à la lueur qui filtre, je devine que l'heure est plus tardive qu'habituellement. Je me retiens de sauter au bas du lit, soulevant précautionneusement la nuque pour apercevoir la forme qui me tourne le dos, à mon côté. Je glisse souplement sur la toile et me lève sans a-coups, referme la porte sans bruit. Rapides ablutions ; je m'habille et je sors : j'aime cette heure du matin où la brise garde un peu de la nuit, quand la nature éclate des cris de joie de toutes les créatures qui ont survécu à l'obscurité.
J'ai fait un saut jusqu'à la boulangerie du bourg et je suis rentré, j'ai mis le café à couler et, sur la pointe des pieds comme un conspirateur, je suis revenu sagement m'allonger dans le lit aux côtés de la silhouette qui y repose et semble encore dormir. Je n'entrevois de lui qu'une épaule et une touffe de cheveux sombres.
Il s'est brusquement retourné d'un bloc, toujours enveloppé dans le drap et ses yeux de charbon scintillent en me détaillant.
- "Bonjour Julien."
- "Bonjour Mehdi, bien dormi?"
Il a hoché la tête et une de ses mains a resserré le drap à poignée contre son cou tandis que, par en dessous, l'autre s'élançait pour venir à mon contact, l'extrémité de ses doigts pianotant sur mon flanc. Il sourit, canaille, puis recouvre sa tête de la toile et, ainsi masqué, glisse vers moi.
Son attaque éclair m'a surpris. Sa tête s'est à peine posée sur mon ventre que sa bouche a happé ma bite flaccide dont la réaction ne se fait pas attendre. J'ai rabattu le tissu qui le cachait à ma vue et largement ouvert les cuisses pour lui donner toute latitude d'accès à mon manche maintenant déployé.
- " Tu fais bien car je me souviens que tu t'étais engagé à me réveiller avec une pipe or j'aime qu'on tienne ses promesses. J'apprécie que tu soies un homme de parole?"
Sans barguiner, il s'emploie à m'administrer une belle turlute, de base et sans fioritures mais, régulière et si exactement ajustée qu'elle filerait la trique au plus dépressif d'entre nous.
- "Tu ne dis rien! Tu n'es pas du genre à te laisser distraire, alors continue ... Oui, j'ai envie d'une belle pipe qui me mette en joie pour la journée."
Je ferme les yeux pour m'abandonner à son expertise, mes mains viennent peser sur sa tête pour lui donner des indications mais il s'en libère, les écarte sèchement, me signifiant sa volonté d'être seul aux commandes. Il échappe à mes tentatives en venant, rassemblé en foetus, se placer entre mes cuisses qu'il ouvre plus largement à deux mains. Il tire la langue pour m'accueillir plus profondément, jusqu'à ce réflexe de renvoi qui masse sporadiquement mon frein et essore mon gland ; sa salive épaisse le recouvre et dégouline le long de ma hampe.
Il a empoigné ma bite et, maintenant, la lèche savamment. Ses yeux, déterminés, cherchent les miens, guettant les effets des caresses qu'il me prodigue. Sa langue balaie, enrobe, chatouille, ses lèvres aspirent, moulent, ses mains caressent, pressent, vrillent. Puis, ses mains, ses doigts s'égarent dans mes toisons, s'infiltrent, agacent puis s'emparent de mes couilles, les pétrissent, les détendent, les serrent, les pressent et, parfois, l'un d'eux s'aventure jusqu'à frôler mon anus. Je suis assailli de frissons, dont chacun est plus électrique que le précédent et me sidère.
Il a repris sa pompe terriblement efficace, une oscillation qui s'enfonce parfois brièvement jusqu'à la glotte, sa salive s'écoulant alors le long de mon vit. Interdit de toute participation, je le laisse déployer son évidente bonne volonté et son indéniable savoir faire. Je vibre sous ses caresses expertes mais ma lame me semble maintenant être un épieu durci au feu. Trop durci.
Comme si j'avais irrémédiablement dépassé le point de jouissance.
Alors je le bouscule, le renverse, l'attire à moi, roule sur lui dont j'enserre la nuque de ma grosse main et je le galoche. Goulument, joyeusement. Pour retrouver ce goût de stupre si excitant. Je presse mon bassin contre lui, écrasant contre lui ma queue dure et brûlante qu'il tente de saisir. J'enserre son poignet de mes doigts en étau.
- "Tsss Je crois que nous allons nous garder comme ça ... prêts à reprendre cet échange à tout moment puisque c'est aujourd'hui dimanche!"
Il a souri, une vague incertitude passe dans ses yeux mais devant mon sourire inoxydable, tout s'éclaicit. Il part se doucher, je dresse la table pour le petit déjeuner. Il sort de la salle d'eau, nu, la tête enfouie dans la serviette dont il se frictionne énergiquement avant d'éponger la dernière goutte dans ses oreilles. Il avance vers moi, se tient droit et sourit de me voir l'examiner.
C'est un joli garçon aux belles épaules, assez fin, grand, avec cette légère pilosité en éventail sur le torse qui se prolonge en filet jusqu'à son pubis où elle auréole sa bite qui parait plus claire d'être au centre de cette dense couronne brune. Mais surtout, sa démarche est élastique et semble indiquer qu'il est parfaitement à l'aise, relaxé dans sa prime nature et me fait augurer qu'il sera d'agréable compagnie.
Il a écarté avec soin sa serviette sur un dossier et passe derrière moi, laissant négligemment trainer le bout de ses doigts sur mes épaules par jeu pour venir s'asseoir sur la chaise libre en retour de table. Son genou s'écarte jusqu'à trouver le contact du mien et il me sourit.
Il a un solide appétit et moi aussi, je souris en le regardant planter résolument ses dents régulières de carnassier dans une de ces faibles tartines sans défense. Il saisit mon regard, interrompt son geste et soulève un sourcil interrogateur. Je secoue la tête.
- "N'aie aucun scrupule Mehdi, mange! J'aime les gens simples qui savent profiter du moment et des choses ordinaires sans chichi."
Il relâche ses machoires, ouvre la bouche, épargnant un instant la tranche de pain beurrée.
- "En plus d'aimer baiser, bien sûr ..."
Cette fois, il a brisé net l'échine de son tronçon de baguette qu'il mastique ensuite résolument, m'envisageant d'un oeil goguenard.
Nous avons terminé le petit déjeuner, débarrassé la table et je m'acquitte du peu de vaisselle utilisée.
- "Tu n'as pas de lave-vaisselle?"
- "Tu sais, pour moi tout seul ..."
J'ai machinalement haussé une épaule mais, d'un coup ... Il y a eu l'escapade avec Lecourt, Cyrille qui s'est invité pour une nuit, maintenant, voilà Mehdi, qui s'est proposé pour le week-end et ... le vieil ours misanthrope que je deviens se laisse gagner par l'idée qu'un peu de compagnie ... Quand, soudain, dans mon dos, il accroche mon trapèze de son menton, enveloppe mes hanches de ses deux grandes mains.
- "Nous avons un échange à poursuivre, non?"
J'ai baissé la tête sans piper mot en me contenant à toute force pour terminer ma tâche dans un sursis volontaire tandis que ses mains élargissent la circonférence des cercles qu'elles décrivent sur ma peau hérissée et qu'il prolonge sa proposition d'un murmure modulé. Je m'efforce d'essuyer posément les dernières traces d'eau, repose l'éponge ...
Puis je me retourne d'un bloc.
J'ai bien fait de différer car l'animal maintenant impatient me saute au cou et m'embrasse de toute sa bouche, de toute sa langue. Nos deux bites dressées ferraillent furieusement entre nous. Mes deux mains encadrent son torse et je le guide pour qu'il recule. Il bute contre la table derrière lui, résiste. J'insiste et il capitule, bascule en arrière en battant des bras. Mais il cède et je l'allonge sur le dos sur le plateau de bois, reprenant notre baiser de sangliers, fouaillant de la langue, têtant des lèvres, grognants et bavant.
Puis ma main écrase son sternum pour le maintenir en place et ma bouche s'envole pour aspirer son téton, l'étirer et le mordiller puis ma langue trace un trait de salive qui mène à sa queue que je dévore, recrache, lèche, pour venir gober une couille. Il sursaute, prend de subites inspirations sonores, s'agite mais je sais qu'ainsi renversé comme un scarabée sur le dos, il lui est difficile de se rétablir, alors, le voyant offert sans défense, j'abuse et me régale de cette gourmandise à la peau soyeuse. J'ai rapproché mon visage à toucher le sien.
- "Monsieur a des obligations de résultats? Des indicateurs quantitatifs de performance? J'ai mal entendu ou tu m'as proposé tes services pour TOUT le week-end? Hmmm?"
Je laisse la place au silence qui apaise, aux jeux de regards qui s'adoucissent, aux clignements de paupières complices puis le sourire revient imperceptiblement étirer sa bouche et je l'aide à se redresser, mes mains trainent et je ne peux résister au plaisir de l'envelopper encore un instant.
- "Voilons nos charmes et suis-moi."
Il retrouve son short qu'il enfile en ricanant.
- "C'est une nouvelle épreuve? Tu cherches des candidats pour t'inscrire à Fort Boyard?"
Rien! Rien de ce qu'il pourrait dire ou faire ne parviendra à me départir de ma joyeuse humeur! Il me plaît ce poilu là avec son nez fort, sa barbe courte et ses poils sombres, j'aime jouer avec lui et j'ai su, jusqu'alors, désarmer toutes ses protestations, contourner tous les obstacles qu'il a successivement élevés. Je m'approche de lui en roulant exagérement des épaules, enroule mon bras autour de sa taille, ma main se referme aussi durement qu'une pince sur sa fesse, et mon bras le ramène à moi d'une seule traction, nos bassins affrontés.
- "Ils ne t'ont pas tout dit, tes indicateurs du sauna? Moi, en revanche, je ne sais rien de toi. Mais c'est vrai que je t'ai trouvé plus conciliant après avoir essuyé la charge de ma jument hier."
J'ai froncé des sourcils, roulé les R, appuyé sur les consonnes et fait tonner ma voix. L'ironie soulève légèrement la commissure droite de son sourire. Je lui claque la fesse, l'engageant à me suivre d'un signe de tête.
- "Il y a, tout autour de la ferme des pâtures dont je veux vérifier la clôture, ainsi que l'alimentation des abreuvoirs et l'état des animaux. Tu vas voir, ce n'est qu'une petite balade de santé.
Amical72
amical072@gmail.com
* "si tu me donnes une amande / J'te donne un baiser fripon" Dis-moi, Georges, ça pousse vite un amandier?
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