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5 | Calcul – Le récit de Joris
Mon majeur lubrifié a plongé dans son trou du cul et a fait mouche. Le prétendu mâle dominant s’est instantanément effondré, secoué par des soubresauts, zébrant ma joue d’un trait de foutre.
J’ai tout aussitôt redoublé d’ardeur pour engager sans attendre une seconde cartouche sinon c’est à moi qu’il voudra faire payer sa jouissance prématurée.
Mais mes aspirations goulues comme les agacements de mes mains qui le parcourent, le soutiennent, le pressent, le stimulent, semblent rapidement le remettre en selle. Il arrache l’avant de son polo dont il extrait sa tête, le gardant en bandeau entre ses épaules, offrant son buste de sportif du dimanche et sa fine prairie à mon inventaire et sa bite reprend peu à peu consistance sous l’efficacité de mes gâteries. Sans les interrompre, je me redresse sur mes jambes, j’amène mon plantureux derrière à hauteur de ses pognes possessives, je l’offre à ses doigts inquisiteurs, me félicitant de m’être copieusement lubrifié auparavant.
Quand il a retrouvé son assurance, il entame une exhibition endiablée, comme pour recouvrer son statut, directif et expansif, m’imposant son joli sceptre en gorge avant de m’en biffler une joue puis l’autre, dans une démonstration de sa dureté retrouvée, pour éprouver sa résistance.
Je me prête volontiers à sa démonstration de bonimenteur qui vise autant à le rassurer qu’à m’impressionner, guettant le moment opportun pour l’inonder d’une abondante salive, le capoter prestement et me retourner, croupe d’ogre insolemment exposée.
Il a ces deux, trois secondes d’hésitation, le temps de sortir de sa parade de séduction pour réaliser qu’il est bien l’élu maintenant appelé à copuler ; mon amour-propre en retire un éclair de fierté. Puis ses mains s’aventurent, cernent la cible et affermissent leur prise. Il fléchit sur ses cuisses, sa main place son gland qui se niche puis soutient sa flèche tandis que, se redressant, il m’enfile souplement dans un sentiment d’accomplissement extatique.
Je dois reconnaître que je le partage.
Avec l’aisance que me donne ma nudité quand lui est entravé par son pantalon aux chevilles, j’avance simplement de quelques centimètres, juste assez pour lui échapper, le sentir, frustré, me rattraper précipitamment, ses pognes me happer et s’agripper pour m’attirer à lui, sa volonté atavique de reprendre possession …
Mais je ne demande que ça, moi, éprouver à nouveau cet envahissement qui me comble progressivement jusqu’à satiété ; je le réclame, insatiable goulu frétillant du cul, l’a-t-il compris ?
Cette fois, c’est lui qui s’est retiré. Pour revenir me pointer orgueilleusement, simplement du bout du gland, grisé par l’illusion qu’il a déjà su m’éblouir. Je me contracte, me serre, résiste, pour le sentir piaffer d’impatience devant cette difficulté imprévue, peser plus lourdement sur moi qui m’ouvre d’un coup et l’engloutis, m’affichant dompté, conquis quand je ne suis que rassasié.
Mais c’est pour mieux jouer à nouveau les rétifs l’instant suivant ; j’esquive et, selon, cède ou résiste pour le mettre sans cesse au défi.
Et ça marche.
Voilà qu’il feinte à son tour, retenant ses coups de rein pour qu’à mon tour, je quémande, me creuse et qu’il m’assène quelques vigoureuses bourrades qui me coupent le souffle ; puis je me ferme, entravant ses longs passages de rabot en glissade qui me polissent si suavement que j’en suffoque, puis grippant sa mécanique fluide, je la pousse à s’emballer pour obtenir une rafale de vives trépidations impatientes qui crépitent et dont je hoquette, emporté, tourneboulé, chaviré.
Là ! Je me reprends, je me calibre pour un duo piston cylindre finement ajustés, grisé par sa souple régularité et l’amplitude parfaitement huilée, me félicitant à posteriori de ma maladresse initiale qui l’a endurci, a aiguisé son appétit, a piqué à propos sa fierté d’homme en érection et l’a aiguillonné, assez pour qu’il se préoccupe de me démontrer sa maîtrise de l’art de me faire reluire.
Une erreur que cet instant d’autosatisfaction …
Il a immédiatement su en tirer avantage, me laissant avancer et m’approcher de la jouissance, quand lui, prudemment, s’en est gardé à distance … Il me fait maintenant vibrer en quelques coups d’archet magistralement appliqués puis ajoute à mon étourdissement en me tringlant à la suite comme un forcené, éclatant à son tour dans un ahanement rauque, si irréaliste qu’il me semble parvenir à mes oreilles, couvrant la rythmique pourtant omniprésente.
Il s’est rabattu dos à la cloison et je me précipite pour lui imposer un dernier éblouissement, ôtant la capote pour aspirer d’une bouche avide sa pauvre zigounette baveuse maintenant flétrie tout en le doigtant magistralement ainsi que j’en ai découvert l’art et la manière tout à l’heure, créant d’ultimes arcs électriques qui le font tressauter comme un pantin.
J’abuse de sa satisfaction, si visible qu’elle le rend presqu’affectueux, poussant mes explorations indiscrètes des deux mains, de la langue et du nez, me frottant à lui comme un chat, emmagasinant ses douceurs, ses effluves et ses moiteurs masculines comme autant de vocabulaire dans mon lexique érotique, me promettant d’être désormais toujours aussi intraitable avec ces apprentis dominants qui fondent si bien dans la main dés lors qu’on les pilote avec adresse.
Pourtant, je n’en ai pas fini avec lui.
Dopé à la l’ocytocine après ces deux cartouches d’un tir redoublé, il semble céder à cette hormone de l’attachement, manifestant ostensiblement, d’un bras entourant mes épaules et autres privautés manuelles pas très discrètes, combien notre rapprochement l’a satisfait, flattant son sentiment de maîtrise et sa suffisance ; il m’offre un statut en même temps qu’un verre au bar sous les regards graveleux du même patron poisseux, qui glissent sur moi tels une limace concupiscente en reptation mais à qui je fais, contre tout mon dégoût, bonne figure.
Car peu m’importe d’être photographié et de figurer sur les réseaux de l’établissement, ces publications aussi servent mon dessein.
Car je sais désormais que j’aime les hommes « faits », ceux qui savent ce qu’ils veulent, qui ne s’embarrassent pas de simulacres mais maîtrisent leurs ardeurs plutôt que de satisfaire précipitamment leurs pulsions, loin de ceux que ma condition de jeune étudiant me fait côtoyer au quotidien ; or ces expositions, en attirant l’attention sur moi, pourraient me faire gagner un temps précieux, m’épargner de vaines illusions et multiplier efficacement les opportunités.
« Avec son petit galurin, son inséparable pépin, il déambule, plom polom plom ploum ... » Georges Duibourg alias Georguis (1891 / 1970 ) en habit blanc et fleur à la boutonnière, les cheveux noirs gominés, avec son sens de la parodie et de la satire, est le roi du music-hall dans les années 20 et 30. Après l’arrêt de sa carrière de fantaisiste, il publiera des romans policiers dans la collection « série noire » de Gallimard dont « Mort aux ténors » qui sera adapté au cinéma par Serge Moati en 1987. Dans ce français désuet et cette prononciation rocailleuse d’entre deux guerres, maniant l’ironie parfois féroce, il chante T« le badaud du dimanche »
Amical72
amical072@gmail.com
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