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Agriculteur | S19 Reprendre goût à la vie

12 | Ça fait du bien – Le récit de Julien.

J'ai repris mon rituel à la piscine.

Je ne prononce pas le mot "rituel" à la légère, un observateur aiguisé pourrait d'ailleurs me soupçonner être atteint de troubles compulsifs tant mon passage est millimétriquement réglé au détail près et chaque fois répété exactement à l'identique.

Mon sac pour la piscine comporte un maillot, noir, des lunettes, un gel douche, une toile en micro fibres, une gourde d'eau et, dans une poche latérale fermée, un jeton de métal.

L'établissement le plus proche des Chênaies propose un abonnement dont le tarif est en fonction du temps passé et j'ai fini par tenir pour négligeable que son bassin ne mesure que vingt-cinq mètres.

Je traverse le hall en jetant un coup d'oeil à la pendule, je badge, saluant le personnel présent en habitué. En cabine, j'ote chaussures et jean, je roule chaussettes et slip que j'enfouis dans une des poches puis j'enfile mon maillot. Je sors et me dirige vers les travées de casiers les plus éloignées des cabines. Elles se trouvent de l'autre côté du passage vers les bassins, m'obligeant à quelques pas supplémentaires mais, hormis les groupes, j'ai rarement vu quiconque y ranger ses affaires aussi n'aurai-je aucune hésitation, tout à l'heure, pour retrouver la seule serrure fermée que la clé qui entoure ma cheville ouvrira sans coup férir.

J'empile mes chaussures, mon sac à dos, mon pantalon, c'est là que je quitte mon blouson puis mon polo puis je referme la porte. Au retour, je les entasserai sur mon bras dans l'ordre inverse pour les suspendre aux patères de la cabine, rétablissant l'ordre dans lequel je vais les enfiler.

Tout est méticuleusement pesé pour ne pas encombrer mon esprit avec des préoccupations matérielles sans intérêt et mécaniquement organisé pour limiter mes gestes, mes pas et le temps perdu dans les entrailles avant d'accèder à l'eau. Quand j'aurai repassé le tourniquet, les quelques minutes ainsi gagnées seront consacrées à me détendre dans les avenants fauteuils d'un hall calme et baigné de lumière naturelle, au bonheur de faire jouer, sous ma peau, des muscles rompus et gorgés de sang par l'effort. M'étirer comme un chat et me sentir vivant.

Je remonte le couloir d'un pas décidé en faisant déjà mouliner mes bras. Mais à l'instant où je tourne à son extrémité, main gauche tendue vers l'étagère où déposer ma serviette avant de prendre une douche, à droite, un homme en provenance des bassins fait de même avec son sac et nos regards se croisent. Appréciateurs. Des yeux bleus, canailles.

Nous échangeons un bref sourire entendu.

Puis, chacun sous son jet d'eau chaude, nous faisant face, nos coups d'oeil poursuivent sans trop de discrétion notre examen réciproque pendant que nos gels douche moussent avec distraction. A considérer les traits qui marquent son front, ses pattes d'oie, il me parait un peu plus âgé que moi, une petite cinquantaine ? Ses cheveux blond roux, presque blancs aux tempes, ondulent et rebiquent en tous sens, ils gagneraient à une coupe, ses golfes sont nettement creusés et son visage carré est rasé. Mais d'hier.

Ses larges épaules sont celles d'un sportif. Il vient probablement de nager, la masse de ses muscles est relâchée, ses pectoraux et son ventre détendus, l'eau dessine des chemins sur sa peau blanche tachée de son en plaquant la mousse de ses poils entre ses formes rondes.

Il se retourne, face au mur. Je note une nette ébauche de tonsure. Il étire les bras vers le haut, prend appui sur la faience pour que l'eau tombe entre ses épaules puis ruisselle le long de son dos jusqu'à ses fesses. Beau cul ferme moulé dans un slip sombre, cuisses et mollets dessinés.

J'abandonne là mon inventaire et sors de la douche pour aller pisser avant d'aller nager.

Des pieds nus claquent sur le carrelage dans mon dos. Automatisme : mes yeux obliquent et, par dessus les cloisons qui ménagent les pudeurs, j'entrevois le sourire ironique du rouquin, à deux urinoirs de distance. Je souris et reviens au plaisir de ma miction, j'égoutte ma bite de secs mouvements de poignet, avançant le bassin, refermant les épaules pour remballer la précieuse marchandise que je sécurise par un noeud stable à double boucle puis je me retourne.

Mais mon voisin a pivoté quelques secondes avant moi et, sous son sac jeté sur son épaule, mon regard se fixe sur les contractions alternées de ses globes charnus, à quelques pas devant moi.

Il fait soudain un rapide pas de côté, disparait dans une des cabines de douche individuelle qui s'ouvrent opportunément sur sa droite, son bras reste à la traine et, au bout, sa main, doigts en étoile, maintient la porte entrouverte. Un appel.

Sans plus réfléchir, je m'introduis dans l'ouverture qui m'est tendue.

Sa main ralentit le retour de la porte pour l'empêcher de claquer bruyamment, abaisse prestement le verrou puis me repousse au fond de la cabine, sans doute pour nous épargner le désagrément d'attirer l'attention avec quatre pieds d'adultes dépassant sous les parois.

Ses yeux remontent un instant dans les miens qui restent impassibles puis reviennent se fixer sous mon nombril. Ses doigts se saisissent des deux extrémités du lacet de ma ceinture, tirent ... et le noeud se défait, facilement. Il me gratifie d'un bref coup d'oeil malicieux et ses deux mains reviennent en griffes, accrochent l'élastique de mon maillot qu'elles étirent puis abaissent, libérant ma demi-molle. Elles s'en emparent et, promptement accroupi, il l'aspire, la mettant instantanément dans ses meilleures dispositions.

Des deux mains, je fais glisser l'élasthane sur mes hanches, puis libérant mes cuisses que j'ouvre largement, veillant à ne le priver d'aucune des réjouissances que peuvent lui offrir ces parties de mon anatomie.

De sa main gauche, il empoigne mon manche comme un outil, le léchant, le frottant sur sa joue hérissée, le suçotant en chipotant du bout des lèvres, le tout dans un silence absolu, comme il se doit. Il relève son visage vers moi, observant mes réactions alors que, effaçant son épaule, il fait glisser son sac au sol avec précaution. De sa main droite, il dézippe une poche latérale, farfouille à deux doigts, en extirpe un étui carré à la marque aisément reconnaissable dans son cartouche. Il l'agite, à la fois avertissement et proposition. Comme je ne donne aucun signe d'une quelconque alarme suite à son offre, il replonge résolument la main puis me tend un petit flacon bleu couronné d'un bouchon transparent en demi-sphère et portant les mêmes cinq lettres.

Le coquin!

Son visage se réjouit alors d'un large sourire scellant notre accord tacite et il m'administre une série de pompes énergiques tout en se déhanchant à mesure que ses mains abaissent son maillot sur ses cuisses puis, tendant ses jambes, il se casse en deux à l'équerre, de sorte que ma main puisse glisser sur son dos, dans la mousse de poils qui ombre ses reins jusqu'à explorer son postérieur charnu pendant qu'il reprend sa pipe sur un mode plus raffiné. Plus redoutable aussi.

Alors, pour contrôler la montée de soupirs dont l'indiscrétion pourrait nous signaler, je passe à l'offensive. Faisant sauter le clapet du flacon d'une pichenette, je zèbre son dos d'un trait de lubrifiant que mes doigts font cascader dans sa raie, la pulpe de mon majeur venant se nicher dans son oeillet. Il vibre, pèse, tapotte et je sens, à de brèves suspensions de ses succions, qu'il est attentif à ce qui va suivre.

Toi, tu ne vas pas être déçu !

Pour étouffer la suffocation que me procurent maintenant ses délices bucaux, je rassemble précipitamment le gel sur ses reins puis mon doigt s'envole comme une flèche et l'enfile sans plus d'hésitation alors qu'appuyant de la main sur son occiput, j'ai sèchement avancé le bassin.

Je soulage sa luette en relachant la pression de ma queue qui l'étouffait mais mon majeur est resté à jouer dans son fondement et lui donne un aperçu d'une science de l'acrobatie qui le paralyse à son tour, soudain interdit. Cambré, bouche ouverte, rougissant mais s'appliquant à rester coi.

Profitant de son immobilité, mon index s'introduit souplement pour faire la paire, les deux jouant de concert pour détendre un anneau dont la disponibilité me semble indiquer qu'il est accoutumé à de pareils traitements. D'ailleurs si sa main se referme sur ma hampe, sa bouche, ouverte, la délaisse. Le décrochement de sa mandibule et la conviction avec laquelle il plisse ses paupières m'amènent un sourire et assagissent mes doigts qui se font légers, légers. Des plumes.

Son front se détend, soulevant ses sourcils et il prend une profonde inspiration dont il s'efforce de contenir le sifflement. Soudain, il rouvre les yeux, deux lacs clairs et lumineux. Mes doigts se sont élancés pour une volte, histoire de voir cette eau se troubler encore, ses lèvres s'arrondir, son corps se tétaniser ...

D'un frétillement, il se dégage, retrouve l'étui carré qu'il déchire d'un coup de dent, extrait l'ostie de latex, vérifie rapidement le sens de déroulement avant d'en coiffer mon gland rubicond et baveux. La pointe de sa langue vient balayer sa lèvre, à la mesure du soin avec lequel il déploie la fine membrane. Ma bite contrainte et luisante devient un missile futuriste dont les vibrations, sur son pas de tir, résonnent à mes oreilles.

Il libère son pied droit de son maillot noir qu'il traine, flasque, en remorque de sa cheville gauche. Il se retourne, face au mur, en appui de l'avant-bras gauche, le visage de profil, l'oeil qui m'invite. Pieds en canard, cuisses ouvertes à l'équerre, il rejette son cul vers moi dans une brusque cambrure, sa main droite, paume ouverte dans le creux de ses reins, s'offre en secours.

J'éclabousse sa raie de lubrifiant, ma queue vient y coulisser verticalement puis je la rabats pour l'introduire entre ses cuisses jusqu'à buter contre ses couilles. Mes doigts indiscrets reviennent danser à sa porte et, soudain, mon pouce bondit et s'écrase, lourd, épaté, impérieux.

L'élan a soulevé ses talons et il s'est rapproché de la paroi, comme sonné. D'une rapide torsion du poignet, j'ai encore lubrifié mon gland et ma main le guide pour le nicher puis soutient ma flèche quand de l'autre main sur sa hanche, je ramène le rouquin à moi.

Leeentement.

Son cul me dévore autant que mon pieu l'ouvre.

C'est serré, presque laborieux, délicieux.

Quand nous sommes encastrés, ma touffe frisant entre ses fesses, je caresse ses flancs, jusqu'à les frictionner. Il me semble ressentir l'écho des battements sourds de son coeur, je les entends progressivement s'apaiser.

D'un vif recul, je me retire. Il sursaute.

Aussitôt, ma main pointe mon dard et le niche. Il se précipite mais ma main le retient. Alors il se laisse couler, mollement. Et c'est fantastique !

Ma queue se faufile dans une caverne vorace et somptueuse à la fois, parcourue de mille frissons, la caresse d'un flot de soieries. Je l'ai parfaitement entendu geindre, à peine, mais.

Ensuite la vague nous roule, régulière. La cadence de son poignet s'accorde à mon balancement et, quand ils se précipitent, c'est ensemble. La jouissance nous cueille presque simultanément dans des soubresauts qui se répondent et nous soulèvent, l'un et l'autre.

A deux doigts, je retiens le préservatif sur ma queue tandis que s'éteignent une à une les étincelles derrière mes paupières.

Je noue la membrane élastique contenant la goutte chaude qui roule dans ma paume. Je remonte mon slip de bain, embrasse sans bruit son épaule, guette l'agitation dans le couloir puis, comme tout parait calme, j'ouvre le verrou et, d'un pas martial, je rejoins les douches. Au passage, je me débarrasse subrepticement de l'encombrante boulette qui disparait dans la poubelle.

Je me savonne quand il me rejoint, la mine enjouée. Il se place cette fois à mes côtés, s'éclabousse, se frictionne énergiquement, s'ébroue.

-" Hmmm, ça fait du bien après le sport!"

Je ne peux me retenir de pouffer.

- "Avant, tout autant!"

Je crois que c'est ce qu'il attendait, simplement rompre l'étouffante règle du silence dictée par la nécessaire discrétion de nos récents émois et ouvrir un dialogue ordinaire d'une apparente légèreté, d'une banale urbanité entre deux nageurs qui fréquentent le même bassin.

- "Tu viens souvent ? Moi, je viens régulièrement nager après le travail."

-" On aura sans doute l'occasion de se croiser alors."

Jambes fléchies, bassin en rétroversion, il s'est posté face à la paroi, ses deux mains plongées dans son slip d'où déborde une abondance de mousse ; ses bras solides compriment ses pectoraux aux tétons qui pointent, arrogants. Une piqure d'adrénaline crispe soudain mon rein, un afflux de salive arrive et leste mes joues. Mes mains s'interrompent.

Il l'a saisi. Sourire ironique, il m'interpelle d'un coup de menton.

-" Alors, tu vas nager?"

J'ai voulu entendre une injonction. Après tout, je suis venu pour ça !

Amical72

amical072@gmail.com

Voici le noeud qui ne se défait pas tout seul, pour ne pas retrouver avec son slip de bain aux chevilles après un plongeon. Simplissime

(A suivre.) Fin de la saison 19 /Suivez-vous toujours, sans vous perdre, les aventures de Julien, ses errements affectifs ? Échangeons sur vos plaisirs de lecture ; vos encouragements, tout autant que vos remarques, vos questions, vos suggestions, vos anecdotes alimentent cette entreprise au long cours. Croyez bien que je les apprécie ...

Exprimez-les, tous sont les bienvenus et alimentent l’écriture. Merci à tous ceux qui l’ont déjà fait, refait parfois. Je m’efforcerai de répondre à chacun d’entre vous aussi rapidement que possible.

La saison 20 est annoncée.

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