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Premier épisodeÉpisode précédent

Agriculteur | S19 Reprendre goût à la vie

5 | Patienter – Le récit de Julien.

Découvrant la maison de Damien, j'accède enfin à la pièce à vivre au bas plafond de bois, aux murs épais sobrement blanchis où, sur un vieux tapis, deux fauteuils club au cuir tabac encadrent une table basse face à un monumental poêle scandinave tapissé de plaques de pierre et muni d'un large hublot gansé de laiton.

Sur le plateau sont posés trois verres à l'élégante jambe verte, une fine flûte d'Alsace dans un rafraîchissoir et une coupe du même designer débordant de biscuits secs.

Damien, en hôte prévenant, me désigne le fauteuil de gauche et se laisse lourdement choir dans celui de droite. Je remarque que lui aussi est maintenant pieds nus, de beaux pieds secs aux articulations soulignées de touffes de fins poils sombres.

-" Veux-tu bien faire le service, Antoine ?"

Celui-ci opine, se retourne et s'incline, la toile de son pantalon moulant anatomiquement sa belle nature juste devant mes yeux, comme pour creuser mon appétit. Il sert puis revient face à nous, deux verres à la main ; le premier est pour moi, le second pour Damien qui se relève d'un bond. Je l'imite et lorsqu'Antoine se redresse à son tour pour compléter le triangle, son verre à la main, nous les élevons en les entrechoquant, trinquant en silence, deux à deux, les yeux dans les yeux, puis nous avalons la première gorgée afin que nos voeux muets se réalisent.

Je pense qu'à ce moment précis, aucun d'entre nous ne prête attention à ce qu'il boit car les regards, étincelants, se ne quittent pas dans une tension qui s'exacerbe, noue mon ventre dans une liesse qui me libère de toute défiance.

J'ai cependant une brève pensée charitable pour Sébastien qui doit avoir retrouvé ses trois petits diables et leur mère et je remercie le ciel d'avoir ensuite mis sur ma route ces deux hommes gays qui, eux, paraissent s'assumer.

Mais voilà qu'il échangent leurs verres et y mouillent leurs lèvres. Damien garde la pulpe de sa lèvre supérieure à l'affleurement du buvant et concentre son attention sur Antoine qui, suspendu, déglutit en clignant des paupières.

- "Ainsi chacun de nous peut lire dans les pensées de l'autre."

Son bras se détend vers moi dans un geste brusque, quelques gouttes du breuvage m'éclaboussant le bras.

- "Veux-tu savoir à quoi pense ce garnement ?"

Antoine a tourné précipitamment le visage vers moi, je lui souris, avec un calme que je veux rassurant.

-" Volontiers."

M'emparant calmement de son verre pour le porter à ma bouche, j'avale une gorgée en fermant les yeux, acceptant bien volontiers d'entrer dans leur jeu délicieusement retenu qui témoigne de leur complicité d'épicuriens. M'associer à ce dévoilement infime et cependant impudique me flatte et pique ma curiosité, cette invitation enflamme immédiatement mon imaginaire érotique derrière mes paupières closes.

Je devine à une agitation qu'à son tour, Antoine s'apprête à me proposer de découvrir dans le vin les intentions de Damien mais celui-ci pose le bout de ses doigts sur mon avant-bras. Ce contact, dans sa légèreté, m'électrise.

- "Mais avant de poursuivre, vas-tu accéder à son voeu ?"

Les yeux toujours fermés, j'opine simplement du menton et je sens un souffle, puis la pression prudente de lèvres qui se posent sur mes miennes, la lame d'une langue humide et souple qui les écarte, s'insinue et frétille jusqu'à rencontrer la mienne et, lorsque j'ouvre les yeux, ils plongent dans ceux d'Antoine. D'une vive détente du cou, il envahit ma bouche d'un ébouriffant tourbillon puis, aussitôt, bat en retraite ; est-ce par manque d'assurance, souhaite-t-il se faire désirer ou ignore-t-il les intentions de Damien pour s'aventurer davantage ?

Or la main de celui-ci coulisse maintenant sur mon avant-bras.

- "Au comice, nous avons poursuivi nos paris pendant ta prestation, Antoine t'espérant plus poilu que moi."

J'ai souri et écarté les bras en croix. Damien nous retire nos verres, les dépose sur la table puis vient se poster à côté de moi, son bras passé par dessus mes épaules.

Mais Antoine semble hésiter.

-" C'est qu'à la façon d'ici, tu portes ton polo rentré dans ton pantalon."

J'ai haussé une épaule désinvolte, pour à la fois signifier mon indifférence aux diktats de la mode et lui donner l'autorisation de disposer de moi. Ses doigts, ainsi mandatés, débouclent alors rapidement ma ceinture pour en extraire le maillot.

- " Comparaison à l'aveugle!" a interrompu Damien, index dressé.

Antoine se prosterne en abaissant les paupières, un genou au sol, nuque cassée comme en prière ; ses mains se posent sur nos hanches côte à côte, s'infiltrent symétriquement sous les vêtements ; elles remontent jusqu'à longuement balayer nos torses, s'attardent sur nos tétons, hersant nos toisons une dernière fois avant de s'échapper, nos polos retombant sans que rien ne soit révélé du mystère de nos pilosités respectives.

-" Alors?"

Mais Antoine tend à chacun son verre avec un sourire énigmatique et, ensemble, nous dégustons lentement le cépage aromatique sans qu'il ne cède en rien à nos prières muettes. Mais Damien se faisant plus pressant, il concède, en rosissant un soupçon.

- "C'est très différent ... et les deux sont très agréables."

Damien écarte ses bras pour nous rapprocher, puis il lève son verre et les nôtres tintent au contact du sien.

- "Messieurs, je vous propose de boire une gorgée pour réfléchir à la manière dont Antoine va nous départager."

Nos verres nous protègent tandis que nos regards malicieux sautillent de l'un à l'autre et je me sens devenir la cible de leurs convoitises conjuguées. Alors, d'un lever de coude, je termine rapidement mon verre et le repose sèchement sur le plateau. Ils m'imitent et l'atmosphère se fait plus épaisse, les souffles plus lourds. Mais adoptant un ton joyeux, je romps.

-" En fait, je suis le seul ici à tout ignorer de vos anatomies !"

Antoine écarte alors ses coudes et je l'entoure de mes bras, mes mains s'insinuent sous son tee-shirt et, mes yeux plongés dans les siens, je découvre sa peau étonnamment douce et, à ce qu'il me paraît, totalement glabre, une main dans le creux de son rein et l'autre devant, qui s'attarde sur son léger bidou élastique, puis plus haut sur son coffre bien découplé avec ses tétons soyeux qui se dressent dans le sifflement d'une aspiration dés le premier effleurement.

D'un coup, ma propre taille se voit enserrée par les bras de Damien dont le souffle ralentit à mon oreille. Ses deux mains grignotent mon polo, s'insinuent l'une dans mon dos, l'autre sur mon ventre et sitôt que leur chaleur atteint ma peau, il siffle.

-" Antoine ne va jamais pouvoir se résoudre à choisir."

Puis brusquement, ses deux mains encadrent mes joues et il applique ses lèvres sur les miennes en ventouse, en même temps qu'Antoine, relevant mon polo, enfouit son visage dans mes prairies.

Les yeux de Damien se fichent dans les miens tandis que, de la main, il presse la nuque d'Antoine qui me bécote en sautant d'un téton à l'autre et m'adresse un clin d'oeil.

-" Je pense que nous ne serons pas trop de deux pour rassasier cet indécis."

Son coup de menton semble me proposer un pacte que j'approuve d'un sourire entendu. Il arrache alors son propre polo et dévoile fièrement ses propres atouts pileux ; sur toute la largeur, noyant ses deux petits tétons foncés, une crinière sombre, lisse et dense nappe son torse depuis le haut jusqu'à sa ceinture et me contraint à la modestie.

Sa main en pince ramène le visage d'Antoine balayer son propre poitrail dans un lent aller- retour avant de le rendre à l'exploration du mien et sa main à la traine en profite pour retrousser son tee-shirt sur son dos. Damien m'invite d'un signe à achever de le lui retirer tandis que des deux bras, il enserre sa taille et, débouclant habilement la ceinture puis la braguette, il abaisse le chino, révélant la large ceinture rouge et blanc d'un jock-strap qui souligne les fermes collines d'un cul lisse à la peau claire.

De tous ses doigts et de son nez en mufle fouisseur, Antoine a relevé mon polo, pinçant au passage mes tétons entre ses lèvres, explorant mes aisselles que je lui ouvre complaisamment, ponctuant ma peau de coups de langue rapides, ce jusqu'à m'ôter totalement le vêtement, ses lèvres venant me baillonner aussitôt que l'encolure délivre les miennes.

Pour un baiser aussi ronflant qu'éperdu.

Pendant ce temps, ses mains s'éparpillent avec empressement dans mes modestes prairies. Les miennes lui rendent la monnaie en courant sur la peau satinée de son large dos dont je me régale ; mais se trouvant soudain compressées par le torse velu de Damien, elles s'effacent, laissant un Antoine extatique, se délecter d'être ainsi enfermé en sandwich entre nos deux toisons.

D'un seul mouvement, il se retourne pour embrasser goulument Damien, envoyant vivement son cul vers l'arrière, précisément dans mes deux paumes, opportunément ouvertes et à hauteur, qui viennent envelopper ces deux lobes précieux avec des précautions émerveillées.

J'en serais tombé à genoux, cédant à leur vénération si la main de Damien n'était venue m'en empêcher, retournant l'astre pour me donner à envisager, sur l'autre face, le rostre tendant le tissu rouge. Il m'entraîne avec lui dans une génuflexion en même temps qu'il étire le large élastique de ceinture, délivrant l'arc bandé et suintant qui aussitôt, bale de gauche à droite. Sa bouche, sa langue le disputent aux miennes et, regards complices, nous le lèchons, l'embrassons, le suçotons tantôt tour à tour, tantôt de concert, tout autant prétexte à presser nos lèvres les unes contre les autres, échanger nos salives, croiser nos langues, qu'à partager cette sucette vibrante et intégralement glabre. Ce pubis soigneusement débarrassé de tous ses poils me fascine et mes doigts s'attardent, caressant la peau fine et tendue ainsi dévoilée puis celle de ses couilles, froncée par des smoks en désordre.

La main de Damien m'a redressé et nos trois langues ont tricoté d'étranges et humides entrelacs épicés, les mains d'Antoine revenant fouailler dans nos poils quand les nôtres se partagent ses rondeurs d'albatre dont le satin m'ensorcelle, nos doigts dérapant dans de joyeux cafouillages jusqu'à son avenante corolle qui palpite.

Mais voilà que par un inattendu renversement d'alliance, mes deux compères s'unissent pour s'en prendre à moi, l'un soufflant à mon oreille.

-" Avec les occasionnels, on rend les précautions obligatoires et toi?"

Ma main plonge dans ma poche pour exhiber à leurs yeux approbateurs un des étuis protecteurs qui ne me quittent pas. C'est Antoine qui s'en empare et j'intercepte leur échange de regards entendus sans rien en déchiffrer puis quatre mains s'emploient à me dévétir en explorant par le menu mon anatomie. Une bouche m'engloutit alors somptueusement quand celle de Damien vient cueillir mes essoufflements éblouis d'une langue aiguisée. Il me glisse un "tu résistes ?" ironique qui me met au défi.

Je m'arrache alors résolument aux délices que me dispense un Antoine accroupi et dont je caressais le crâne poli comme un galet pour le retourner face à Damien. Les deux mains du premier accrochent aussitôt la ceinture du second que les miennes prennent à revers et, une fois la braguette déboutonnée, j'écarte la ceinture élastique du shorty, en dégage la ferme hampe que je pointe vers la bouche gourmande du chauve. Il l'aspire puis la pipe avec entrain, m'abandonnant la charge de dévoiler le cul, les cuisses, les mollets, pareillement assombris de poils raides, d'extraire les chevilles de mes doigts indiscrets et fureteurs, ma langue ponctuant sa peau de légères touches humides avant de s'élancer, conquérante flèche, au travers d'une broussaille touffue que mes mains imaginent soudain entrouvrir.

Incrédule, je lis dans un inespéré toucher de ma cible, si fugace que, peut-être, n'est-ce qu'une illusion qui m'abuse?- comme un possible, presqu'une promesse qui, aussitôt entrevue, s'évanouit, me plongeant dans un espoir improbable qui se verra pourtant, un instant plus tard, ravivé par une prunelle brillant de lubricité.

Mais il a redressé Antoine, relevé ses bras en maintenant ses mains croisées derrière la nuque, offrant son torse à ses tortures d'expert qui le clouent en martyr hébété, m'invitant à ajouter mes propres sévices voluptueux aux siens. Nous rivalisons de savoir-faire et d'acharnement sur les tendres tétons, les aisselles lisses, l'épiderme exempt de toute aspérité, merveilleusement satiné et fin, nous réjouissant de le découvrir se hérissant de picots, parcouru de frissons, secoué de suffocations, jusqu'à l'entendre geindre un nourrisson qui redoute de n'être pas rassasié bien qu'il tète à pleine bouche.

Damien, toujours en maitre de cérémonie, relève alors mes bras, disposant pareillement mes mains croisées derrière ma nuque, m'embrasse fugitivement les lèvres et me livre à la concupiscence d'Antoine qui me dévorait des yeux et dont, maintenant, les doigts, les ongles, les lèvres, la barbe, la langue, les dents m'accaparent, me couvrant de caresses, de lècheries, de bisous, d'égratignures, de mordillements, d'aspirations, de mille agaceries, d'autant de frissons vertigineux, de suaves effleurements, de ... Au fur et à mesure qu'il se plie et descend, mes mains délivrées le guident, enveloppant sa tête, jouant du contraste entre son crâne lisse et la brosse de sa courte barbe.

Soudain, Antoine sursaute puis, après une brève tétanie, plonge sur ma queue et l'engloutit goulument dans un éblouissant étui velouté qui me coupe la respiration.

Rouvrant les yeux, je découvre que Damien lui bouffe maintenant le cul avec une belle ardeur qui interrompt de temps à autre la pipe que sa victime me dispense dans un geignement éploré par dessus lequel nos yeux se rejoignent en complices. Ou est-ce plutôt en rivaux?

Damien se redresse et, pressant un flacon de lubrifiant que je ne lui avais pas vu jusqu'alors, il asperge le cul marmoréen contre lequel il vient frotter latéralement sa queue avant de la rabattre en bélier qui force l'huis puis de la ficher d'un sec coup de rein. Tout s'est arrêté, suspendu à la lente pénétration, au rythme de la ventilation profonde d'Antoine puis, lorsque celui-ci casse son rein et aspire à nouveau une profonde goulée d'air, Damien empoigne ses hanches et engage un souple balancement.

D'un coup, il l'a embroché d'un puissant élan, le retenant à deux mains solidement empalé.

- "Capote-le !"

En tatonnant, plié en deux, le souffle court, Antoine récupère le préservatif et le gel en haletant. Il m'équipe, huile toute l'envergure de ma bite qui se voit étroitement contrainte par le latex, en vérifie la tension en la rabattant d'un doigt qui ripe et elle vient, en retour, claquer contre mon ventre.

Il se dégage de Damien et vient alors poser ses avant-bras sur l'accotoir d'un des fauteuils, rein à l'équerre, jambes tendues ouvertes en triangle, offert. Ma main, majeur dressé en éperon, s'assure de la souple disponibilité de sa rosette épanouie quand celle de Damien, fidèle à ses prérogatives d'hôte décidément fort prévenant, m'astique en quelques aller-retour puis me guide vers l'antre accueillant. Sitôt niché, je n'ai qu'à me laisser peser sur cet oeillet hospitalier qui s'ouvre obligeamment, puis progresser lentement dans ce puits de douceur, suivre ce conduit qui s'ajuste somptueusement lorsque je l'investis, que je le comble, qui en frémit merveilleusement.

Antoine a gémi, et c'est d'aise.

Je rouvre les yeux pour découvrir que ceux de Damien m'observaient. Il me sourit.

- "Prends-le maintenant, il a bien gagné de goûter à ta queue."

A peine ai-je enclenché la mécanique à plaisir qu'il passe son bras autour de mes épaules et m'impose sa langue à laquelle la mienne se noue avec empressement tandis qu'il se masturbe au-dessus des belles fesses qu'en métronome, je ramène vigoureusement claquer contre mon pubis.

Rapidement, nos halètements cadencés se répondent et, le premier, Damien rugit, nous créditant de ses éclaboussures grasses. Je serre les dents et bloque le beau cul pour me carrer dans son profond, cherchant à percevoir dans cette étreinte, l'écho de nos pulsations vitales, à résister quelques secondes à la houle qui nous soulève avant de la libérer et de cingler mon partenaire qui cède, ronfle, tente de m'emprisonner en lui. Il est secoué en saccades par sa jouissance, chacune me comprime étroitement comme pour mieux faire fuser mon foutre qui pulse jusqu'à m'épuiser, jambes qui flageolent et étincelles derrière les paupières.

Damien se glisse entre nous, son bras à ma taille me serre contre sa fesse et, de l'autre, il soutient Antoine et le galoche en ronflant.

Puis Damien et moi nous écroulons, côte à côte, chacun dans un fauteuil avec des soupirs satisfaits et des sourires las. Antoine juche une fesse sur l'accotoir auprès de Damien, son coude glisse sur le dossier et sa main qui bade s'égare dans la toison de son torse.

Le temps de reprendre nos esprits, nous entamons de bavarder, comme de vieilles connaissances.

Damien et Antoine ne se sont rencontrés que quelques mois auparavant mais la rapide fluidité de leur entente a encouragé Damien à lui ouvrir ce refuge campagnard d'où il peut travailler à distance. Antoine, lui, rejoindra Paris demain dimanche et ils échangent devant moi un petit baiser d'amants complices.

Au regard lourd que Damien pose ensuite sur moi, je comprends qu'il me faudra patienter au moins jusque là.

Amical72

amical072@gmail.com

L'air obsédant des "baricades mistérieuses"

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