Premier épisode | Épisode précédent
5 | Baiser avec lui – Le récit de Jérôme.
Entre les bras de Julien qui m'encadrent et me soutiennent, je me détends après qu'il m'a envahi. Il m'attend. Il attend que je frémisse, que mon cul cligne, vibre autour de sa queue souveraine, s'ajuste et la gaine souplement, puis s'impatiente. Ses pognes en crochet sont devenues des papillons qui volètent, se posent, pincent, étirent.
Tout, dans son attitude, dans la douceur de ses mains qui m'encadrent, dans les précautions avec lesquelles elles m'enveloppent, tout m'indique combien il est attentif.
Rassuré par la totale confiance que je place en lui, j'abandonne toute retenue, je libère mon désir et m'effondre sur son rostre pour le happer, l'aspirer ; je rugis, je réclame, mon cul est un ogre.
Car s'il y en a un avec qui je peux crier cet enfantin désir d'absolu, celui de boire la mer et ses poissons, c'est bien Julien. Je sais qu'il n'utilisera pas cette déclaration ronflante d'idéal pour me piéger, qu'adossé au réflexe de cohérence interne qui m'interdirait de me renier après avoir promis la lune, il n'en profitera pas pour abuser de moi, en obtenant des privautés que je n'aurais pas acceptées sans celà, parce qu'elles sont dégradantes à mes propres yeux.
A entrevoir cette éventualité d'emprise, à évoquer ces abuseurs, je frémis d'indignation.
Non!
A deux mains, lui, Julien, me redresse, me fait reprendre souffle, me désigne l'horizon, cette ligne idéale ET inaccessible, utopique, vers laquelle nous ne cessons de tendre pourtant. Il m'enveloppe de tendresse et d'une sensualité douce, m'égratigne d'un frisson, d'un frôlement de barbe, d'un murmure sourd qui résonne. Encore une fois, il m'attend.
Et cette patience, ce presque effacement me ramène à "nous", non plus pour MON plaisir, pour mes seuls ressentis égoïstes, qui feraient de lui un instrument mais pour NOTRE plaisir, il devient un partenaire, avec qui s'instaure un échange généreux, une écoute attentive, un dialogue polyphonique. Qui ouvre à la richesse.
Baiser AVEC lui.
Je roule sur le dos, bras et jambes ouverts, battant l'air.
Et Julien s'engouffre dans cet espace à l'équilibre tremblotant comme un mirage, ouvert pour lui ; il se réassure sans cesse d'un regard, d'une patience.
Connectés en complices de jouissances, cherchant l'accord le plus juste, ou le plus discordant et inattendu mais toujours, celui qui va submerger l'autre, le suffoquer, l'emporter.
Quelque chose de fort, violent même.
Et le dire, le montrer, l'avouer comme une faiblesse parfois.
A l'autre, celui qui en est la cause, volontairement, et à qui on ne se soustrait pas cependant.
Il joue librement de sa queue et moi de mon cul qui la dévore, ou s'y oppose, chipote, l'enveloppe ou la compresse ... Il a tant de choses à dire, mon cul!
Sa bite orgueilleuse sait lui soutirer des miaulements, des éblouissements, des spasmes parfois mais il se reprend, se détend et s'ajuste.
Jusqu'à obtenir ce franchissement, ce point de non retour où il s'emballe, éperdu, halluciné, forcené, submergé par ses pulsions de vie.
En retour, mon poignet s'agite frénétiquement et je l'éclabousse, le baptise, l'asperge.
On se brasse, on s'étreint, on se congratule.
On rit. Car bien baiser nous rend joyeux !
Et tout est ensuite prétexte à prolonger ce moment, partager la douche, refaire le lit dévasté, préparer une solide collation parce que "ça" creuse, rester nus pour nous frôler, nous bousculer, nous enlacer.
Et rire.
De toute cette joie, de toute cette vie, de toute cette liberté chèrement conquise.
Amical72
amical072@gmail.com
Une bonne nouvelle, une bonne nouvelle matinale / Ah c’qu’elle est bonne, ah, c’qu’elle me donne le moral / un cadeau d’Noël avec deux ailes … Albin de la Simone reprend une chanson de Matthieu Boogaerts « Une bonne nouvelle »
Autres histoires de l'auteur :