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15 | Deux grands pieds. Le récit de Julien.
Mon téléphone, posé à côté de mon assiette sur la table où je prends un rapide déjeuner solitaire, vibre. Un message de Damien s'affiche : "Suis de retour à saint Martin avec un gros dossier. Tu veux passer boire un verre en fin d'am ?"
Spontanément, j'ai répondu "ok, avec plaisir".
En cette fin d'automne, j'ai commencé les labours, à tirer de grands traits sombres dans la terre, tâche ô combien monotone. Jérôme a ses enfants en garde et son boulot le tient éloigné des Chênaies. Or, les jours, uniformément gris, ont sévèrement raccourci et je ne dédaigne pas quelque amicale compagnie pour égayer des soirées humides qui peuvent, parfois, paraitre interminables.
Le jour est tombé quand je gare ma voiture sous le hangar, à côté du coupé cabriolet. A peine ai-je posé le pied sur la première marche que la porte s'ouvre devant moi. Je me hâte d'entrer et Damien la referme dans mon dos. Une douce chaleur m'enveloppe.
- "Tu as fait du feu!"
Je me retourne sur lui qui m'apparait pieds nus et en peignoir. Je hausse un sourcil aussi étonné qu'amusé, tout en retirant mes bottines, puis mes chaussettes par mimétisme. Il me sourit, barrant ses lèvres d'un index dressé pour m'intimer de l'écouter.
- "Cet après-midi, en prévision de ta visite, je suis allé au bourg faire quelques courses et, en sortant de la boulangerie, voilà que quelqu'un m'interpelle."
Il lève un bras fataliste, fait un moulinet de la main souligné par une moue évasive puis reprend, en souriant.
- " Quelqu'un que je connais... BIEN ! Je suppose que je ne suis pas absolument transparent quand je me rends au bourg, qu'on a pu repérer mes fréquentations et en déduire mes attirances !"
Damien s'est rapproché face à moi, posant sa main droite bien à plat sur mon torse. Sa voix se fait plus sourde.
-" Toujours est-il que dans les confidences qu'on échange facilement ensuite sur l'oreiller, cette personne m'a spontanément parlé de toi, m'a confié t'avoir encore croisé très récemment mais que ... tu ne lui as pas paru disposé à faire plus ample connaissance."
Damien se mord l'intérieur des joues.
-" Ce qui m'attristait autant que lui, d'autant qu'il est fort serviable, alors ..."
Sourcils froncés, je l'interpelle silencieusement du menton, intrigué. Il rit silencieusement, taquin, recule lentement en m'entraînant à sa suite mais il maintient sa main modératrice pressée sur mon sternum et me retient. Son regard m'indique où diriger mes propres yeux. Deux pas et le salon se dévoile à ma vue. Un des fauteuils, que je vois de dos, est occupé.
Deux grandes jambes nues et poilues terminées par de grands pieds croisés en flexion enjambent l'accotoir, dessinant des dents de scie. Le reste du corps est tassé sur l'assise et seul, un toupet bouclé chatain surmontant deux yeux clairs et inquiets dépasse, au ras du dossier.
Un rire de soulagement secoue alors mon ventre.
-" Bonjour David."
Amical72
amical072@gmail.com
Quand on lit "strike", on pense "grève" alors, "strike the viol" se voit rondement assimilé à un slogan féministe. ERREUR et faux-amis! Car le français "viol" se traduit quasi systématiquement par "rape" et, donc "strike the viol" par ... "pincez la viole" Oui, MAIS "Strike the viol, touch the lute (pincez la viole, touchez le luth) / wake the harp, inspire the flute (éveillez la harpe, enthousiasmez la flûte) / sing your patronesse's praise (chantez les louanges de votre sainte patronne) / sing, in cheerful and harmonious lays (chantez, avec de tendres et harmonieux vers)"
Dites-moi, ne serait-il pas un peu coquin ce Henry Purcell? Hétéro, peut-être, mais joyeux et coquin, assurément. Alors, "strike the viol"
Fin de la saison 20 /Suivez-vous toujours, sans vous perdre, les aventures de Julien dans son cheminement affectif, ses errements parfois ? Vous avez envie d’en parler ? Échangeons sur vos plaisirs de lecture, vos surprises, vos incompréhensions parfois.
Vos encouragements, tout autant que vos remarques, questions, suggestions alimentent cette entreprise d’écriture au long cours. Croyez bien que je les apprécie ... Exprimez-les, tous sont les bienvenus. Merci à tous ceux qui l’ont déjà fait, refait parfois. Je m’efforcerai de répondre à chacun d’entre vous aussi rapidement que possible.
La saison 21 est d’ores et déjà annoncée. Mais vous l’aviez compris.
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