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Agriculteur | S22 La chasse aux lapins

9 | Le dessert d’abord – Le récit de Julien.

- « Tu avais prévu quoi cet après-midi ? Moi, je bosse pas... »

Jambes emmêlées, les poils collés sur nos peaux par le foutre maintenant durci dont il nous a copieusement baptisés, David et moi roulons emmêlés sur le matelas après nos galipettes et il m’interroge, faux-innocent à l’œil étincelant.

- « Alors, que proposes-tu, jeune dévergondé? »

Il me regarde effrontément et rit, sans l’ombre du moindre remord.

- «Bon, si tu es dispo, on baise ! »

Sans répondre, je me jette voracement sur sa bouche pour une bataille de langues, un assaut de gourmandise, un vertige de fusion, des alternances de marées qui nous abandonnent, haletants et éblouis, échoués côte à côte dans les draps.

- « Mais d’abord ... »

Je saute du lit et, le saisissant par le poignet, l’entraîne à ma suite, direction la salle d’eau.

- « Petite toilette, au gant et à l’eau froide, histoire de décoller tes toisons mais sans dissiper ce fumet de stupre que capte mon nez, qui me permet de te suivre à la trace, jeune bouc en chaleur, hmmm ! Ensuite, un peu de crème réparatrice pour entretenir ce charmant trou du cul gourmand et le préparer à me régaler encore... »

Mon doigt veille à l’enduire copieusement et méthodiquement, ne négligeant aucun repli, pendant que je lui mordille la nuque et qu’il glousse, en garçon chatouilleux.

Il a tourné comme une toupie et lancé ses bras autour de mon cou. Sa volte face, si vive, me déséquilibre vers l’arrière et ce joli garçon retombe sur moi, me plaque au mur de tout son poids et m’embrasse goulûment avec des ronronnements de chat. Ma main droite se perd dans ses cheveux et la gauche épouse son flanc qu’il balaie depuis le ressaut de sa fesse. Elle remonte jusqu’à ce que mon pouce creuse la conque moite de son aisselle dont il fait crisser les poils.

Son bassin ondule, vient confronter son érection à la mienne et il entreprend de mordiller ma bouche. Je le repousse doucement et examine son visage ; ce léger balancement du chef, ses yeux mi-clos, sa langue qui aspire sa lèvre anticipent déjà la sidération du plaisir. J’en souris.

- « Bon, David ! Mais tu vas te la passer en bandoulière et patienter un peu. »

Je ris de le voir ainsi désarçonné alors je poursuis de l'air le plus raisonneur que je parviens à me composer.

- "Vois-tu, je me suis levé de bonne heure pour travailler, par là-dessus j'ai eu quelques émotions, alors maintenant, j'ai FAIM !"

Cette rationalité avec sa familière banalité lui rend son sourire et il opine du bonnet, prêt à s'élancer quand je l'arrête, ma main s'étant fermement emparée de son joli manche dressé, juste à ma portée.

- "Je ne déteste pas être accompagné d'un frais cabri bondissant dont je pourrais faire mon dessert. Savoir différer participe aussi de nos réjouissances."

De la pulpe de mon pouce, je lustre imperceptiblement son gland lubrifié par sa liqueur séminale et, malgré ses efforts pour paraître rester indifférent, j’obtiens un battement de paupières sur ses yeux troublés, une profonde aspiration d’air, presqu’un hoquet. Puis il se reprend et me sourit, des promesses traversant les prunelles sombres de ses yeux clairs, des serments de voyou impertinent, de canaille sans vergogne.

Je fronce les sourcils et le chasse d’une tape sur la fesse. Il s’enfuit les bras levés et me précède en direction de la cuisine, sautillant sur ses longues jambes minces, ses grands pieds claquant sur la tomette, en appétissant gibier qui se verrait pourchassé, se gardant hors de portée sans manifester d’autre frayeur qu’amusée, expression d’une jeunesse joyeuse qui sait saisir l’opportunité et profiter en toute insouciance d’un moment.

Un bien plaisant compagnon qui illumine ce jour de grisaille hivernale.

Je lance mon ragoût à réchauffer sur feu moyen, sans cesser de tourner, de crainte qu’il n’attache au fond de la marmite. David s’est campé à mon côté et m’interpelle du menton, les mains écartées pour me signifier qu’il veut se rendre utile. Je lui désigne les endroits où il va trouver les assiettes, les couverts, les verres, la planche à pain, … et il met le couvert en sifflotant. Maintenant que mon fricot mijote sans risque, je sors la terrine et ses cornichons.

- « À table ! »

Mais, au lieu de s’asseoir face à moi, ainsi qu’il a dressé la table, David tire la chaise à ma gauche et s’empare du bocal. Avec des gestes précis, il tranche quelques fines rondelles dans la baguette croustillante, les surmonte d’une lamelle de pâté, les agrémente d’un morceau de cornichon et les dispose en formant une fleur naïve au centre de mon assiette.

Puis, il se tourne vers moi et, malicieux, ajoute :

- « Servez-vous, monseigneur ! »

Je verse dans nos verres une lampée de cet honnête petit bordeaux qui fait mon ordinaire, lui tends le sien et lève le mien. Nous trinquons et, sans nous quitter des yeux, chacun avale une gorgée. Comme il me sourit, je l’incite du geste à se servir d’un toast mais au moment où il tend le bras vers l’assiette, moi, c’est son large téton soyeux que je saisis entre le pouce et l’index, et c’est pour l’étirer souplement, le rouler. Il oriente alors son buste incliné vers moi, fermant les yeux, entrouvrant ses lèvres sur une faible plainte.

- « Voyons David, nous sommes à table ! »

Il jette un coup d’œil circulaire puis reprend sa position.

- « Je ne vois personne qui nous regarde. »

Au moment où mes lèvres viennent effleurer les siennes, son bras glisse par dessous et s’empare de ma bite déjà figée au garde à vous … et qui n’attend que ça. Comme je darde une langue serpentine, en retour, ses doigts polissent délicatement sur la muqueuse de mon gland turgescent dans un frôlement si doux qu’un frisson remonte de mes reins le long de mon échine.

Mais alors que les choses me semblent prêtes à prendre tournure, David se redresse d’un bond et, un sourire de triomphe aux lèvres, sa queue brandie et bandée comme celle d’un bouc, il contourne ma chaise et va rejoindre sa place, de l’autre côté de la table, protégé par la large surface de bois dur.

D’un œil digne d’un petit salopard arrogant, il s’applique à me toiser de toute sa haute taille ! Je me retiens d’en rire mais il ne perd rien pour attendre.

Nous poursuivons le repas sans échanger un mot à part quelques « merci ». Mais nos yeux ne cessent de se croiser, de s’accrocher et de se retenir, de s’adresser des serments … ou se mettre au défi. David semble parfaitement à l’aise alors que c’est la première fois qu’il vient chez moi. Nulle trace de timidité non plus que d’étonnement, pas plus de curiosité ; aucune question. Rien ne semble le distraire de ce pourquoi il est venu ici, c’est … étrange et réducteur mais, à la fois, très facile et clair : il n’est venu QUE pour baiser. Et, désormais certain que je vais encore lui céder, il m’allume.

Effrontément.

Soyons clairs, c’est loin de m’être désagréable.

Ce joli barbu sur sa chaise qui adosse ses épaules, se composant un visage impassible qu’il m’offre de profil, sa main venant caresser sa nuque, coude relevé pour me dévoiler son aisselle et son téton à large aréole nimbé d’une mousse légère de poils clairs n’a assurément pas une plastique de marbre grec, mais sa fraîcheur, sa joie de vivre, son enthousiasme juvénile, son appétit agissent sur moi comme un baume. Un aphrodisiaque.

- « Café ? »

Par provocation, j’ai claironné la proposition, pour marquer la prééminence de ma bonne éducation, lui signifier combien je domine absolument mes pulsions, que mon détachement des tentations, mon entière liberté de choix me fera accepter son offre, … ou pas. C’est selon, comme le manifeste ostensiblement mon calme. Alors … ?

Il a conservé sa posture lascive, seul un vif aller-retour de ses yeux sur moi et un infime frémissement de la commissure de ses lèvres m’indiquent qu’il réfléchit au coup suivant.

Il se lève calmement de sa chaise. Comme sûr de lui, il fait deux pas résolus en direction de la chambre, s’arrête et lance par dessus son épaule :

- « Non, merci ; le dessert d’abord. »

Bien sûr, je cède et je le suis ! Quand j’entre à mon tour dans la chambre, il est étendu sur le lit que je contourne pour l’approcher. Il bascule assis au bord de la couche, tend le bras pour recueillir mes bourses dans le creux de sa paume et, tendant le cou, aspire lentement ma queue brûlante dans l’étui ajusté et délicieux de ses lèvres. Mes jambes en tremblent.

Dans le même temps, sa main tâtonne sur le chevet, il me capote habilement puis roule en arrière sur le dos, relevant les jambes, enroulant le rein, ses yeux et son sourire sont si éloquents que toute parole est superflue. Je le rejoins à quatre pattes et quand mes bras franchissent le V de ses cuisses, il les referme en pince dans mon dos ; ses mains guident délicatement mon vit que j’enfonce cérémonieusement en lui en même temps que ma langue dans sa bouche, béante dans le fouillis clair et doux de sa barbe.

Putain ! Quelle double plongée ! Toutes deux sont somptueuses, enivrantes même.

Mes reins se font lourds et ma langue entortille la sienne puis je me détache, me redresse, tendant les bras pour soulever mes épaules ; je bascule alors tout mon poids dans mon bassin, je voudrais que ma bite le cloue dans le même temps que ses entrailles cherchent à m’aspirer ; c’est une de ces tentatives désespérées de fusion. Ses mains s’accrochent à mes flancs comme pour m’attirer encore plus profondément en lui alors que je le regarde en surplomb, avec les sourcils froncés et les yeux clos de celui qui s’applique, avec sa bouche ouverte qui scande sa respiration, cet air résolu, presque forcené.

Puis il rouvre les yeux, les plante dans les miens pour accorder nos rythmes ; son souffle rauque et ses élans venant encourager mes lents aller-retour mesurés, retenus.

J’ai sauté au bas du lit. Solidement campé sur mes pieds, je l’ai ramené à moi d’une puissante traction des deux bras, placé son petit cul en porte à faux, relevant ses jambes à mes épaules pour admirer son étoile éprouvée qui palpite, sporadiquement. Sa main aux doigts réunis vient recouvrir ses parties pour les remonter vers son nombril ; ses jointures en blanchissent, étirant son périnée et dégageant son anus auréolé d’une couronne diaphane de poils fins et frisés. Il écarte ses cuisses autant que possible et mon membre gainé de ce latex vitreux que j’ai à nouveau lubrifié en quelques énergiques coups de poignet s’y enfonce lentement, horizontalement.

C’est étourdissant !

D’ailleurs David semble aussi suffoqué que moi, le cou en extension, sa glotte tressautant quand, suivant l’inversion entre intromission et retrait, il module sa plainte et déglutit. Sa main gauche s’est emparée de sa bite demi-molle et l’astique tandis que la droite fébrilement plaquée sur son périnée, l’étire, chassant ses couilles qui roulent d’un côté à l’autre.

Chaque permutation entre flux et reflux me laisse admirer l’élasticité de sa corolle entre les deux globes ronds et fermes de ses petites fesses et fait apparaître cette lisière d’un rose plus pâle qui cerne étroitement l’obus dilaté de ma queue qui se magnifie à fourrer les soieries d’un tel palais. La conscience aiguë de ma chance, de ce cadeau dispensé avec tant de générosité à la fois me gonfle d’orgueil et me pétrit d’humilité. Par ce simple et modeste balancement de mon bassin, je voudrais être capable de lui prodiguer pendant des heures ces frissons qui le parcourent en vagues et le secouent, pour l’entendre vagir doucement et soudain, crier, son sphincter serrant alors ma queue à l’étrangler.

Nous sommes remontés sur le matelas, lui, alangui, repose de trois quarts sur le flanc gauche, sa main droite maintenant sa cuisse relevée à la verticale, pour m’offrir un accès aisé à son paradis, moi, enroulé autour de son dos, guidant d’une main ma queue qui revient le remplir, il me remercie alors d’un soupir repu, ma tête s’infiltrant dans son cou pour, tour à tour, bâillonner sa bouche qu’il m’offre et l’envahir de ma langue ou lui glisser à l’oreille des propos salaces que seul les plaisirs éblouissants de notre accouplement autorisent. Il acquiesce d’un oui étranglé, sa langue venant en retour se lier à la mienne, ses lèvres buvant mon souffle. Son poignet gauche s’agite et je guette parmi ses sursauts, de plus en plus rapprochés, de plus en plus suspendus, celui qui signera sa reddition et autorisera ma propre extase en gerbes de feu d’artifice.

Il rit, je l’entends comme au travers d’un songe ouaté, ses mains balaient mon corps, le latex claque et sa bouche s’empare de ma queue flasque, la suçote. Joueur espiègle, il revient m’embrasser, me chevauchant à demi, l’œil goguenard.

- « Ça va ? »

Comme j’opine du chef, il se laisse lourdement retomber sur le matelas,les bras croisés par dessus la tête, dans un profond soupir satisfait.

- « Finalement, c’est avec les mecs de ton âge, comme Damien, que je préfère baiser, d’abord vous savez me faire vraiment délirer et ensuite, avec vous, c’est simple. Il n’y a pas toutes ces embrouilles, ces « je veux pas que ça se sache », toutes ces complications ... »

C’est mon tour de glousser, dans un réflexe de défense ; pour dissimuler d’abord que sa rapide assimilation qui lui fait m’attribuer le même âge qu’à Damien est un peu rude à avaler, ensuite parce que son prosaïsme dénué de tout romantisme, son attitude de glouton qui se repaît mais ne sait pas s’en réjouir ensuite, brise la fragile magie de « l’instant d’après », celui où, en amants repus, on se reconnaît, on se congratule, on s’attendrit parfois.

Je suis un incurable sentimental.

Alors je me corrige, je m’adapte à la vision de mon « partenaire »

- « J’espère que la façon directe dont je t’ai abordé devant le bistrot n’aura pas mis la puce à l’oreille de ton copain, qu’il ne formera aucun doute sur tes penchants. »

David éclate alors d’un grand rire.

Amical72

amical072@gmail.com

« Ici, on peut apporter ses baisers » c’est le café du canal

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