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15 | Douce pénitence – Récit à trois voix
Le récit de Julien.
- " Console-moi, s'il te plaît Julien."
Quand, après sa confidence, Jérôme relève vers moi son front plissé, ses yeux douloureux et suppliants, j'ouvre mes deux mains en coupe et saisis sa tête comme pour l'élever en oblation aux cieux. Il ferme les yeux quand je me penche sur lui et je pique alors son visage de petits bisous comme autant d'offrandes, aussi légers que le frôlement d'une aile de papillon, de ceux que l'on distribue abondamment aux enfants pour dissiper leur chagrin.
Sous ce flot de douceur dont je l'enveloppe, il se détend, presqu'instantanément ; sa nuque se fait souple entre mes mains, ma langue pointe alors entre mes lèvres pour ajouter ça et là une brève touche humide sur sa peau, sur son front redevenu lisse, ses pommettes, sur son nez, la pointe, les ailes, au coin de ses lèvres entre la brosse de sa moustache et sa barbe, sur ses paupières, dans le labyrinthe de ses oreilles, sur ses tempes, son ...
Ses doigts se sont refermés en étau sous mon occiput et sa bouche retrouve la mienne que sa langue enfonce pour se nouer à la mienne dans une étreinte urgente et fusionnelle. La ceinture de nos peignoirs se desserre, le tissu glisse de nos épaules pour tomber en amas mou à nos pieds et nos brassées pressent nos corps nus l'un contre l'autre, faisant crisser nos poils, s'affronter nos virilités dressées et poisseuses, dans un grognement rauque, un ronflement impatient.
Et, soudain, me vient l'envie d'avaler son joli sceptre brandi dans son fouillis pileux un peu rêche, de m'en goinfrer jusqu'aux amygdales pour l'entendre exhaler tout l'air de ses poumons dans un soupir d'anéantissement, une libération salvatrice, de le sentir se dresser sur ses orteils pour tenter de résister à la caresse magistrale, ses mains s'agrippant à moi pour, tout à la fois, m'écarter et me maintenir ...
Mais quand j'abandonne ses lèvres et veux céder sur mes jambes, il me retient d'une main, l'autre effaçant sa tige tandis qu'il vient souffler à mon oreille.
- " Oublie-la, cette orgueilleuse, elle ne s'est que trop régalée du grand David cet après-midi."
Mes yeux croisent l'eau claire des siens et ses lèvres articulent silencieusement "prends-moi" avant de s'épanouir en sourire canaille et implorant à la fois.
Sacré petit taureau musculeux et bourru au coeur fondant de caramel tendre.
Pour obtenir la rémission de mon fichu pêché de maladresse, il m'offre une bien douce pénitence ; aussi je veux consacrer tout mon savoir-faire à sa félicité, puisqu'il m'enjoint de l'aider à surmonter ce moment déchirant où le père gay est renié par le fils.
Tout en l'embrassant, partout et sans relâche, je l'entraîne jusqu'à la chambre, découvrant que, par délicatesse, il a changé les draps après ses ébats avec David. Mais en ce moment, il est l'objet de toutes mes attentions, homme au coeur blessé sur qui mes caresses déposent un baume d'affection, d'attention, d'estime et qui s'en restaure en soupirant.
Il roule sur le drap frais et tendu, s'offrant sans pudeur, frissonnant et vagissant sans retenue, sursautant dans un sanglot étranglé à chacune de mes audaces, exigeant sans cesse d'autres éblouissements que je m'empresse de lui servir, inquiet de jamais parvenir à le rassasier.
Posé comme un chevalet en appui sur ses coudes et ses genoux, il ondule de sa croupe ronde et velue qui s'ouvre comme une grenade et, à cette invitation, ma langue cavalière s'engage sans plus attendre dans la fissure qui s'élargit, en dévale les rives, farfouillant dans ses broussailles pour se délecter d'éclats de peau glabre puis fondre sur cet oeillet plissé, serré qu'elle titille de la pointe pour le provoquer, le sentir s'épanouir, pesant lourdement sur lui pour en exiger l'épanouissement. Mes lèvres l'embrassent, le suçotent, le têtent tandis que ma langue s'y insinue en frétillant, le préparant pour mon index qui le perce.
Jérôme a crié, s'est contracté puis détendu à nouveau et il vient chercher mon doigt qui va et vient souplement en lui quand, de mon autre main, de ma bouche, je caresse, pétris, embrasse, mordille alentours, comme pour le distraire de ce mouvement mécanique.
Je suis revenu détremper sa corolle maintenant souple et le ballet de mes doigts reprend, pour lequel il déploie ses soiries, creuse sa caverne ou se referme pour les emprisonner.
J'ai tendu le bras vers le chevet mais sa main m'arrête.
- "Mon dernier test est négatif ..."
Je ne veux pas. Ma gorge se noue. Je ne peux PAS faire d'accroc à la règle que je me suis fixée il y a si longtemps pour une question de vie ou de mort et qui soutient rigoureusement ma conduite depuis lors ; pas avec lui qui est éclopé, pas en ce moment où, attendri, je suis exposé et, donc, doublement vulnérable. Comment pourrai-je relever la tête ensuite ?
Mais je ne veux pas le blesser non plus.
Je rabats ma main tendue sur son ventre pour le redresser et plaquer mon torse à ses côtes ; je plonge dans son cou, l'érafle de ma barbe, le lèche pour apaiser l'égratignure, lui murmure à l'oreille.
- "J'ai beaucoup chassé dernièrement et ne suis pas aussi sûr de moi."
Il a cassé sa nuque vers l'arrière dans une exhalaison sonore quand j'ai sauvagement froissé son pavillon et je me suis prestement capoté à la suite. Avec le lubrifiant, mes doigts ont achevé de le suffoquer et mes lèvres se sont posées à la commissure des siennes pour mendier son autorisation.
- "Maintenant ?"
Son "oui" est précipité d'impatience et nous roulons tous deux sur le flanc, en cuillers, jambes emmêlées. Je relève sa cuisse à l'équerre et revient guider mon dard qui s'introduit lentement, sans a-coups tandis qu'il marmonne interminablement "oui, oui, oui" pour soutenir cette lente et douce glissade qui le remplit.
Nos dos se cambrent, un de nos pieds crochète chacun un mollet dans une irréductible crispation qui verrouille notre imbrication, je sens les battements de son coeur résonner dans son conduit qui enserre très exactement ma queue. Sa tête pivote vers moi et nos bouches se soudent, nos langues se nouent, ma main le maintient tout contre moi, mes doigts batifolant négligemment dans ses prairies, étirant l'un ou l'autre de ses tétons, dans un enchevêtrement qui nous soude.
Ses lèvres se détachent et il souffle : "baise-moi !" avant de basculer sur le ventre.
Mais, encore une fois, je ne veux pas.
Je ne veux pas le voir s'écraser, le visage dans le matelas pendant que je le besogne laborieusement. Je le veux fier. Alors je renverse énergiquement les positions, cale mon rein sur un oreiller et exhibe ma queue capotée pointant vers le ciel comme une fusée sur le pas de tir.
- "Viens plutôt la dévorer en goinfre !"
Il a souri, mandibule avancée, s'est hissé sur un genou. Au passage, j'engloutis sa demi-molle jusqu'à lui rendre sa fierté tout en entretenant sa disponibilité avec deux doigts et, d'un coup de menton, je le mets au défi.
- "Fais-toi jouir, beau papa pédé."
Il m'enjambe, s'accroupit en guidant du bout des doigts ma flèche sur laquelle il s'empale lentement et avec délectation, bouche entrouverte, paupières froncées.
Qu'il est touchant dans la quête déterminée de son plaisir !
Il creuse son ventre, enserre ma taille de ses solides jambes poilues, recule ses épaules puis ouvre ses yeux d'ogre, mâchoires serrées ; son bras droit le retient à mon cou, sa main gauche astique sa jolie tige suintante et il roule du bassin, voracement, pour se caresser sur ma queue qui l'arme. Mes mains le contiennent, le cajolent, l'encouragent et, de ma gorge, émane une mélodie rauque et syncopée. Je bloque mon bassin, éperon brandi sur lequel il vient se dresser, comme une coque poussée sur un rocher par une houle de plus en plus rude.
Jusqu'au cri, un grognement qui s'achève en plainte.
Des spasmes font tressauter son diaphragme et, son conduit se refermant sur mon propre épieu qu'il comprime sévérement, il nous baptise au hasard.
D'un coup, il s'écroule et me libère. Je bondis, arrache la fine membrane de latex et, le surplombant de mon bassin projeté vers l'avant, mon poignet s'active farouchement pour le rejoindre dans l'extase, enfin. Il se laisse complaisamment asperger à son tour puis, d'une pirouette, engloutit ma queue flasque pour en exprimer jusqu'à la dernière goutte dans une succion qui me foudroie. Il roule sur moi, m'embrasse dans un partage de nos fluides qui nous engluent, puis il m'immobilise de sa masse à cheval.
- "C'est avec toi que j'aurais dû faire des enfants."
Et nous nous galochons somptueusement, longuement, voluptueusement, un baiser goulu entrecoupé par nos deux rires. Heureux et fraternels.
"Le plastique, c’est fantastique / le caoutchouc, super doux / nous l’affirmons sans complexe / nous sommes adeptes du latex »
Amical72
amical072@gmail.com
Fin de la saison 23 /Suivez-vous toujours, sans vous perdre, les aventures de Julien dans son cheminement affectif tortueux, ses errements parfois ? En vingt-trois saisons, forcément, on croise beaucoup de personnages, on les perd, on les oublie puis ils ressurgissent … et ce n’est pas fini ! La saison 24 est d’ores et déjà annoncée. Mais vous l’aviez compris !
Alors, échangeons sur vos plaisirs de lecture, mais aussi sur vos surprises, vos incompréhensions parfois. Vos encouragements, tout autant que vos remarques, questions, suggestions alimentent cette entreprise au long cours. Croyez bien que je les apprécie ...
Exprimez-les, tous sont les bienvenus et alimentent l’écriture. Merci à tous ceux qui l’ont déjà fait, refait parfois. Je m’efforcerai de répondre à chacun d’entre vous aussi rapidement que possible.
( À BIENTÔT)
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