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Premier épisode | Épisode précédent

Le chef de chantier -05

Certes, j'ai toujours éprouvé un grand plaisir quand Abel me possédait, mais c'était bien davantage par l'effet miroir de son plaisir que par le mien propre. Sentir son haleine brûlante sur ma joue, ma nuque et mes épaules me transportaient ailleurs.
Voir son superbe torse incliné sur moi tandis que sa queue sondait mon trou pour lui faire connaître l'inconnu de mes sens, m'anéantissait.
Mais c'était ainsi parce que c'était lui. À nul autre que lui, je n'ai jamais pu donner mon cul.

Abel le savait mieux que moi. Son instinct lui avait déjà dit que s'il avait été le premier homme à me baiser, il serait probablement le dernier. Il avait raison.

Notre relation a duré presque quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort. Les deux premières années furent des années de passion physique paroxysmique.

Nous avions décidé d'un commun accord de ne pas vivre ensemble mais nous avions échangé les clefs de nos domiciles. Chez moi, il disposait d'une grande chambre située auprès de la mienne. Chez lui, il m'avait ordonné de me sentir comme chez moi et je dormais avec lui. Pendant mes absences, il s'installait chez moi pour veiller sur Clara et Tango.
Étonnamment, Clara ne s'était pas formalisé de mon changement de cap et avait adopté Abel qu'elle chouchoutait outrageusement. Quant à Tango, n'en parlons pas, il ne quittait pas son pote d'une semelle car depuis le jour où le beau motard avait débarqué avec une bouteille de Chivas à la main, leurs rapports étaient devenus quasiment fusionnels.

Les muscles d'Abel, ce n'était pas de la gonflette.
Moi, j'avais modelé mes muscles dans des salles de gym climatisées tandis que lui, il avait forgé les siens dans de pénibles travaux de maçonnerie, dans le froid de l'hiver et la chaleur de l'été. Il était d'une extraordinaire endurance, C'était un roc.

Nous nous affrontions dans des combats de lutte parfois violents. C'était notre manière à nous de régler nos comptes. Prenant pour prétexte la plus insignifiante des disputes, nous nous lancions le défi d'un combat corps à corps afin de déterminer celui qui avait tort ou raison.
C'était le duel judiciaire du Moyen Âge, revu et corrigé. C'était très débile mais chaud.

Nous luttions nus. Toutes les prises et les coups étaient permis, sauf au visage, à la tête, au cou et aux couilles... sans ces restrictions, l'un de nous deux serait probablement mort !
Nous nous tordions réciproquement les membres comme des bretzels et nous balancions des coups de poing dans les abdos à crever un matelas.

Et même si nos forces s'égalaient, l'endurance d'Abel surpassait la mienne.
Bien souvent, il consentait à ma victoire en se laissant terrasser. Il aimait ma tendre cruauté.
Alors, commençaient des séances que le marquis de Sade n'aurait pas désapprouvées.
Car la règle était que le vainqueur pouvait disposer du vaincu à merci pendant une heure.
Simpliste mais très marrant. On ne se faisait pas de cadeau !

Nous ne manquions pas d'imagination pour ligoter le pauvre vaincu dans des postures bien souvent éprouvantes. Abel n'était pas le plus cruel de nous deux, mais moi, j'étais un vrai salaud. Je lui ai même infligé des suspensions qui me permettaient de le traire jusqu'à sec.
Les poutres de la charpente du grenier étaient idéales pour ce genre de divertissement.

Quand, à mon grand dépit, j'étais vaincu et devais me soumettre à la loi du plus fort :
Il m'attachait en X sur le grand lit de ma chambre. Poignets et chevilles attachés aux quatre coins du lit.
Il m'ornait les mamelons avec de sévères pinces à seins japonaises parce qu'il savait que je détestais cela. Il m'enfilait ensuite le plus gros plug que je pouvais supporter, en se régalant de mes vaines protestations. À la fin de ces préparatifs, il s'amusait un bon moment avec ma queue et mes couilles. Panachant avec science, douleur et plaisir.
Quand il estimait qu'il m'avait suffisamment perturbé, il m'enfourchait pour s'empaler sur mon grand sexe vertical, gainé de latex et submergé de gel.
Chevauché par ce cavalier au torse bardé de muscles, je triquais comme un taureau en rut.

Pesant de tout son poids sur mes hanches, il saisissait la chaînette qui reliait les deux pinces à seins et la tiraillait sans aucun ménagement. Il ne lui manquait plus que les éperons.
Je cambrais en vain le torse pour atténuer la douloureuse traction que subissaient mes tétons.
De sa belle voix chaude, Abel m'ordonnait alors de lui pistonner le cul. Il me fallait faire appel à toute ma force pour le soulever et le pénétrer à grands coups de reins tandis qu'il se branlait tranquillement sur moi. Il m'accordait de temps à autre un bon coup de poing dans les abdos et sur les pectoraux. C'était exténuant.
Cependant, je remplissais toujours scrupuleusement ma tâche de looser en lui pilonnant le fion de toute ma virile énergie.
Quand, enfin, son foutre jaillissait sur ma poitrine et mon visage, je défaillais de plaisir et d'épuisement en déchargeant comme une bête.
De son regard nocturne, il scrutait ma défaite avant de se pencher sur moi pour me donner un long baiser qu'il chargeait abondamment de son sperme savoureux.
Abel restait assis sur moi tant que ma bite était dure. Quelquefois, cela durait un moment avant que cette enfoirée de queue ne démissionne. Alors, Abel me branlait avec son cul et je gémissais sans honte, vaincu, vidé.

Mais... quand je parvenais à vaincre mon bel adversaire. Je plongeais dans ses yeux un regard plein de menaces. Il y répondait par un soupir résigné. Il savait ce qui l'attendait.

Abel aimait jouir dans la douleur et je pense l'avoir souvent comblé à défaut d'avoir su bien l'aimer. Mais nous reviendrons plus tard sur mon échec.

À tous ceux qui ont pris le train en marche et qui s'offusquent hypocritement de tant de violence, je signale que je suis un sadique, gentil certes, mais sadique quand même.
Que les âmes sensibles descendent à la prochaine station.
Quant à ceux qui se rabotent le cul et les couilles en rêvant leur propre martyre en classe pullman, qu'ils restent assis au fond du wagon en ouvrant bien grand leurs oreilles de petits vicieux refoulés et surtout qu'ils ferment leur gueule ! Je continue...

Abel n'était pas un masochiste comme vous pourriez le croire. C'était bien plus compliqué que cela. Abel était un homme trop curieux des capacités de son corps de bronze.
Sa résilience prodigieuse sans cesse traquée par son exigence orgueilleuse l'amenait parfois à certains excès. Véritable gladiateur du sexe, il exigeait de son corps une totale soumission à ses pulsions ténébreuses.
Abel était l'homme de tous les challenges sexuels.

Abel m'avait choisi bien davantage que je ne l'avais séduit. Il avait perçu en moi un partenaire d'une curiosité perverse, équipé d'un gros potentiel de sadisme qui l'aiderait à satisfaire ses fantasmes. J'étais probablement son instrument autant qu'il était le mien.
Il me manipulait parce que je le voulais bien et que ses demandes correspondaient parfaitement à mes secrets désirs. C'était, entre nous deux, une rare alchimie qui s'accomplissait dans la discrétion isolée de notre complicité.

Mes rapports avec Abel, ne furent jamais ceux du maître et de l'esclave.
Cela aurait été bien trop banal, bien trop facile pour nous.
Nous étions tout simplement deux jeunes hommes complices qui recherchaient l'écho de leur plaisir dans le corps de l'autre. Pas de hiérarchie, les rôles s'interchangeaient sans cesse.

Dans le grenier d'Abel nous avions bricolé. Nous avions vissé quatre gros pitons équidistants dans une poutre et dans le plancher. Ces pitons permettaient, à l'aide de quatre bracelets de cuir et de quatre mousquetons, d'attacher un homme en X.
Après avoir ainsi écartelé le beau chef de chantier, je lui lestais les couilles d'un kilo de fonte et lui garnissais les pectoraux de pinces à seins avant de lui boxer les abdos jusqu'à l'orgasme.
Abel était un fana de " gut punsching ", et ma foi, cela me convenait fort bien.
Quand mon punching ball humain était tout ramolli et qu'il avait enfin balancé sa sauce sur le plancher, je l'enculais brutalement - toujours attaché - pour le soulever du sol par de grands coups de reins furieux. Tout autre que lui aurait jeté l'éponge.

Il ne faut pas croire que nos rapports physiques étaient toujours aussi brutaux.
Fort heureusement pour notre santé physique et psychique, la majorité de nos étreintes étaient classiquement celles des amants avides du corps de l'autre.

Quand Abel sortait de la douche, dense et ruisselant, la taille gainée de muscles mouvants et les épaules arrondis par les efforts d'une longue journée de travail. J'étais toujours partagé entre mon désir de m'abreuver de lui et ma volonté de le laisser se reposer.
J'étais très égoïste et lui, était très généreux.
Seul, Lucifer peut me comprendre. Plus mon amant était fatigué, plus mon désir était grand.

Nos bouches s'entredévoraient alors que nos membres s'entremêlaient en des luttes lentes et lascives. Nos mains savaient dessiner le mot tendresse sur la peau de l'autre et nos lèvres savaient capturer délicatement sa pomme d'Adam.
Nous nous abandonnions l'un à l'autre dans une réciprocité sensuelle qui nous emportait dans vers d'intenses jouissances que nous voulions sans cesse renouveler. Était-ce cela l'amour ?
Cela ne m'intéresse plus à le savoir.
J'ai seulement gardé le souvenir de deux corps étendus sur un grand lit qui naviguait sur un océan d'extase éphémère.

Les travaux d'agrandissement furent rapidement achevés et l'équipe de maçons s'envola avec Abel vers d'autres chantiers. Cela me serra le coeur de ne plus voir Abel durant la journée.
Nous nous retrouvions pendant les week-ends soit chez lui, soit chez moi.

Mon divorce fut rapidement prononcé car mon ex-épouse avait hâte de pouvoir disposer de la rondelette pension alimentaire que je lui avais accordée. Son amour avait un prix.
Bien que je sois un affreux macho, il m'arrivait parfois d'avoir des faiblesses.
Ainsi, après avoir été rafistolée par les meilleurs chirurgiens qui se puissent trouver, Sylvie se lança dans sa nouvelle vie ; plus jolie, plus blonde et plus sotte que jamais.
(au volant d'une troisième Porsche)
Elle s'installa sur la Croisette et captura un prince saoudien qui la couvrit de bijoux... et de sacs à main. Un vrai conte de fées !

J'étais libre. Enfin, je le pensais... J'avais pourtant déjà choppé le virus Abel.
J'avais toujours, jusqu'alors, maîtrisé mes sentiments avec la fermeté d'un cavalier confirmé mais cette fois-ci, j'avais enfourché un étalon indomptable... et à cru, de surcroît !
J'allais me prendre une gamelle monumentale.

N'allez pas croire, bande d'obsédés de la braguette, que je ne faisais que forniquer du matin au soir. Mes responsabilités et la gérance de mes affaires, m'obligeaient à de fréquents déplacements, parfois longs. Abel me manquait alors beaucoup.
Nos coups de téléphone quotidiens me remplissaient de bonheur.

Je savais bien que mon bel Abel ne faisait pas du tricot en m'attendant.
Non, je n'étais pas né de la dernière pluie.
Sa mâle vitalité ne pouvait absolument pas se résigner à l'abstinence. Je ne pouvais pas lui en vouloir puisque dans nos tacites accords, il n'y avait pas celui de la fidélité mutuelle.
Deux bombes de testostérone se faisant réciproque promesse de fidélité tiendrait de l'utopie... voire du grand guignol.

Pour ma part, je n'avais aucun mérite à lui rester fidèle par le fait que j'étais devenu incapable de baiser avec toute autre personne que lui.
Quand cela me pesait trop, j'allais me défouler dans des salles de gym et le soir, je m'astiquais vigoureusement la colonne en pensant à lui.
À lui, à son corps d'écorché et à son sourire de loup, j'ai dédié des décilitres de foutre

La seule exception fut un garçon d'étage dans un hôtel de Hong Kong. C'était le sosie de Bruce Lee. Petit, ardent et endurant. Il avait des muscles d'acier et un cul digne de figurer dans une galerie d'art. Je l'ai ramoné comme un sauvage à deux reprises.
J'ai le souvenir chaud de mes doigts plantés dans sa taille incroyablement mince et musclée.
Sous mes coups de bélier, il est resté parfaitement silencieux. Seuls, son rictus et ses yeux révulsés me faisaient comprendre que ma grosse queue de brute faisait des ravages dans ses solides petits boyaux. J'aurais pu le fendre en deux sans qu'il émette la moindre plainte.

À mes retours, je retrouvais un Abel volcanique qui se jetait sur moi en me glissant dans l'oreille toutes sortes de suggestions sexuelles plus torrides les unes que les autres.

À part l'uro et le scato, tout y passa. Mais avec le temps mes gestes s'adoucirent et je pris, peu à peu, plus de plaisir à caresser le corps de mon amant qu'à le tordre et le meurtrir.
Cela ne convint pas à Abel.

Romain

alain.romain@orange.fr

Suite de l'histoire

TOP AUTEUR 2020 ROMAIN

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