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3 | Une promesse
Le récit de Julien
La main sur la poignée du réfrigérateur, je lui demande:
- " Qu'est-ce que je te sers?"
- "Comme toi, s'il te plaît."
J'ai sorti la bouteille d'eau gazeuse et deux grands verres que j'ai remplis. J'ai bu une grande rasade en le regardant approcher. Il s'arrête en chemin, à hauteur du canapé et regarde par la fenêtre. Nu, il croise ses mains devant son sexe.
- "Tu as peur que je voie ta bite?"
Il hausse les épaules, désigne l'extérieur d'un coup de menton.
- "Les rideaux sont ouverts ..."
- "Il y a peu de badauds ici et je n'ai jamais honte des jolis poilus qui me tiennent compagnie chez moi. Ils sont plutôt rares, d'ailleurs."
Je l'examine avec attention. Je lui donne un début de trentaine, il est à peine moins grand que moi, solidement bâti avec de belles épaules, une musculature sèche sans être marquée, cette jolie peau douce et un peu mate. Ses cheveux très courts, sa barbe, ses poils ras sont si bruns qu'ils paraissent noirs, son visage anguleux aux yeux sombres s'illumine quand il sourit, un joli garçon vraiment ...
Mais sans rien d'exceptionnel non plus ... Alors qu'est-ce qui fait que je m'arrête sur lui, quel est ce mystère de la séduction qui me fait le regarder, lui, comme un objet de désir, qui me pousse à coller mes lèvres aux siennes, qui me fait bander pour son petit cul ferme, pour lui, ... et pas pour d'autres? Ce mystère que je ne veux pas vraiment résoudre me laisse un sourire ...
Il a perçu le poids de mon regard sur lui et ça l'embarrasse, visiblement. Ses yeux vont et viennent, il se tourne en tous sens en approchant.
- "C'est sympa chez toi, on se croirait pas chez un paysan."
- "Tu veux déjà t'installer ou on continue de faire un peu connaissance auparavant?"
Il a éludé en s'emparant de son verre et il boit, lentement. Du bout des doigts, je caresse la jolie peau de son dos, vraiment très douce d'ailleurs, sans le quitter des yeux, souriant de l'inconfort que je sais lui imposer à cet instant.
Il a reposé son verre sur la table, pivote face à moi et son regard décidé affronte le mien. Sa main s'empare de ma queue et la caresse souplement.
- "A ton service!"
Son ton martial achève de me faire sourire.
- "Je te regarde parce que je te trouve joli garçon ... et désirable comme tu le constates ..."
Il a cédé sous le compliment, a légèrement baissé les yeux, encore gêné mais probablement un peu rassuré. Je vois son corps hésiter et j'ai soudain envie de le bousculer, de le fragiliser, de le voir vulnérable pour qu'il doive se raccrocher à mes caresses comme à une bouée, que ce soit mes attentions qui le tranquilisent.
- "Tu préfères bien être passif ?"
Ce n'est pas une question, plutôt une demande pressante de confirmation. Et une provocation. Comme je m'y attendais, il s'est redressé, piqué, l'oeil assombri.
- "Pas du tout! Je l'ai bien baisé, ton jeunot! ..."
Mais sa voix s'est brusquement éteinte, son regard a flanché.
- "En fait, je crois que j'aime surtout qu'on me guide, j'aime faire ce qu'on attend de moi, parvenir à satisfaire mon partenaire me rassure, mais ..."
Il a cassé sa nuque, serré ses masséters et pincé les lèvres.
Voilà! Quel sixième sens m'a indiqué d'ainsi l'acculer dans ses derniers retranchements pour qu'il se découvre ? Qu'il m'indique sa faille? Je sais désormais où sa chair est à vif et où je devrai rester prudent. De mon poing sous son menton, je l'ai redressé et ramené son regard farouche dans le mien. Je m'applique à garder la constance de mon sourire, une évidente bienveillance dans mon regard pour contrer cette mine soudain durcie.
- "Oh oh! Je vois que ce sujet frappe des cordes bien sensibles ... et je me garderai bien de m'y aventurer, c'est pas mon trip. Non, moi j'aime conduire, oui, mais comme quand on danse en couple, il faut apprendre à s'accorder sinon on se marche sur les pieds! Or je ne trouve vraiment mon plaisir que s'il est partagé."
Je me suis brusquement penché vers lui, les lèvres à son oreille.
- "J'ai adoré te faire reluire tout à l'heure, te regarder céder à mes caresses m'a presqu'autant réjoui que si moi, j'avais éjaculé."
Je me redresse et constate avec malice que mes paroles ont bien produit l'effet escompté, que malgré sa tentative de le retenir, son demi sourire retrousse irrépressiblement sa joue d'un rictus pourtant éloquent.
- "Je ne déteste pas l'idée que tu me doives une fière chandelle, toi. Alors on va patienter un peu, te laisser le temps de réfléchir pour trouver comment tu vas payer ta dette au mieux."
Il a pouffé, haussé les épaules et je l'ai attrapé, vivement attiré à moi. Tiens! Il a deviné que j'avais envie de l'embrasser et se jette à mon cou. Hmmm, sa langue s'est déliée et fatigue une bien savoureuse salade. Il a un petit rire.
- "Avec toi, je me sens chaud comme la braise."
Que voilà un constat qui sonne bien agréablement à mes oreilles, comme une promesse! Si ce garçon a de l'appétit, cela ne peut augurer que d'une soirée bien coquine. Exactement la meilleure conclusion que j'aurais pu imaginer à cette journée de vacances!
Amical72
amical072@gmail.com
* "Et moi je suis un homme / Qui aime bien ce genre de jeu / N'aime pas les nonnes / Et j'en suis tombé amoureux / (Pa-ya-pa-pa, pa-pa-ya-pa) Renan Luce chante la lettre
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