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Agriculteur | S15 Joris

13 | Un trésor – Le récit de Joris

En quelques jours, j’ai repoussé l’horizon à l’infini ; à la suite d’un évènement majeur pour moi : j’ai enfin fait l’expérience de la sodomie.

Or ce qui pouvait m’apparaître auparavant comme un objectif n’est, aujourd’hui, qu’un commencement, celui d’une pratique dont j’ai découvert qu’elle ouvre à des vertiges, à des suffocations ; je ne rêve désormais que d’en explorer les limites, les règles, les accessoires …

Comme ce jock-strap qui entoure ma taille et souligne mes fesses, encadre ce que je regardais auparavant comme un boulet, un vulgaire gros cul mais qui semble pourtant fasciner certains hommes, pour peu que je sache faire …

Et je veux apprendre !

Je veux sentir d’autres mains le polir, des mains d’hommes, puissantes, pleines de doigts velus aux ongles carrés ; qui sait ce qu’ils me réservent d’éblouissements ?

Et combien de dangers me menacent aussi.

Aussi, je me prescris quelques jours de diète … et de gamberge. Le soir, dans mon lit, j’applique la pommade réparatrice, avec un soin particulier … en laissant courir mon imagination.

Je sens de forts doigts me masser, m’ouvrir souplement, m’explorer. Allongé sur le ventre et à couvert des draps, je me cambre pour donner à voir ma pleine lune qui s’ouvre comme une grenade, je me prosterne en prière devant un totem majestueux, rose comme le moulage entrevu dans le placard de la réserve. A la seule évocation de cette simple image, mon cœur accélère.

Je creuse mon appétit, je laisse monter en moi une faim de loup.

Et, parallèlement, je me consacre pleinement à mes études, j’anticipe, m’organise. Ma mère s’étonne un peu de me voir si sage et studieux jusque pendant le week-end mais mon entrain sans nuage la réjouit.

Lundi matin, je reprends le chemin des cours.

A la pause de dix heures, je prends celui du centre ville qui est comme endormi. J’ai repéré : la petite rue, derrière, la double porte blanche lisse et brillante, la sonnette. Je la presse, assez longtemps pour qu’on ne puisse pas ignorer mon appel.

Quand la porte s’ouvre, je m’insère stratégiquement dans l’entrebâillement et, avec un sourire, il l’écarte pour me laisser entrer puis la retire derrière moi. Mais il garde la main sur la barre de secours et je pense qu’une solide bourrade suffirait à me renvoyer à l’extérieur.

Mais non.

- « D’habitude, il suffit de différer pour décourager toute entreprise, surtout avec des jeunes gens qui vivent aujourd’hui dans l’instant et la satisfaction immédiate ... »

Pour qui me prend-il dans sa blouse blanche à caducée ? Je me redresse et même s’il me domine par sa taille, je le toise d’un regard narquois. Mais mon ventre se noue ; me suis-je trompé … ou pas ?

- « Et comment vas-tu depuis … ? »

Je ne réponds pas, je hausse une épaule en laissant errer un vague sourire. Le sien s’affirme.

- « Tu es venu pour que je t’examine ? »

J’ai bien noté qu’il me tutoie et une certaine fébrilité s’empare de moi ; une vigilance également, face à l’enjeu ; ce n’est pas le moment de tout gâcher par une maladresse. Alors j’opine modestement du chef et j’ajoute à mi-voix :

- « j’espérais que tu me le proposerais. J’ai scrupuleusement suivi tes conseils, TOUS tes conseils, je suis resté absolument sage dans l’attente de ces quelques petites choses que tu souhaitais m’expliquer pour m’épargner certains désagréments. »

Sa main a donné une impulsion dans mon dos et il m’a guidé jusqu’à la salle de soins.

- « Défais-toi pendant que je vais chercher le nécessaire. »

Je le regarde s’éloigner entre les rayons et, précipitamment, j’arrache tous mes vêtements, replace soigneusement les élastiques de mon jock exactement sur leur plat et me penche en appui sur la tablette, nuque cassée, pieds largement écartés, mon gros cul blanc exposé. Il revient et je ne vois que le bas de sa blouse dont dépasse son pantalon. Il pose un plateau, allume la lampe articulée mais ne dit pas un mot. Ses doigts séparent mes fesses selon leur sillon naturel.

- « Tout ça m’a l’air d’avoir parfaitement récupéré ! »

Il a modifié sa prise et maintient l’écartement de deux doigts en ciseaux pendant que, de l’autre main, il s’empare d’un des objets qu’il a rapportés. J’entends un claquement sec et je sens une substance fraîche et épaisse s’écouler dans ma raie. Aussitôt, la pulpe d’un doigt la rassemble et m’en masse l’œillet en décrivant de petites rotations puis pèse et s’introduit en glissant.

- « Tu n’as pas mis de gants bleus aujourd’hui ? »

En guise de réponse, il a poussé d’un coup et j’ai expiré tout l’air de mes poumons dans un râle qui s’étrangle.

Son doigt m’impose maintenant un frétillement intérieur qui me fait vibrer en écho.

- « Signale-moi si jamais tu as mal, mais tout paraît bien souple. »

Son doigt reprend les rotations et de l’autre main, il présente le flacon à ma vue en détaillant.

- « En majorité, les gels proposés et compatibles avec les condoms sont à base d’eau et leur effet se dissipe assez rapidement. Celui-ci ... »

Et il envoie derechef une nouvelle giclée dans ma raie, la remonte sur mon trou du cul avec, je l’ai bien senti jouer alternativement de l’un puis de l’autre, deux doigts qu’il introduit souplement, les faisant coulisser l’un sur l’autre, les écartant, les roulant et il poursuit :

- « Celui-ci est à base de silicone et il reste efficace plus longtemps. »

Je m’efforce de canaliser ma respiration et de contenir la houle qui soulève mon bassin et l’envoie à la rencontre de ces instruments au service de mon plaisir. Son toucher digital se fait plus pressant et je retourne ma tête vers lui, pour constater qu’il s’est positionné à mon côté, que sa braguette, toute proche, paraît largement déformée. Une discrète reptation et mes doigts parviennent à l’effleurer, puis l’escaladent, la moulent, la pressent en inventaire.

Du coin de l’œil, je le vois sourire au-dessus de moi tout en poursuivant son massage qui … Ô ! … Me fait connaître les sensations fortes d’une décompression subite, d’un ascenseur qui tombe, d’une attraction foraine.

Quand cesse le vertige qui me renverse, mes doigts reprennent l’exploration du tissu, remontent cerner le bouton qui saute, saisissent la glissière qui dégringole, écartent les pans sur son slip où s’étale une auréole sombre. Sa main enveloppe ma nuque et m’attire à lui.

- « Sens ! C’est la première indication, celle de l’hygiène. »

Mes doigts ont crocheté l’élastique, l’étirent et j’ouvre grand la bouche, prêt à aspirer le joli gourdin que je devine. Il m’arrête net !

- « Stop ! S’il fait assez clair, regarde d’abord ! Prétexte le jeu, les caresses, mais ouvre grand les yeux. Si tu distingues de petites vésicules sombres et brillantes dans les poils, ce sont des morpions ! Le gland doit être lisse et sa muqueuse tendue, sans nécrose ni fissure ; la goutte translucide au bout est normale. En revanche, toute lésion, toute excroissance, tout écoulement jaunâtre sont suspects.

Mais pour le modèle qu’il me présente, aucun soupçon ne paraît devoir me retenir. Ma main est venue mouler ses couilles et les attire à moi pour que mes lèvres enveloppent ce beau gland baveux, ma langue caressant son frein au passage quand je m’enfonce résolument sur son membre trapu jusqu’au réflexe de renvoi.

- « Tsss ! Vous n’avez que le porno pour référence et ta maigre expérience ne t’a sans doute pas formé à la subtilité des caresses. Cherche plutôt ce qui me fait vibrer ! Comme ceci ! »

Et, instantanément, ses doigts m’envoient à nouveau dans les étoiles.

Quand je retrouve mon souffle, c’est pour le voir agiter un étui de capote devant mes yeux. Je m’en empare, fermement décidé à lui montrer que je ne suis pas exactement ignare. En appui sur mes coudes, j’ouvre l’emballage, pince le réservoir, déroule le latex qui écrase ses chairs turgescentes en les enveloppant et, ma main flattant sa belle érection, je relève vers lui un regard de défi.

Mais voilà qu’il ajoute quelques gouttes de lubrifiant ; alors, de la paume et des doigts, je dessine maintenant de souples arabesques entrelacées sur ce membre qui en raidit encore. J’en souris, de fierté.

Sa main à lui est revenue sur mes fesses, puis a glissé dans ma raie pour jouer avec mon plissé : un doigt, ou deux, trois parfois ou uniquement le pouce, il pèse, perce, étire, écarte … c’est comme une préparation apéritive ...

Putain, j’ai envie ! Et quand mes yeux reviennent chercher les siens, je découvre qu’il m’observait, qu’il m’attendait, …

Mes yeux ronds, ma bouche ouverte, mon air de supplication le secouent d’un petit rire qui s’éteint brusquement au profit d’un regard plus déterminé. Enfin ! L’idée qu’il va m’embrocher me remplit de l’allégresse qui accompagne l’obtention toute proche de la juste récompense. Je me hausse sur la pointe des pieds pendant qu’il m’aligne par petites touches, sa main guide sa bite qui parcourt ma raie et voilà son gland qui se niche.

C’est moi qui, en poussant lentement, vient m’enfoncer sur cet éperon lisse et chaud, il me dilate, me remplit et je sens chaque millimètre de ce délicieux mandrin me farcir, me compléter. Je voudrais que cette glissade fluide dure indéfiniment, l’accueillir totalement sans rien en perdre. Alors j’écarte mes fesses à deux mains jusqu’à presser sa fourrure pubienne taillée sur mon coccyx. Je halète, le cul en offrande absolue, le bas du dos cassé à angle droit, le torse aplati sur la tablette.

Ensuite, il me lime mais c’est un pas de danse chaloupée auquel je prends toute ma part. Tout commence par un duo partagé sur un rythme lent, un collé-serré chaud, humide, fluide, profond qui résonne en moi, allume mille étincelles derrière mes paupières et fait courir des frissons sur ma peau, puis tout s’accélère jusqu’à un tourbillon où je perds toute notion d’équilibre et je finis, à bout de souffle, par m’écraser sur la tablette dans cette sorte d’exaltation, consécutive à un long effort physique soutenu quand, pour franchir la ligne d’arrivée, on se jette, épaules en avant, dans une ultime détente pour emporter le ruban de la victoire.

Je le sens lui aussi, secoué par des tressautements, se raccrochant à moi comme s’il avait couru sur mes talons, me suivant d’un cheveu et partageant dans une congratulation fraternelle ce long effort, ce chemin parcouru en commun qui nous mène à cette félicité chaleureuse qui nous rend heureux.

Oui c’est cela ! Ce n’est pas l’explosion dont le souffle coupe la respiration et nous abandonne épuisés mais un état de bien-être gratifiant et d’accomplissement qui se prolonge.

En retirant la capote qui pendouille à l’extrémité de sa verge maintenant flasque, il ajoute :

- « Méfie-toi de ceux qui claironnent : « je suis clean ! » ou encore « je suis sous Prep ! », plus on est bardé de certitudes, plus on commet d’erreurs et il n’y a, hélas, pas que le VIH qui rôde ; les autres infections sexuellement transmissibles sont en pleine recrudescence et ne sont nullement anodines. Seul, l’écran du préservatif t’offre une protection aussi étendue.

Mais attention ! Si tu exiges abruptement « mets une capote ! » tu risques d’essuyer un refus. Alors que si tu t’accroupis pour rendre hommage à la sainte verge, si tu sais cajoler et allumer le désir, tu pourras le mettre en place toi-même en toute sécurité avec, parfois, les encouragements de son propriétaire qui se sentira flatté par tes attentions. »

Je relève mes yeux vers lui en souriant à cette évocation grivoise et il se penche à mon oreille. Sa main effleure subrepticement mes fesses dont la peau se hérisse.

- « Franchement, qui ne s’empresserait d’accéder à ta proposition afin de pouvoir pointer ce merveilleux valseur, joliment sanglé dans un jock ?

Ses caresses, son badinage, me rendent léger, d’une joie saine qui écarte toute honte ou culpabilité : je sais ce que j’aime et je ne vois pas POURQUOI je devrais m’en sentir déshonoré.

Avant d’appuyer sur la barre ouvrant la porte de sortie, il me retient par le bras.

- « Ne te laisse pas embobiner par des sourires, de petits cadeaux ou des passe-droits, ce sont des miettes. Demande-toi plutôt ce qu’on cherche à obtenir de toi en échange ; un commerce n’a rien d’un cercle philanthropique et la générosité est rarement désintéressée. »

Ça, je l’avais déjà clairement entrevu mais me l’entendre ainsi rappeler l’imprime comme une alerte dans mon esprit.

Je suis retourné en cours, je me suis assis sur mon gros cul charnu et stable, vorace mais repu. Je sais désormais qu’il recèle un trésor !

De cette position stable, équilibrée, j’envisage le monde sereinement, certain de parvenir à y trouver ma place.

Amical72

amical072@gmail.com

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