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3 | Te croquer – Le récit de Julien
Assis sur une botte de paille dans l'écurie, jambes allongées, je regarde Joris, nu et vibrionnant, faire une rapide toilette au robinet d'eau froide, à quelques pas. Il recueille l'eau dans la paume de ses deux mains réunies et se frictionne, non sans frissonner, tant elle est fraîche. Pour nettoyer cette jolie quèquette qu'il cachait au prétexte, disait-il "auparavant", qu'elle banderait mou, il se retourne pour avancer le bassin en rétroversion et me présente son large dos, .
Il ne bande pas si mou, non !
Et je souris encore en évoquant son fulgurant orgasme explosif ; sans doute a-t-il vu bien des vidéos pornos, si facilement accessibles sur internet mais cela ne remplace pas l'expérience, ne donne ni la connaissance, ni la maîtrise de son propre corps, ni de ses sensations et il n'a pas résisté longtemps face à un renard aguerri tel que moi.
Je mate ses formes rebondies de jeune homme, je devine la peau douce, les chairs souples et élastiques, les fesses massives, lourdes à remplir des mains d'homme, son odeur de pleine santé, cette fraîcheur ingénue et tonique, privilège d'une jeunesse encore épargnée ...
Il revient, à petits pas rapides, se frictionnant les triceps des deux mains, bras croisés, souriant et l'oeil pétillant puis se laisse tomber, roulé en boule à mon côté, mimant en frissonnant un refroidissement qu'il exagère en prétexte pour se blottir contre moi.
- "Dis-moi, elle me semble bien vaillante, cette jolie bite dont tu disais qu'elle bande mou! Peut-être faut-il simplement chercher quelles caresses la font dresser."
Il relève vers moi un visage angélique et de grands yeux purs.
Une quinte de rire me soulève.
- "Quelles sont exactement tes intentions, là ? "
Sans que ni son regard ne se trouble, ni que son sourire ne se ternisse le moins du monde, il hasarde une main, doigts en pattes d'insectes qui grignotent ma cotte. Mais la mienne vient la recouvrir pour l'écraser. Pourtant son sourire s'élargit.
- "Je peux caresser tes poils ? "
Je laisse ma moue dubitative exprimer avec une éloquence appuyée combien sa proposition présente fort peu d'intérêt de mon point de vue. Il se pelotonne dans une plus étroite proximité encore, étire son cou et vient me souffler à l'oreille.
- "Tu veux pas me baiser, comme la dernière fois?"
- "Justement non !
La confidence a jailli sans filtre, comme une rancune qui se serait enkystée et éclate soudain.
- "Vois-tu, pour moi, le cul n'est pas un exercice de complaisance à l'issue duquel l'on se félicite mutuellement de nos performances évaluées quantitativement comme dans une discipline sportive ; ça ne se conclue pas par une poignée de main polie et des congratulations convenues de fin de cocktail. Comment avais-tu dit déjà avant de partir? Ah oui ! "J'ai beaucoup aimé nos échanges, merci." ...
Ça, cette politesse mondaine et distante, que dit-elle de ce qui vient de se passer entre nous ? Quelle image me renvoie-t-elle de moi ?"
Je regarde son regard s'assombrir légèrement ; visiblement, il s'interroge.
Je poursuis.
- "Le cul, avant même d'être sexuel, c'est d'abord un RAPPORT HUMAIN porteur de sens où chacun autorise l'autre à accéder à sa sphère intime, c'est grisant comme une prise de risque où chacun laisse entrevoir ses vulnérabilités et tente d'apaiser celles de l'autre, un échange où l'on apprend réciproquement l'un de l'autre en recherchant une plénitude dans la complémentarité."
Je laisse planer un blanc avant de reprendre, un ton plus bas.
- "Moi, ce que je cherche, c'est à rencontrer un mec, entrevoir ses émotions, écouter battre son coeur quand on prend du plaisir ensemble. D'en être reconnaissants ensuite"
Il a incliné la tête, comme pour me dissimuler ce que pourrait refléter son visage. Au-delà de la touffe de ses cheveux, sur la sombre couverture de laine, mon regard rebondit en cascade, de son épaule ronde sur la peau laiteuse de son flanc, de sa taille peu marquée, glissant sur le molleton de son bidou, jusqu'à la crête de sa hanche, il dérape sur la courbe opulente de sa hanche qui se prolonge par le galbe de sa cuisse, dévalant jusqu'à l'extrémité de ses orteils. Je me prends à rêver devant cette superbe carnation pâle que je sais douce, souple, élastique, et, brusquement, une terrible tentation m'envahit, accompagnée d'un afflux de salive .
D'un vif frémissement, il a simplement libéré sa main de la mienne pour aussitôt l'aplatir sur mon ventre, ses doigts écartés me pressant discrètement, comme pour en éprouver la fermeté. Ses yeux reviennent alors dans les miens, déterminés, carnassiers.
- "J'espère justement que tu vas accepter de m'apprendre."
Je maquille hâtivement mon sourire de jubilation intérieure avec l'accent circonflexe d'un sourcil ironique.
- "Vraiment? Mais me fais-tu seulement confiance pour me donner carte blanche?"
Il se redresse presqu'à ma hauteur, comme piqué, gonfle son torse et l'anneau d'acier qui perce son mamelon se balance et luit faiblement. J'en ai déjà le goût métallique dans la bouche.
- "Sérieusement, Julien! Ton calme, même quand on te dérange à l'improviste, ta mesure, cette espèce d'autorité naturelle ... tout en toi inspire confiance. Et pourtant, tu n'en abuses pas en roi du terrain conquis, tu gardes le souci de l'autre et tu n'as eu de cesse que de me faire jouir. C'est pour tout ça que je suis revenu. Ajoute Jérôme qui parle de toi avec chaleur, alors ..."
Il a mis dans les yeux cette assurance bonnasse de bon chien, certain que son maitre ne saurait le priver d'une pitance que sa fidélité lui fait mériter, comme un juste retour.
Car il a très bien compris.
Il SAIT qu'étrangement, moi qui n'aime rien tant que le poil, le muscle sec, les hommes faits avec leur barbe ravageuse de peau, je le regarde pourtant, lui le potelé glabre, avec désir ; il devine que j'ai déjà l'esprit obscurci par les hormones ; il pressent, ce grassouillet lisse si incongru entre mes grosses paluches, ce jeune veau qui, il y a peu, têtait encore sa mère, que je vais tout faire pour l'amener à la jouissance et que je guetterai cet instant, celui de son extase qui me fera me répandre en lui pour le rejoindre.
Il a gagné.
- "Mère-grand, que vous avez de grandes dents !"
- "C'est pour mieux te croquer, mon enfant!"
Amical72
amical072@gmail.com
* A travers les mailles, faut que j'y aille, aller tenter ma chance / Reprendre de la taille, passer la muraille et voir la différence / Pourquoi pas? Mathieu Boogaerts chante "pourquoi pas"
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