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3 | Redoutable – Le récit de Julien.
Drôle de journée, riche d'imprévus.
Je suis parti labourer de bonne heure mais en fin d'après-midi, lassé du froid gris et humide qui a fini par me transir, j'ai rejoint le sauna. J'y ai croisé le grand David et, ensemble, nous avons cru pouvoir attraper mon collègue Sébastien. Mais une fois cerné, l'animal traqué nous a bousculé et s'est enfui.
Arrivé en salle vidéo, j'ai reconnu un daddy poilu qui avait sucé le jeune Cyrille en fin d'été ; David a capté nos saluts pourtant discrets et a profité de l'aubaine. Mais le suceur voulait autre chose, quelque chose que j'avais dû, précédemment, lui refuser parce que j'avais promis au débutant Cyrille de le chaperonner lors de ses premiers pas.
Mais aujourd'hui, là, impossible de me défiler. Et puis, il a su habilement me chauffer, ce poilu. Cependant, en suivant ce quinqua costaud, brun et velu dans les couloirs, je décide de tenter d'en obtenir plus qu'un coup en passant. L'embrasser, me faire pomper, lui travailler le cul ... finalement, rien n'aura été si aisé à obtenir.
Mais maintenant, chacune de mes mains a empoigné une de ses fesses charnues, je les soulève, les écarte et ma bielle va et vient en métronome dans ce gros pétard poilu et gourmand. Des ripailles de goinfre. Quand je sens l'acmé approcher.
Mon pouls, ma respiration s'accélèrent irrépressiblement et lui aussi l'a senti. Il gronde.
- "Oui, viens !
Mais je te préviens, j'ai encore faim !"
C'est une vague qui monte, qui enfle, qui me coupe bras et jambes, me secoue de spasmes, m'éblouit, me disloque. C'est maintenant lui qui me soutient et me guide ; ironique, il ajoute :
- "J'espère pour toi que ton fusil a deux coups, chauffeur, parce que maintenant que tu as allumé le feu et lancé la machine, va falloir aller au charbon."
Il m'aide à m'allonger sur la banquette, retire le latex sans ménagement et aspire derechef ma quéquette ramollie en guimauve.
Le scénario s'ébauche tel que, moi, je l'avais espéré. J'étends le bras pour lui doigter le fion. Son oeillet est juste souple et épanoui comme j'aime et j'anticipe déjà le bonheur qu'aura mon gland à s'y glisser pour un deuxième round.
- "Alors prépare tes grosses miches."
Il m'a souri, goguenard, mais il n'a pas protesté. Et mon doigt a plongé.
Et il a touché. Coulé.
- "Saaa ..."
Le mot a été avalé mais le "S" a sifflé comme une lame et ses grosses paluches m'ont fermement empoigné. Un petit rire a roulé dans ma gorge, le rire de celui qui obtient ce qu'il cherchait : qu'il sorte de ses gonds, qu'il assume ses désirs et les confronte aux miens.
Mais mon rire s'est arrêté net.
Car sa main et son avant-bras m'ont si rudement écarté les cuisses, son autre pogne s'est si sèchement refermée sur mes précieuses couilles puis il m'a embouché de si redoutable façon que mon souffle s'en est trouvé coupé. Il s'active vigoureusement tandis que je reprends pied, malgré la houle qui me chahute. Je roule sur le flanc pour que mon rein retrouve un peu de mobilité et, à mon tour, je fonce pour m'emparer de la place. Je soulève sa lourde cuisse en triangle et ma main gauche chipe ses boules, étire ses bourses vers le bas, index et majeur soudés plongent pour le transpercer.
Il a sursauté mais, pugnace, il poursuit sa propre besogne. Ma main droite s'empare de sa queue et je ferme les yeux en l'approchant de mon visage. Je renifle ses odeurs de stupre, je lui décoche un large coup de langue et savoure ses fluides visqueux, légèrement alcalins puis, par petite touches humides, je lui imprime un rythme en écho au sien, un pousser – relâcher en alternance, un dialogue de viriles attentions réciproques qui se coordonnent, mes doigts dans son fion superposant une ligne mélodique toute en ornements. Je joue des crescendos et de la sourdine pour lui permettre de donner de la voix, tous deux accordés, attentifs à ces petits raidissements précurseurs, ceux qui annoncent qu'approchant la limite, il est judicieux de se consacrer à dispenser d'autres gâteries, de détourner la tension par des attouchements inattendus avant de revenir à ce champignon qui concentre l'essentiel de nos synapses, que chacun s'applique à faire reluire, qui grossit, bout, luit, bat, suinte ...
Le premier, il renonce.
Mais c'est parce qu'il en attend d'autres bienfaits.
Pour ça, je suis à son entière disposition.
Il se démène, me capote, nous lubrifie, se relève quand je reste confortablement allongé sur la banquette et ses pieds, posés bien à plat, viennent encadrer ma taille, des pieds petits mais forts, aux ongles carrés taillés court, chacun étant couronné d'une houpette de fins poils noirs. Il s'accroupit ; le regard au plafond, sa main glissée entre ses cuisses puissantes s'est emparée de ma queue, elle guide, tâtonne, soutient. Et je sens son trou du cul m'avaler. Il souffle, ralentit, repart. Je soulève mon buste équerré sur un bras tendu, lance le second en écharpe, mes doigts s'égarent dans les petits cheveux de sa nuque.
Il ouvre les yeux égarés de celui qui s'est vu goinfre et redoute de ne pouvoir venir à bout de la trop abondante pitance qu'il se voit proposer en retour, les plonge dans les miens qui le scrutent, l'épient, le somment de tenir parole. La plante de ses pieds dérape sur le skaï et il ceinture ma taille de ses jambes, finit par s'encastrer lourdement dans l'ouverture de mes cuisses.
Il geint et fronce les sourcils en basculant le bassin pour gober voracement l'intégralité de ma queue, coiffer mon flambeau à l'étouffer.
J'ai attiré sa nuque à moi pour envahir sa bouche de ma grosse langue grasse et, dans le même temps, cassé mon rein. Pour l'estocade. Il a gémi sourdement avant de répondre goulument à mon baiser ; mes doigts ont trouvé le téton dans son aréole satinée et nous avons lancé le tangage. Sa caverne est tapissée de somptueuses soieries mouvantes où, d'abord, mon pieu se perd, puis elles l'enveloppent, le cernent, l'étreignent. J'en suffoque.
J'ai reculé mes épaules pour le contempler qui se caresse sur ma queue plantée en lui et il sourit de me voir le regarder se faire du bien.
- " Branle-toi!"
Son poignet s'agite et je roule sur mes ischions, tout en contrôle pour moduler la montée de son plaisir, le distrayant brusquement en pinçant plus cruellement son mamelon. Bouche béante, il laisse filer un souffle rauque et la vision de cet homme mûr qui s'abandonne, s'exhibe sans pudeur en enculé qui tire son plaisir de ma trique-objet fichée en lui me soulève d'une joie solaire, comme la chaleur des rayons du soleil tend ma couenne sur mes épaules quand mon labeur me met à la peine.
D'un resserrement, je parviens à stopper son poignet qui s'emballe, frénétique, dans sa montée vers la jouissance et il me sourit, me galoche, repart. Son conduit qui épouse voluptueusement ma queue se fait plus précis, plus ajusté, plus impitoyable et, à mon tour, je me vois perdre pied. Il l'a senti et son sourire se fait ironique puis il cède, il ronfle, accélère, s'emporte et ...
Il gagne.
Je retombe à plat dos, le rein soulevé de soubresauts. Presqu'instantanément, il me baptise de gouttes grasses retombant au hasard et ses fesses tressautent avant de se faire pesantes sur mon pelvis. Comme vaincu, il s'effondre et roule sur le flanc à mon côté. La simultanéïté de nos extases les renforce en soulignant combien nous avons réussi à rester coordonnés par l'attention portée l'un à l'autre. Je me tourne vers lui, mon doigt cueille sur mon torse une des larmes dont il m'a aspergé, la dépose sur ses lèvres que les miennes écrasent. Comme il pointe sa langue, je retire mon doigt qui s'attarde dans la brosse de son bouc et elle se noue à la mienne, joueuse, mutine. Une congratulation mutuelle.
- "Merci."
Nous avons parlé en même temps et nos yeux disent assez l'éblouissement réciproque du moment que nous avons partagé. Le bout de ses doigts court sur moi. Au hasard.
- "Comment tu t'appelles?"
- "Gérard."
- "Moi, c'est Ju..."
- " Je sais."
Il roule sur le dos, sa main vient rebrousser son bouc dans un crissement. Il pouffe.
- "Pas besoin de demander ; quand tu restes seul et déconfit sur le tapis, il ne manque pas de bonnes âmes perfides pour te glisser tout ce qu'on peut savoir sur celui qui s'est dérobé à toi."
Je bascule vers lui pour embrasser délicatement son téton meurtri. Un acte de contrition.
- "J'avais charge d'âme."
Il hausse un sourcil.
- "Une jolie âme plus jeune et plus fraîche, donc prioritaire. »
- « Tsss ! Là non plus, le temps ne fait rien à l’affaire*. Aujourd’hui que j’étais disponible, Monsieur n’a-t-il pas obtenu son content, ? »
J’ai saisi son bref étirement en sourire qui m’a semblé marquer nos communes références au grand Georges puis il s’est penché pour saisir mon menton dans la pince de ses doigts.
- « Je suis plus que content, Julien. »
Sans me laisser le temps de répliquer, il embrasse furtivement mes lèvres, se redresse vivement et saute sur ses pieds.
- « Allons à la douche, maintenant, puis je t’offre un verre, j’ai soif après toutes ces folies. »
Moi, la séquence m’a rendu d’humeur joyeuse et mon cœur gambade dans ma poitrine comme un cabri dans l’herbe printanière. En marchant à son côté, je le bouscule et le bombarde de petites touches par jeu. Il en sourit mais je vois la distance revenir irrémédiablement se creuser entre nous.
Dans un coin du bar, je prends un papier carré de couleur mis à la disposition des clients et j’y griffonne mes noms, adresse, téléphone puis je le rejoins et fais glisser le papier, plié en quatre, vers lui. Sa main bloque la mienne.
- « Vois-tu Julien, comme tu l’as assurément remarqué, je suis marié. Mon épouse est toute aussi compréhensive avec moi que je le suis avec elle. Une liberté, probablement héritée du lointain mois de mai soixante-huit, a su nous conserver une relation équilibrée … Nous avons deux filles adultes et mariées, qui ignorent tout de nos frasques parce que nous avons su rester discrets.
J’ai aussi une situation, je suis établi et respecté. »
Il tourne vers moi des yeux qui soudain me transpercent, des flèches lancées qui sifflent à mes oreilles et je me vois soudain menacé, regardé comme l’assaillant qui pourrait troubler ce tableau paisible et harmonieux. Pourtant sa voix reste douce et sans acrimonie.
- « Tu es redoutable, Julien. Je ne me reconnaîtrais plus, je me mépriserais même si je cédais à une inclination soudaine et gâchais le patient édifice de près de trente ans de vie commune sur un coup de tête, pour un feu de paille, aussi étourdissant soit-il. Garde ton papier, s’il te plaît. »
Il me balaie lentement de la tête aux pieds d'un oeil volontairement morne, puis il pouffe et tend le bras pour agripper ma nuque et attirer mon oreille à sa bouche.
- " Ta moue de déception me console quelque peu, nous devrons nous contenter de ce moment lumineux mais clandestin et sans lendemain. Pourtant, sache que le souvenir de l'avoir partagé en ta compagnie me servira longtemps de viatique."
Nous avons trinqué fort civilement et je l'ai poliment raccompagné jusqu'aux vestiaires. Nous nous sommes sobrement salués, en hommes urbains. Puis, j'ai regarni mon bracelet avec capotes et gel pris au distributeur et je suis parti en direction du hammam en quête d'un cul à limer.
Simplement et sans scrupules.
Amical72
amical072@gmail.com
« Le temps ne fait rien à l’affaire / quand on est con, on est con / qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père / quand on est con, on est con » chante le grand Georges B.
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