Premier épisode | Épisode précédent
10 | Uma casa portuguesa
Récit d'adrien
Dimanche matin. La clarté s’insinue dans la chambre malgré les rideaux tirés. Je m’étire avec délectation mais aussi avec précaution, par égard pour ma marmotte, à mes côtés. Je me glisse souplement hors de la couche ; pisser, me brosser les dents … puis je reviens au lit. Aujourd’hui, pas de pause dominicale pour mon joli p’tit chat, je tente un réveil en douceur. Une approche lente et caressante …
D’un bloc, il s’est tourné vers moi qui sursaute, surpris.
- « bonjour Adrien ! »
Le sourire à fossette, les yeux bruns demi-ouverts mais qui pétillent, il est bel et bien réveillé ! Je lui fais part de notre emploi du temps.
- « Outre le passage dans les deux bureaux de vote, je voudrais aller au marché, acheter un bouquet pour ta mère. » Et comme il plisse les yeux et ronronne pour gagner quelques minutes précieuses, j’ajoute : « j’aime offrir des fleurs à Amélia et je suis certain qu’elle est touchée par cette attention ! »
Il s’enroule autour de moi.
- « Avoue que tu veux séduire ma mère ! »
Je ris !
- « Pour lui dérober son fiston chéri et le mettre dans mon lit, peut-être ? Mais je crois qu’il s’y est glissé de lui-même et qu’il s’y trouve bien ... »
Je me suis allongé sur le dos, mains croisées sous la nuque et je le laisse approcher, poser la tête sur mon torse, glisser sa main sous la couette, me regarder d’un œil innocent et poursuivre son exploration. Ma bite en main,il m’interroge du regard.
- « Hmmm, la pipe du dimanche matin ... »
Il a soudain plongé vers le bas, saisi mon membre à la base et il l’agite comme une aiguille de métronome, lui dispensant au passage de rapides coups de langue quand je l’arrête d’une main.
- « Et moi ? Mon sucre d’orge ? »
Il pirouette et je bascule sur le coté. J’écarte ses cuisses musculeuses à l’équerre et, gueule ouverte, je pars en chasse de sa jolie queue qui balle, l’aspire et la suçote comme une confiserie dont on essaie de hâter la fonte. Puis je l’attire à moi pour gober ses couilles lisses et, au-delà, glisser ma langue le long de son périnée. Mon pouce vient cueillir ma salive et je l’en embroche sèchement. Son sursaut est immédiatement suivi d’un profond soupir et j’embouche alors son gland que j’aspire lentement pour le savourer : double prise efficace qui m’assure de le mener au plaisir.
Sa bouche s’active également qui enveloppe délicieusement mon gland, le presse puis le gaine de touches soyeuses, dévore toute ma hampe dans un accompagnement de petits mouvements délicats des poignets. Mais dans cet assaut, fort de douceurs comme de goinfreries, toutes également délectables, je sais disposer à la fois d’une grande résistance et d’un atout avec mon pouce dont je connais la redoutable justesse. Par petites touches, j’amène mon poilu aux belles fesses en équilibre sur la crête du plaisir, vacillant, haletant, en prenant garde, toutefois, à ne pas le précipiter.
Nous réglons nos caresses en alternance, chacun étant tour à tour suceur attentionné puis sucé étourdi de vertiges, dans l’abnégation que requiert la quête du plaisir de son partenaire et de cette touche supplémentaire qui le mènera au-delà du frisson, vers l’abandon au plaisir dispensé, cette suffocation, cette crispation des reins, cette merveilleuse confiance en l’autre qui permet de lâcher prise.
Et l’autre, c’est moi, qui assiste, attendri, à cette explosion qui m’éclabousse, à ce bref glapissement qui accompagne les sursauts, moi qui contient, entoure, rassure, accompagne … Il soulève doucement ses paupières.
- « Mais, et toi ? »
- « Moi ? Mais la journée ne fait que commencer, Toni ! »
Et nous sommes dimanche ! Délicieux temps libre du matin dominical, consacré à ces minuscules attentions, à ces effleurements au ralenti, à ces discrètes observations, à cette imprégnation de l’autre, de ses postures, de ses intonations, … au final, à cultiver le désir.
Je suis passé hier à la boutique de Damien et, pour son anniversaire, j’offre à mon p’tit chat une jolie chemisette à coupe droite en popeline satinée bleu clair avant d’aller déjeuner chez mamã Amélia. Son col américain aux pointes boutonnées, décontracté, peut aussi bien se porter avec que sans cravate et sa couleur met en valeur son teint mat.
Et j’aime voir Toni se contempler dans le miroir de l’entrée, il se redresse, bombe le torse et lisse le tissu du plat de la main pour faire le briller, se place maintenant de trois quarts, rosit de croiser mon regard bienveillant et … concupiscent ! Décidément, il est à croquer.
Nous sommes presqu’à l’heure quand Toni presse la sonnette de la porte d’entrée.
- « Voilà ! J’arrive ! »
Amélia embrasse son fils, puis se pend à mon cou pour m’embrasser tout aussi spontanément. Toujours prudente, elle referme soigneusement le verrou derrière nous et reste sur mes talons, nous poussant vers la salle à manger. Sur le seuil, Toni s’immobilise brutalement. Par-dessus son épaule, j’aperçois deux hommes, à gauche, qui se lèvent dans un remuement de chaises. Il se dirige vers eux. Une main se pose brusquement sur mon épaule droite et me retourne.
- « C’est toi Adrien ! Moi, c’est Cindy ! Allez, on se fait la bise. »
Et aussitôt, elle m’en fait claquer une sur chaque joue avant de m’interroger.
- « Et tu parles portugais, toi aussi ? » puis, devant ma dénégation, elle s’exclame :
- « Bon, désormais, on est deux pour exiger la traduction simultanée ! » en les menaçant du doigt, avant de partir d’un rire sonore.
Je serre la main de Joaquim, le fils aîné. Il retient ma main et de l’autre, me tape l’épaule : « bienvenue dans la famille ! »
Puis me voilà devant Luis, le père dont Joaquim m’apparaît être la copie conforme.
- « Loui, c’est mon fils, » il pointe l’aîné du doigt « et loui ... »
De son bras qui part envelopper les épaules de Toni, il le serre contre lui, « Loui, c’est plous le fils de ma femme … mais c’est aussi mon fils ! »
Et il me tend alors une main rude aussi largement ouverte que son sourire. Joaquim, Luis, le même visage carré ; sur le front, la même implantation basse et horizontale de cheveux noir corbeau, drus et vigoureux, les mêmes pommettes hautes, marquées de fossettes. Un peu comme Toni, oui, mais Toni ... c’est Toni !
Lorsque nous repassons devant Amélia, elle nous tance du regard et nous apostrophe d’un coup de menton pour nous glisser.
- « Et bien voilà ! Maintenant c’est fait. Ce n’était pas si difficile, non ? Et moi, je ne suis plus coincée par un secret entre mon fils et mon mari. »
Bien sûr, on a porté un toast pour l’anniversaire de Toni puis Luis impose le silence de la main et lève à nouveau son verre, dans ma direction cette fois.
- « et bienvenue à mon troisième fils … et à mes quatre enfants. » ajoute-t-il dans un geste circulaire. « mais ... » ses yeux passent rapidement de Joaquim à moi : « lequel est l’aîné ? »
- « C’est Adrien, papa, il est du 14 février. »
- « Alors c’est loui qui a la charge de veiller sur les autres ! »
Et j’entends bien l’avertissement que recouvrent ces paroles mais, au même moment, la main de Toni s’est posée sur ma cuisse sous la table, apaisante.
Quelle tablée ! Chacun brasse et s’interpelle à tue-tête, ça gesticule, se coupe la parole par une surenchère du volume sonore, ça se pétrit, s’empoigne, les mains claquent ou s’abattent sur la table, faisant trembler les verres ... Quel tintamarre ! Du moins est-ce ce qu’on aurait ironiquement souligné aux Chênaies, avec la bouche pincée.
Et ça rit aussi, sans retenue, spontanément, ça s’esclaffe !
Joyeusement.
Le père est au haut bout, son aîné et sa bru à sa gauche, à sa droite, sa femme est au plus près de la cuisine avec le cadet. Et moi, je fais face au père ! Quand les échanges optent pour l’idiome portugais, Cindy m’envoie un coup de coude dans les côtes, et proteste énergiquement d’un air outragé mais, je le reconnais, je passe un moment très agréable dans cette ambiance bruyante et pourtant si chaleureuse. Une découverte pour moi.
Amélia, en excellente cuisinière nous a concocté un délicieux rôti de porc aux coquillages et je me lève, à mon tour, pour l’aider à desservir. Dans la cuisine, je la remercie de mon mieux pour cet accueil qui, je l’en assure, me touche. Vraiment. Elle hausse les épaules :
- « Adrien, c’est une maison portugaise ici ! » Puis elle pose sa main sur mon avant-bras nu : « et vous, vous avez commencé à réfléchir à une date pour le mariage ? » Et sur un dernier regard perçant, elle me plante là !
Putain ! Mais c’est qu’elle pique, la guêpe !
- « Et pourquoi croyez-vous que je me prénomme Amélia ? » me glisse la mère de Toni.
Fin de la saison 12. (A suivre)
Amical72
amical072@gmail.com
* La grande Amália Rodrigues chante « Uma casa portuguesa » : « Basta pouco poucochinho pra alegrar ( Il suffit de peu, très peu pour être heureux) / Uma existência singela (Une existence simple,) / É só amor pão e vinho (Et seulement de l'amour, du pain et du vin) / E um caldo verde verdinho (Et une soupe de choux vert,) / A fumegar na tijela… (Qui fume dans le bol) »
Merci pour vos encouragements. Vos remarques, suggestions, questions sont les bienvenues en direct sur amical072@gmail.com, je m’efforcerai d’y répondre le plus tôt possible.
A bientôt.
Autres histoires de l'auteur :