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12 | La chance de baiser avec toi
Le récit de Julien
Mehdi est nu sur le lit, redressé en équilibre sur ses genoux écartés, dos au miroir de mon armoire. Il se tord le cou pour apercevoir son reflet par dessus son épaule alors que je l'observe en caressant langoureusement ses belles fesses musclées. Mon majeur suit le relief de la couture périnéale depuis ses bourses jusqu'à se nicher sur son petit trou du cul froissé. Mehdi se tasse alors légèrement sur lui-même et son anus s'épanouit imperceptiblement, suffisamment pour offrir à la pulpe de mon doigt d'atteindre cette moiteur soyeuse, promesse de nos plaisirs.
- "Ah, Julien! C'est une chance de baiser avec toi. "
Dissimulé au ras de mes cheveux, je ne saisis qu'un de ses yeux qui brille dans la demi pénombre mais à son éclat velouté, je devine qu'il m'invite.
- "Et réciproquement, Mehdi ..."
L'homme a des possibilités limitées. Il ne sait pas, à la fois, bander et réfléchir en même temps! Moi, du moins! Or, à ce moment précis, tout mon sang oxygéné est stocké dans ma bite, mon cerveau faisant l'objet d'une cyberattaque, l'ensemble de mes capacités de réflexion se retrouve anesthésié. Je ne suis qu'un arc réflexe aveugle, un cerveau reptilien, un animal guidé par ses pulsions irrépressibles. Je bande et je veux niquer! Le baiser, lui, le demi beur breton à la peau douce, avec son poil dur et ses yeux douloureux de tant de plaisir.
D'un mouvement preste, je m'empare du nécessaire dans le chevet proche et mon doigt revient, pugnace et obstiné, copieusement enduit d'un gel vite tiédi dans ma paume, frétiller dans ce nid douillet. Nos regards réfléchis se croisent, s'accordent et je le frappe d'estoc. Net et sans bavure! Il a sursauté, sa nuque s'est cassée et il laisse filer l'air dans un léger râle.
J'ai virevolté, vif comme un chasseur. Mon bras enserre son torse pour le soutenir et le ramener à moi, son dos contre mon torse. Il ne peut ignorer mon désir farouche, brûlant, suintant, puisqu'il marque sa fesse tel un fer rougi. Un second toucher, à peine un effleurement, le fait bondir à nouveau, m'assure de viser juste, obscurcit totalement mon sens critique et rien ne pourrait m'empêcher de poursuivre.
Je le libére alors de tout soutien, le temps pour moi de m'équiper de latex et il tombe à quatre pattes, comme figé dans l'attente de ma queue. Je le dirige d'une main et je guide ma bite de l'autre. Je le pointe et le presse souplement. A ma surprise et pour mon plus grand plaisir, il m'avale d'un coup, comme s'il m'attendait, déjà souple et accordé. Juste le paradis !
Sa "chance", vraiment? La mienne, tout autant !
Aussitôt, il s'emploie, impatient mais désordonné, recule, creuse son rein, cherche à être rempli, comblé, dans des agitations empressées, haletant, fébrile. Je le laisse se disperser quelques secondes puis je reviens calmement encadrer son bassin des mes deux grandes mains pour canaliser son appétit brouillon, imprimer un rythme à nos mouvements antagonistes, éprouver notre alignement pour de longs aller-retour qui font encore monter son exaltation.
- "Baise-moi bien, Julien !"
Autant il refuse avec le dernier désespoir que quiconque puisse deviner qu'il est gay, autant, quand il est solidement planté sur ma queue, il se précipite, se donne éperdument. Peut-être parviendra-t-il un jour à accepter son orientation, à l'accorder enfin à son plaisir ...
J'aime le niquer, pour ce tourbillon des sens dans lequel il m'entraîne. Il s'accroche à moi comme un noyé à un sauveteur qui le ramène à l'air libre. Je le bloque soudain contre moi, empalé sur mon mat et il contracte sporadiquement ses abdominaux pour me masser, m'aspirer, me siphonner. Je pourrais si facilement me laisser ensorceler par ses transports délicieux ...
- "Mehdi, tu voulais voir ..."
Je me suis brusquement dégagé. Je roule sur le lit à son côté, m'installe sur le dos en appui sur un coude, nuque relevée. Je redresse ma bite bandée au ciel et je l'invite d'un signe de tête.
- "Viens me dévorer, Mehdi !"
Il m'enjambe et s'accroupit, de trois quarts, ses deux mains vers l'arrière. L'une écarte sa fesse et l'autre guide mon pieu. Ses yeux, eux, sont plissés par sa concentration sur le reflet et les miens l'y rejoignent alors que je le caresse sensuellement du bout des doigts.
Je suis, moi aussi, fasciné par ma bite sur laquelle il s'enfonce avec une lenteur calculée, savourée, par de petites oscillations qui inversent son sphincter distendu.
- "Branle-toi Mehdi."
Il détache son regard du miroir, s'asseoit d'un coup sur moi et roule des hanches tout en s'astiquant frénétiquement, la tête en arrière et les yeux fermés et je ne peux que m'efforcer de retarder ma propre jouissance. Son halètement s'accélère et il lance un premier jet en contractant furieusement son anus. Dés qu'il se relâche pour reprendre son souffle, je fuse, secoué à mon tour de soubresauts qui le soulèvent. J'ai le souffle court, abasourdi par cette force qui me propulse en lui, m'éblouit, me sonne.
Il bascule sur le côté, s'enroule en foetus. Je le recouvre de mon corps éclaboussé de sa sève, le pique de bisous, attrape son poignet pour retirer la main dont il masque ses yeux.
- "Qu'est-ce que tu vas penser de moi, maintenant?"
Mon visage est proche du sien à le toucher et, dans cette quasi obcurité, il me laisse entrevoir sa prunelle et moi, un large sourire comblé et sans partage.
- "Je pense que j'ai bien de la chance de baiser avec toi, joli poilu ! Et tellement de plaisir aussi."
Fin de la saison 12 / Petite pause estivale, les aventures de Julien et Mehdi reprennent à la rentrée. Mais ne croyez pas qu’un auteur soit indifférent ! Vos encouragements, remarques, questions, suggestions ... seront les bienvenues et je m’efforcerai de répondre à chacun d’entre vous aussi rapidement que possible.
Amical72
amical072@gmail.com
* "Quand les hommes vivront d'amour / Il n'y aura plus de misère / Les soldats seront troubadours / Mais nous nous serons morts, mon frère." En 1956, Raymond Levesque écrit et compose cette chanson devenue un hymne pour la paix et un des symboles de la chanson québécoise. Elle est reprise ici par le trio Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois. Ah, Quand les hommes vivront d'amour ...
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