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15 | En rafale – Le récit de Julien
Mardi matin, c'est tout essouflé par ma précipitation pour la rejoindre que je pousse la porte de la boutique de tatouage. Comme une juste récréation après trois jours passés à bachoter, à me concentrer sans écart sur l'objectif du concours.
Le grand escogriffe ne lève pas même la tête mais m'indique le rideau en tendant le bras. D'un pas décidé, j'emprunte le corridor, pousse la porte de la réserve, étire mon cou par dessus les emaballages pour le découvrir, lui, confortablement assis sur le canapé. Il lève un bras tendu, paume en opposition.
- "Change-toi d’abord. »
Je retourne sur mes pas. Derrière la porte, sur un carton, une seule boite rectangulaire est plantée comme un menhir. Je vais découvrir ce qu’il a préparé pour moi. Sur la sangle alternant noir et rouge, des clous dorés retiennent les élastiques enserrant les cuisses, le cache sexe est un fin filet, noir également, très doux, qui laisse deviner par transparence mes organes qu’il aplatit. Sitôt enfilé, je lisse le jock sur moi du plat de la main. L’anticipation de cette mise en scène suffit à contracter mon ventre autour d’une attente et c’est presqu’intimidé que je reviens vers lui.
Je le retrouve nu lui aussi, assis, cuisses écartées, un bras étiré sur le dossier, l’autre tenant sa bite brandie comme un cierge de la procession. C’est elle que mes yeux fixent en adoration. Il la secoue pour la faire vibrer et sourit de me voir ainsi fasciné. Sans doute s’enfle-t-il d’orgueil comme sa bite de sang ...
D’une rotation de l’index de sa main libre, il m’invite à en faire autant sur moi-même. J’écarte les bras et son murmure est appréciateur.
- « Montre-moi ton p’tit trou maintenant. »
J’élargis solidement la base en trapèze délimitée par mes pieds et, cul tourné vers lui, jambes tendues, j’incline mon torse en avant, menton relevé, rein cambré, bras déployés pour l’envol. Ou pour plonger dans un maeltröm dont la puissance, je l’espère, va me bouleverser et dont lui n’est que l’instrument.
Indispensable mais utilitaire.
J’entends le soulagement des ressorts quand il se lève du canapé, la respiration asthmatique de la pompe à gel après qu’il l’ait pressée, je m’étonne de ne pas retrouver sa viscosité dans la paume de la main qu’il promène sur mes formes comme une flatterie, je sursaute quand sa seconde main en coupe se plaque, un doigt enduit et fluide m’éperonnant mais, aussitôt, je me concentre pour l’accueillir avec facilité et un soulagement : ça y est, ça commence !
Il rit au profond soupir que j’exhale, retire son doigt pour le jumeler et revenir, lentement, avec précaution, replonger en moi qui m’efforce de respirer calmement, contractant mes abdos pour me repousser sur cette double ambassade, incontournable préambule à l’extase espérée.
D’abord, ses doigts ont frétillé dans mon fondement, puis ils ont entamé des va et vient et maintenant, ils batifolent, se croisent, se chevauchent, s’écartent pour mieux se recroiser. Périodiquement, un jet frais m’indique qu’il a enfoncé le poussoir et il souligne la fluidité de la pénétration qui suit d’un ricanement satisfait.
Moi, je respire court, la gorge sèche ; de soudains hauts le cœur me coupent l’air qui revient dans un borborygme, un gargouillis de nourrisson qui tête. Et son zèle s’en trouve décuplé.
Je vacille sur mes jambes, mon cerveau est débranché et mes hormones réclament qu’il me transperce, enfin, mais de son dard impérial cette fois, oui ! Mes tripes le réclament, l’exigent !
Cependant, sur une dernière éructation asthmatique du distributeur, un crachat onctueux que le gras de son pouce écrase en vrillant sur mon anus épanoui et repousse dans mon conduit, il me claque sèchement les fesses, tourne les talons, vaque et j’entends les ressorts accuser le coup quand il se laisse choir sur le divan dans un soupir.
- « Allez, p’tit pédé, à toi maintenant ! »
Je me retourne, il est magnifique ! Cheveux, moustache, toisons, ses poils drus et bruns, sa peau mate, son laisser aller fort d’assurance, décontracté avec sa bonne queue pas encore au mieux de sa forme qui barre son ventre, ses yeux brillants, ... Et son sourire ! J’en ai l’estomac retourné.
J’avance vers lui mais il m’arrête de sa jambe tendue, le bout de son pied venant presser mon entre-jambe. Ses yeux se fichent dans les miens.
- « Dis-moi, tu mouilles, p’tit pédé ! »
Je m’arrête, statufié ; il joue de ses orteils qui pianotent et tourmentent mes parties.
- « Dis-moi pourquoi tu mouilles ? Qu’est-ce que tu voudrais ? »
- « Je veux que tu m’encules ! »
Pourquoi est-ce que je parviens à n’avoir aucune retenue, aucune censure sous son regard qui jubile et m’incite à poursuivre ? Je reprends, presque malgré moi.
- « Je veux sentir ta queue m’ouvrir, me … pénétrer, me remplir, me ramoner … longtemps, comme toi, tu sais si bien le faire. »
Son sourire s’élargit sous ma trop évidente flagornerie.
- « Je suis certain que tu aimes TOUTES les bonnes queues qui te baisent bien, p’tit pédé, pas seulement la mienne. »
Puis, cassant,
- « Nettoie ! »
Je tombe à genoux, saisis son pied, l’encadre à deux mains et lèche sa plante pour effacer la moindre trace de mes fluides. Emporté, je suce ses orteils un à un, les agace, les mordille ; il étire sa cheville et son pied en extension écrase mes lèvres, me bâillonne. Son accès de rire soulève ses épaules et il repose son pied à plat au sol.
Il a glissé sur le siège, les fesses en équilibre au bord de l’assise, ses cuisses en grand écart me dévoilent complaisamment ses broussailles sombres. Son scrotum étire sa peau fine, lesté du poids de ses couilles oblongues qu’il moule ; plus bas pointent ses ischions et, entre les deux, un fouillis triangulaire, sommet en bas, inaccessible et plus épais, masque sa raie et son mystère. Son sourire est une invitation. Mon visage s’y précipite avec ivresse.
Il rit et me flatte la tête tandis que j’aspire ses effluves, narines grandes ouvertes, dodelinant pour me caresser sur ses toisons, hasardant ici un bisou et là un rapide trait de langue. Puis il casse son rein, cambré, épaules rejetées en arrière et son vit tendu se détache de son abdomen, se hisse à la verticale, bascule en obélisque orgueilleux.
De mes lèvres entrouvertes entre lesquelles je glisse ma langue, je me lance dans un concours d’escalade, tirant avantage de chaque aspérité, redescendant en glissade pour repartir à la conquête d’une autre face, aucune ne devant être négligée, aucun relief oublié.
A chaque fois que je parviens au sommet, je m’en délecte davantage encore, d’abord d’un furtif coup de langue, puis enveloppant le gland, puis l’aspirant jusqu’à avaler cette tige, de plus en plus profondément … avant de reprendre mon élan et de repartir …
Soudain, il m’interrompt en bloquant ma tête, impose un étui de préservatif devant mes yeux. Je l’en équipe avec soin, le déroulant cérémonieusement, usant de toute ma science.
Dans un mouvement brusque, il roule sur le dos, relève ses cuisses écartées en V et écrase mon visage dans sa raie. Après un instant de surprise, je ne tarde pas à réagir, et avec quel entrain !
Mes deux mains viennent soutenir son cul et ma langue se rue au travers de la broussaille pour dévorer avidement son anneau, je suis l’enjôleur et envoûté à la fois, ma langue frétillante me régale de ses fumets d’homme, joue de la douceur de sa muqueuse sur son sphincter verrouillé.
Avec la même brusquerie, il se rétablit, sa main agitant devant mes yeux ébahis un barreau au maximum de sa turgescence mais défiguré par la fine contrainte du latex comme un gangster se masque d’un bas nylon pour un hold-up, tandis que, de l’autre main et sans égards, il m’instruit de ses attentes, me fait retourner, cambrer, écarter mes fesses … C’est moi qui recule pour coiffer ce pieu impressionnant qui trouve aisément à se nicher.
Sa main se pose alors délicatement à plat dans mon rein et il s’abandonne à mon appétit. Je m’enfonce alors lentement sur son mat qui me calibre souverainement.
Je suis étrangement calme, appliqué, même si j’en perds le souffle.
Je suis rempli, comblé, émerveillé.
Et quand mes fesses rencontrent la résistance de son pubis, que mes ischions enfoncent sa fourrure, je réalise que j’ai fait le job et j’exhale un long soupir de satisfaction.
- « Recommence ! »
Sa main m’a repoussé et je déglutis, soudain inquiet : ai-je raté quelque chose ? Aveuglé par mon plaisir, ai-je oublié le sien ? Je tâtonne, me remets en position, m’appliquant à ne rien négliger, lent, patient, serré, attentif. Lorsqu’encore une fois, je parviens à m’empaler aussi totalement sur cet axe chaud qui me suffoque merveilleusement, il cède d’un cran sur ses bras qui le soutenaient et je comprends.
En prenant appui derrière moi, je décolle mes pieds du sol et contracte mes tripes en vagues, ondulant pour enserrer sa queue au plus près, son éblouissante queue, sa …
J’ai gémi, il a ri.
Il me renverse, me bouscule, me dispose, un genou replié sur l’assise, le rein à angle droit et il me larde. Un trait.
Il me bourrine à suivre.
Mécanique, forcené, sans escale, qui résonne dans mes tempes.
Ses deux mains ramènent mes hanches à lui, les fixent et il est secoué d’une rafale de hoquets, il grogne et à peine relâche-t-il sa prise que je m’effondre, soudain submergé à mon tour par la jouissance.
Il m’abandonne, haletant et s’assoit lourdement, s’empare d’une serviette et se bouchonne énergiquement.
- « Fais voir ! »
Je me retourne laborieusement vers lui, il désigne mon jock du doigt, part d’un petit rire satisfait ; puis ses yeux remontent vers mon téton qu’il observe en plissant les yeux.
- « Montre ça à Bryan avant de partir. »
Soudain son visage s’éclaire, il sourit sous sa grosse moustache mobile, tapote ma joue.
- « Aller, file, j’ai du boulot. »
Amical72
amical072@gmail.com
"Menez-moi, dit la belle, à la rive fidèle, où l'on aime toujours / Cette rive, ma chère, on ne la connait guère, au pays des amours" En concert à Tokyo, avec l'Orchestre symphonique de la NHK dirigé par Charles Dutoit, la soprano Françoise Pollet chante un air extrait de la suite "les Nuits d'été" d'Hector Berlioz, "l'île inconnue".
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