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Saison 2 | Chapitre 8 | Hiver
Je déteste le début janvier. Le jour ne se lève pas vraiment et reste souvent prisonnier de cette atmosphère cotonneuse et humide qui me pénètre le corps et l’âme. Alors, après mon travail, je selle Noisette. Nous faisons un petit circuit de dix minutes au pas puis au trot pour nous chauffer puis, retour en carrière pour une courte séance de dressage, une épreuve. Il faut dire que ni Noisette ni moi n’avons le physique du rôle. Elevée avec des vaches, elle a, tout comme moi, plutôt une allure de balourd athlétique et nous sommes trop hirsutes pour espérer ressembler à ces fines silhouettes aristocratiques et fixes en habit noir, balzanes et gants blancs. Pourtant, notre récente mésaventure lors d’une de nos dernières balades a imprimé en moi la nécessité de ce travail dont je me félicite chaque jour. Notre complicité ne cesse de se faire plus fine et discrète et la jument est chaque jour plus attentive à mes aides et aux ordres en confiance. Je n’ai nulle envie de refaire une entrée avec séparation de corps.
Nous terminons la séance par un autre court circuit « en extérieur » à des allures bien cadencées et je la sens, impatiente, vibrer sous la selle, les postérieurs déjà engagés, dans l’attente de mon autorisation pour bondir et jeter son feu. Mais pas folle la guêpe, elle sait aussi que j’attends un effort soutenu, de l’endurance et, rapidement, elle adopte un train régulier. Au trot ou au petit galop rassemblé, toute cette puissance, cette cadence implacable que nous partageons, associée à la conscience de la fragilité de notre équilibre et la légèreté de mes aides nous procurent un bonheur simple et grisant, à tous les deux, dans une entente de plus en plus étroite. Nous rentrons ensuite à l’écurie au pas, indifférents à la brume et au vent coulis. Je la récompense et la bouchonne longuement. Moi je vais ensuite me délasser sous une douche chaude qui m’épargne les remarques acerbes de Monique sur l’odeur de crottin que je laisse derrière moi. Je ne suis pas non plus un modèle de souplesse et quelques étirements sous le jet vif m’apportent un réel soulagement après les sollicitations de ma chevauchée.
D’un coup, je tourne la tête et j’accroche ses yeux. Je ne l’ai pas entendu entrer mais, bras croisés, il est là, maintenant, adossé au chambranle, ses belles épaules gonflées par la pause, se tenant à distance pour ne pas être éclaboussé. Et il me mate, posément. Il me détaille en maquignon, en gourmand qui se pourlèche devant la religieuse qu’on lui emballe. Son regard me balaie comme un scanner du haut en bas et retour et il sourit, la mâchoire volontaire. Ce regard s’impose, péremptoire, sur un territoire dont il revendiquerait la souveraineté, il me parcourt, me réchauffe, me redresse. Et moi aussi, je le toise sous la pluie. Puis, l’eau brouille un instant ma vue, hop, il a disparu.
Encore demi bandé, je me retourne lentement de trois quart vers la paroi et saisis le savon pour me couvrir encore d’une abondante émulsion de bulles et, d’un coup, il me bouscule, collé à mon dos, nu, me pressant de tout son corps contre le mur carrelé. Je résiste pour ne pas être écrasé. Ses mains qui glissent partout sur ma peau savonneuse. De ses jambes, sa queue, ses bras, il m’entoure, m’enveloppe dans l’eau chaude et la mousse. Son souffle dans mon cou, sa bouche, son haleine, son murmure. Ses lèvres et sa langue jouent avec mon oreille. Il me pétrit plus qu’il ne me lave et ses mains s’emparent à son tour du savon pour s’insinuer partout, me couvrir intégralement d’un film lubrifiant. Je suis aussi insaisissable qu’une truite qu’on cherche à braconner. Puis, d’un coup, il écarte mes cuisses, insinue sa queue bandée entre elles et son gland vient soulever mes couilles à chaque poussée de son bassin. Je ne sens plus que cette barre brulante qui coulisse enserrée entre mes adducteurs lubrifiés par le savon. Il prend appui sur moi de tout son poids et ses mains viennent à l’avant chercher mon membre tendu comme une proue, s’en emparent pour le masser, le vriller, l’enduire à son tour. Je bande comme un poney, un forcené.
Alors, sans lâcher ma bite, il nous retourne d’un bloc et, soulevant sa jambe gauche comme pour monter en selle, plaque ma tige le long de son périnée et referme sur elle le piège lubrifié de ses cuisses. Renversement complet de situation. C’est ma tige qui maintenant coulisse souplement dans l’étau de ses muscles, soulevant ses bourses vers l’avant à chacune de mes poussées, c’est mon pubis dont les poils s’emmêlent à la barbichette sous ses fesses et toute ma masse qui pèse sur son dos. Mes mains se sont saisies du savon et, avec mes doigts en étoile, couvrent l’intégralité des territoires de sa peau, à peine freinés par ses poils qui s’enroulent, et le parcourent pour l’enduire à son tour de mousse, ma bouche au creux de son oreille pour lui faire entendre la montée de mon plaisir quand je balance nos bassins. Partout, je l’empoigne à pleines mains, je l’enlace de mes deux bras en pétrissant son torse, puis j’écarte lentement son dos de moi en le malaxant avant de remonter vers les masses musculeuses de ses épaules que j’attire à moi cette fois. Il creuse son dos, recule ses fesses, se cambre et je lime à sa porte. Il se prête au jeu et je me déchaine dans ce simulacre, il m’encourage et je décharge puissamment entre ses cuisses. Aussitôt, il se retourne, me soutenant d’une main et s’astiquant vigoureusement de l’autre. Il me gratifie de quelques belles volées de foutre gras et je bombe le torse, sacrifié volontairement offert à sa rafale qui me frappe de plein fouet. Dans ma main en coupe, je recueille le mien qui goutte sous ses couilles et l’écrase sur mon ventre puis me plaque à lui comme pour nous encrer mutuellement. Chacun est ainsi marqué des fluides de l’autre, imprimé l’un sur l’autre et chacun saisit à deux mains le visage de l’autre. Nous les rapprochons, pour écrire à petites touches de nos langues dardées qui lèchent, s’insinuent, prélèvent, échangent puis s’emmêlent savamment. Je ris. Le plaisir partagé me rend heureux. Puis nous nous lavons, rinçons, séchons, frictionnons réciproquement, dans une grande attention affectueuse. J’en suis rempli, apaisé. Décidément, l’hiver gris est une bien belle saison.
Amical72
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