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Agriculteur

Saison 6 | Chapitre 3 | Bonobo

J’étais libéré ! En donnant ma réponse à Lecourt, j’avais enfin pris une décision. Il me semblait que c’était mon envie profonde qui avait, au final surmonté toutes mes préventions. Et force m’était de considérer que le traitement que venait de me réserver le patron m’y a grandement aidé. Les affres du questionnement étant désormais derrière moi, je retrouve instantanément mon humeur habituellement enjouée. Alors que Lecourt, qui avait joui dans son grand slip armure, est empêtré dans ses tentatives de se rajuster avec précaution, je l’entoure de mes longs bras velus.
– « tu es mon singe kamasutra, mon bonobo *1 qui copule pour dissoudre les tensions et me permettre de lâcher prise … » Il rit !
– « là, gars Julien, c’est l’hôpital qui se moque de la charité ou, comme dit l’Évangile : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans le tien ? » Puis il se colle à moi, sa main vient mouler mon paquet, bien à plat :
- « ta poutre, humm … »
Mais il est l’heure, pour lui, de rentrer ; le soleil qui baisse nous indique que l’on approche de dix-sept heures. Nous franchissons les clôtures pour revenir vers le véhicule. Pourtant, je le laisse rentrer seul, j’ai besoin de contempler encore la rivière qui devient noire et miroite, de sentir la fraicheur qui m’enveloppe et me grignote, la vie qui bat dans mon corps, le temps qui file sereinement… Ici ! Où je vis.

Et malgré tout … Quand je suis au lycée, que le maelström de mes hormones balaye toutes mes pensées pour ne plus tourbillonner qu’autour de ma queue en exigence de satisfaction, me rendant sourd à tout le reste, il ne me reste qu’un recours : rejoindre la place d’Espagne dans l’espoir d’y rencontrer un partenaire complaisant, ce qui me permettra, une fois libéré de cette tension, de reprendre sereinement le cours de ma vie.

La double rangée d’arbres d’alignement flamboie de couleurs d’automne dans le jour qui tombe. Cependant, je ne suis pas là pour admirer ce feu mais pour assouvir celui qui me consume. Je repère les quelques silhouettes fantomatiques qui, errant parmi les bosquets verts de lauriers palme entourant le bâtiment, sont, pour mon œil exercé, visiblement en quête et, soudain, il me semble reconnaitre Marc que je n’ai pas revu depuis son départ en vacances cet été. Lui aussi parait m’avoir repéré sans forcément encore m’identifier ; il s’arrête, à demi caché par un arbuste, pour me regarder approcher et je le rejoins en quelques enjambées. C’est bien lui ! Au milieu des quelques hommes plutôt murs qui glissent discrètement, lançant un regard concupiscent vers nous, le petit commercial est une cible de choix, alliant la fraicheur de sa trentaine sportive à un solide appétit, plusieurs fois éprouvé, pour ma queue.  Dans ma poche, je serre convulsivement les petits étuis carrés qui bruissent pour m’assurer de leur indispensable présence en me disant que ce joli cul chaud peut m’offrir exactement ce dont j’ai besoin.
Un rapide signe de tête en guise de « salut » un peu abrupt et mes yeux visent illico sa jolie chute de reins qui lui dessine un postérieur rebondi dont j’ai déjà apprécié la fermeté et la gourmandise et je me fixe sur une envie farouche de le baiser. Quand je relève les yeux, je croise les siens et il semble tout aussi satisfait de son propre examen. J’ai pu constater qu’à défaut d’être nouveau, je suis, ici, ce soir, un des plus jeunes et des plus convoités. J’étais venu, poussé par une tension, elle venait de trouver son objet et rien ne pourrait m’en détourner : j’allais le baiser puisque, d’évidence, il en avait envie. Pour éviter les sollicitations d’importuns que nous n’aurions pas invités, nous nous dirigeons rapidement et sans mot dire vers un épais massif de verdure qui occupe un angle rentrant du bâtiment. Je marche derrière Marc qui se glisse entre la paroi et les feuillages, puis sous de grosses branches jusqu’à atteindre un petit espace libre où nous sommes entièrement dissimulés.
Quand il se retourne vers moi, sans perdre un instant, nos lèvres se trouvent soudées par un baiser vorace et nos mains sont instantanément appliquées sur leur cible, moi lui pétrissant ses rondeurs et lui moulant mon chibre pour se régaler par avance de sa fermeté avant de déboucler ma ceinture pour le libérer. Je ne lui laisse pas encore le loisir de trop s’en délecter ; j’écarte ses mains et défais à mon tour sa ceinture mais c’est pour glisser une main impérieuse dans ses reins et découvrir son cul lisse et rond que s’approprie fermement ma grosse main possessive. J’abandonne alors à sa bouche affamée mon cierge dressé qu’il engloutit précipitamment alors que je déchire l’étui de gel entre mes dents. Aussitôt, mon majeur trouve son œillet et s’y plante vigoureusement, provoquant un hoquet qui resserre sa gorge sur mon nœud. Mais le lubrifiant produit son effet et, rapidement, un deuxième doigt accompagne le premier pour détendre son fion tandis que lui lèche et détrempe mon pieu qu’il tient fermement en main.
Puis il se retourne pour l’appliquer dans sa raie comme pour m’inviter à le pénétrer à cru. Cependant, même emporté par l’excitation de son offre que j’ai âprement espérée, je reste fidèle à une longue habitude et m’empare naturellement d’une capote que je pose sur mon gland en la tenant pincée par le réservoir. J’attends l’aide de ses deux mains pour la dérouler avec une application admirative de ma raideur pleine de promesses.
Dans la nuit et l’obscurité des frondaisons, pas un mot n’est échangé, nous ne sommes guidés que par nos pulsions exigeantes, égoïstes et la distribution des rôles nettement affirmée par nos postures préalables. Je n’ai pas cessé de lui malaxer l’anneau de mes doigts lubrifiés et il se positionne, les avant-bras en appui contre la paroi pour s’offrir à moi. Pour résister à la fraicheur du soir qui tombe, nous nous dévoilons au minimum et je plaque mon bassin sur ses rondeurs avant d’empoigner mon mandrin d’une main et de le guider de l’autre pour l’emboucher d’un petit coup de reins qui le fait souffler.
Puis, lentement, en pesant de tout mon poids alors qu’il résiste à ma pression, je l’ouvre à mon diamètre en le laissant prendre de grandes goulées d’air. Il termine avec une pause puis je le sens qui repousse encore son cul de gourmand et je le harponne définitivement d’un bon coup sec qui le fige. Mes deux mains courent sur ses fesses, les écartent puis, d’un bref mouvement soudain, les soulèvent pour les laisser retomber, bien assises, en selle sur mon éperon. J’ondule du bassin pour creuser ma place la plus confortable dans son conduit qui s’ajuste tandis qu’il a cambré ses reins pour renvoyer son pétard vers l’arrière.
Mes deux mains l’enveloppent, de sa taille, en remontant par en dessous, jusqu’à ses tétons pour redresser son buste et amorcer le coulissement. La tête rejetée en arrière, les bras levés, il aspire goulument ma langue de mufle, grasse et baveuse, tandis que je balance mes hanches à petits coups secs pour le poinçonner, à la mitraillette. Il rend les armes, basculant vers l’avant dans une profonde expiration, un bras adossé à la paroi, l’autre lancé vers l’arrière pour agripper sa fesse et ouvrir plus largement l’accès à son fondement.
C’est pour moi un signal et je l’empoigne par les deux hanches pour l’envoyer tantôt vers l’avant, tantôt l’attirer à moi, d’abord souplement puis accélérant la cadence et la vigueur pour le percuter de plus en plus violemment en claquant du ventre et des cuisses sur ce postérieur délicieusement serré et avide. Il gémit, lâche la paroi et se laisse aller vers l’arrière de tout son poids, écartant ses globes à deux mains et c’est moi qui le balance comme un sac balloté, profitant de son cul offert, chaud, souple. Putain, qu’il aime se faire mettre profond ! Je voudrais le baiser dans un autre environnement pour bien le faire reluire, ce gourmand ! Qu’il gueule son plaisir ! Je monte inexorablement à le tamponner aussi mécaniquement et, dès la secousse de son premier spasme, j’éclate, en l’enfilant d’un ultime planté, envoyé de toute la puissance de mes reins avec un grognement d’ours.
L’ivresse est presqu’aussitôt dissipée, il se préoccupe de se nettoyer sommairement pour se rajuster alors que je tente, au hasard, un geste, un lien :
 - « passe à la ferme, ce sera plus confortable et on pourra en profiter »
- « faut que je file, là, on m’attend et je suis déjà en retard … » dit-il l’œil entendu.
- « tu peux me déposer au passage ? »
- « pas de problème. »
Mais en sortant du bosquet, nous croisons une silhouette nouvelle : grand, athlétique, son regard dur de chasseur nous transperce comme s’il évaluait nos disponibilités érotiques pour sa queue de dominant. Aussitôt, Marc se détache pour lui emboiter le pas.
– « mais tu n’es pas attendu ? … » Il se retourne, quelque chose a changé dans son regard :
- « elle me fait chier, toujours à récriminer ! Elle verra bien quand je rentrerai. Allez, salut » et il disparait dans l’obscurité à la poursuite de l’inconnu.

*1 Dossier Bonobo, site du Museum National d’Histoire Naturelle : « D’une durée moyenne de 14 secondes, les rapports sexuels chez les bonobos sont nombreux : ils engagent une activité sexuelle en moyenne une fois toutes les 90 minutes. Leur sexualité s’intègre très naturellement et spontanément dans la vie sociale, et sert des intérêts variés : apaisement des tensions et conflits au sein du groupe (par exemple en relation avec le partage de nourriture), signe d’affection, plaisir personnel. Les bonobos ne copulent pas seulement dans les positions les plus variées, mais suivant toutes les combinaisons imaginables, démentant l’idée que les rapports sexuels visent uniquement à procréer. J’estime que les trois quarts de leur activité sexuelle n’ont rien à voir avec la reproduction, du moins pas directement : elle intervient fréquemment entre membres du même sexe ou pendant la phase non fertile du cycle sexuel d’une femelle. Il s’y ajoute de nombreuses activités érotiques totalement inutiles pour la reproduction, non seulement le baiser profond, mais la fellation et le massage des organes génitaux d’un autre, souvent observés entre mâles. « Nous » lions en général l’activité sexuelle à la reproduction et au désir, mais chez le bonobo, elle satisfait toutes sortes d’autres besoins. Le plaisir n’est pas obligatoirement le but en soi, et la reproduction ne constitue que l’une de ses fonctions » D’après : Frans de Waal, Le singe en nous, Fayard/Pluriel, 2011. Lien >

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