Premier épisode | Épisode précédent
7 | Ce qui nous enrichit
Le récit de Julien
A la fin de nos ébats, je roule sur Mehdi pour l'emprisonner sous moi, dans un réflexe pour lui interdire de m'échapper, le garder serré contre moi.
- "Je te propose le programme suivant : une toilette réciproque, un petit rangement puis, si tu le veux bien, on ferme la porte à clé et ... on baise tranquillement."
Il ne répond rien alors je commence à le libérer, une prise après l'autre. Je croyais le retenir de force, mais il ne s'en blottit que plus étroitement encore, chaud et fluide. Je roule sur le dos, le corps moitié exposé à l'air, moitié dans les moiteurs de nos ébats et, dans ce partage d'homme accompli et serein, je prends le temps d'une pause pour savourer. Mon bras entoure ses épaules et le presse contre moi, je ne vois que le sommet de son crâne.
- "Cet empressement ... Tu avais peur que je ne veuille plus de toi?"
Il a haussé une épaule d'un coup bref. J'embrasse ses cheveux drus.
- "Moi je trouve que tu es un joli garçon et ... généreux. J'aime beaucoup baiser avec toi, Mehdi. Mais toi?"
Il hoche affirmativement la tête à trois reprises, vigoureusement et reste obstinément serré contre moi. Et moi? Moi, je me sens léger, affamé et tonique, comme au printemps. Ma vie, en ce moment, me semble être une succession de bonheurs, de joies, de plaisirs, tous passagers, tous ordinaires ; rien ne m'appartient et pourtant tout me sourit. M'en souvenir me ravit.
Après m'être débattu, adolescent, dans les affres du doute en me découvrant gay, après avoir surmonté ce traumatisme, j'ai compris que la vie vaut la peine d'être BIEN vécue, sans chercher ni l'exploit, ni l'étourdissement artificiel, mais dans ce qu'elle nous propose de plus familier, de plus simple en faisant la différence entre un banal qui nous appauvrit et nous désespère de sa vacuité et celui qui nous enrichit. J'ai l'âge d'avoir, à la fois, déjà des souvenirs et encore des projets, celui de tirer profit de l'expérience acquise pour savoir savourer ce que l'existence m'offre qui illuminera les jours plus sombres qui ne sauront manquer.
Alors je le bouscule et le presse de sortir du lit, je bondis pour entrebailler les volets, laisser entrer l'air de la vie puis je l'enveloppe d'un bras et le pousse vers la salle d'eau, heureux que l'exiguité de la ruelle nous contraigne aux contacts, bras et jambes s'entremêlant. Comme si celà nous était imposé par la promiscuité, je me régale à tripoter ainsi à loisir cet appétissant garçon.
Je le guide jusqu'à la cabine de douche, je m'empare de la pomme et ouvre l'eau, attendant qu'elle soit à la bonne température puis je l'arrose consciencieusement et me place à mon tour sous le jet en me frottant à lui, pourtant, je n'obtiens guère qu'un pâle sourire en retour.
Je coupe l'eau, partage le gel douche et nous nous frictionnons réciproquement. Il se déride peu à peu sous la mousse et je retrouve une étincelle canaille de sa prunelle brune. Je l'attire à moi d'un bras autour de sa taille et de l'autre, rapproche sa tête pour l'embrasser. J'aime comme il me répond et les arabesques souples et déliées que dessine sa langue insaisissable. Cette fois, son oeil se voile de ses cils pour filtrer ce regard de miel lourd de promesses.
Alors que je le frictionne vigoureusement, en le voilant comme une afghane d'une vaste serviette, je m'asseois sur le coffre à linge et, à deux mains, je l'attire à moi. Les yeux fermés, je respire longuement son odeur puis, au jugé, j'embrasse sa peau douce.
Je le fais pivoter lentement sur lui-même toujours en l'embrassant, mes lèvres déposant une ceinture de sequins autour de ses hanches, un ornement oriental. J'effleure le velouté de ses fesses, la peau fine et tendue de la crête iliaque d'où je bascule vers sa toison tondue, toute de poils drus.
Sa queue vient battre ma joue et je ne résiste pas à l'envie de la parcourir, lèvres entrouvertes, langue affleurant, de bas en haut jusqu'à emboucher son gland suintant pour quelques succions rapides avant de redescendre en toboggan et chatouiller ses bourses de la pointe de la langue.
Mes mains impriment méthodiquement le mouvement de rotation et j'escalade à nouveau l'arête osseuse pour revenir sur ses jolis globes. Ma bouche se fait ventouse et je le sens se cambrer, pointer son postérieur, se hausser, s'offrir. Son cul est un fruit mur dont la vallée s'entrouvre. Mes pouces se sont détachés pour écarter ses fessiers et j'enfouis mon visage dans le triangle dévoilé, dardant l'apex de ma langue exploratrice qui fait crisser ses poils durs jusqu'à parvenir à la soierie de son anus où elle s'écrase et se répand. A ce simple contact, il a sursauté dans une expiration sonore, un hoquet. Il s'est redressé et raccroché au lavabo, comme sidéré, submergé.
Je me suis redressé comme un ressort, l'entourant aussitôt de mes bras pour le serrer contre moi. Je le berce doucement jusqu'à l'apaisement. Il secoue la tête, incrédule et un peu surpris lui-même par la vigueur de sa réaction alors que, et je suis bien placé pour le garantir, ce n'est pas une découverte. Il secoue la tête et s'en amuse.
- "Comme une décharge électrique ..."
Et c'est sur ce ton amical et badin que nous revenons à la cuisine pour ranger et anticiper le petit déjeuner du lendemain. Nous ne nous sommes pas rhabillés et tout m'est prétexte à me frotter à lui, à laisser trainer une main, à refermer un passage. Il sourit et se prête au jeu sans difficulté, se fait complice parfois mais je réalise alors que son regard est éteint et las.
- "Fatigué?"
Il opine de la tête avec des yeux de cocker et je subodore que c'est le contre-coup de la tension liée à sa démarche. Si j'ai bien écouté ce qu'il m'a confié au méandre des moines, il est habitué à laisser faire, sans avoir jamais à rien entreprendre, éternel objet de désir qui se rend en boite ou au sauna, ces endroits "hors du monde" où il se met à portée et ferme les yeux en victime quand les autres, convoqués en prédateurs, s'emparent de lui pour un rôle ou un autre. Ainsi, il ne connait jamais la rebufade ni l'échec.
Or il a dû prendre sur lui pour venir à ma rencontre, pour être à l'initiative, sans parler de reconnaitre en conscience sa réelle motivation et d'en endosser la responsabilité. Une entreprise inédite et, de plus, incertaine. Une épreuve pour lui.
Je lui tends les bras et il vient s'y réfugier.
- "Je crois que tu as eu une rude journée avec de sévères difficultés ; et tu les as surmontées, pas vrai?"
Il répond d'un murmure, il a passé un bras par dessus mon épaule et son visage m'est caché. J'entoure amicalement sa taille, presqu'en soutien. Nous revenons dans la chambre, retendons le lit, fermons les volets et nous couchons dans la pénombre.
J'aime l'idée d'avoir ce beau garçon sexy allongé à mes côtés pour la nuit et je me tourne vers lui. Il repose sur le côté, me présentant son dos tourné. Il recule vers moi. J'ouvre mon bras et il colle son dos à mon torse, écrasant mes poils. Mon bras retombe et l'entoure puis, par petits frétillements successifs, ses fesses viennent au contact de mes cuisses. Et remontent. Il s'incruste.
Il me fait bander, ce mec ! Sa peau, ses poils, son odeur, c'est magique!
Pourtant, lorsque je soulève ma tête pour déposer un bisou dans son cou, c'est un bécot digne d'un marchand de sable que je lui donne respectueusement.
Sa main a soulevé le drap, s'est glissée vers l'arrière, serpente, tatonne pour s'emparer délicatement de ma tige brûlante et la plaquer sur son rein. Il souffle.
- "Mets-la moi."
J'ai parfaitement entendu, le message est sans ambiguité aucune, pourtant je reste sans voix pendant de longues secondes, inerte, alors que sa main caresse imperceptiblement mon membre turgescent. Soudain, je m'en vois électrisé.
Je me retourne, me redresse, m'équipe en un tour de main et reviens en glissant entre les toiles. Le haut de mon torse s'applique en premier contre ses épaules, puis mon menton crochète son deltoïde et ma main fermée vient au contact de ses reins. Quand il soulève sa cuisse, je l'ouvre, libérant le gel qu'elle contenait et dont j'enduis grassement sa raie, le doigtant à un, puis à deux, puis du pouce. Il ondule et vient se lustrer complaisamment sur la pulpe de mes doigts, volontaire et vorace à la fois.
Il respire fort avec un petit râle de gorge, sa main saisit sa fesse pour m'ouvrir plus largement sa raie. Ma bite emballée cherche sa voie à tâtons et il vient à mon secours, l'empoigne, la guide et, d'un recul du bassin, l'engage en lui. Il a crié et sa main a cramponné ma hanche. Mais c'est pour s'enfoncer sur moi. TRES lentement. Presque furtivement.
Et c'est terriblement excitant. Je le sens m'absorber dans de sourdes ondulations qui me massent suavement, il s'ouvre et me moule exactement avec toujours ce faible geignement qu'il module comme un chant lancinant, entrecoupé de profondes inspirations. Puis, quand ses fesses arrivent au contact de ma toison pubienne, il commence à se caresser en rythme.
Seuls, nos respirations forcées et un léger balancement qui froisse le drap, un tremblement de l'air, trahissent ce que nous sommes en train de faire. Pas de claquement sonore, pas de cri, ni d'emportement. Simplement, une longue, délicate et double oscillation sature obstinément chacun des milliers de récepteurs sensoriels dont nous sommes munis et me rappelle les furtives caresses que chacun s'administrait dans l'obscurité du dortoir de nos années de pensionnat.
Puis, d'un coup, tout s'accélére.
Une fièvre soudaine, une galopade effrénée, des souffles précipités, une impatience forcenée. Il a gémit faiblement, s'est tendu et je l'ai rejoint. Secoué de spasmes, le rein cambré et verrouillé. Il a lancé sa main vers l'arrière pour m'arrimer à lui.
- "Reste."
Je l'ai serré contre moi. Le noir a tout englouti.
Amical72
amical072@gmail.com
* Birds do it, bees do it / les oiseaux le font, les abeilles le font / Even educated fleas do it / Même les puces dressées le font / Let's do it, let's fall in love ... Ella Firzgerald chante let's do it
Autres histoires de l'auteur :