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Agriculteur | S12 La chance

8 | Résister au diable

Le récit de Julien

Je me réveille. Il fait nuit noire. Je perçois immédiatement le poids qui écrase mon bras gauche, puis la chaleur de Mehdi, couché sur le flanc et dont le cou m'emprisonne. Je le soulève lentement et me dégage souplement. Je me glisse hors du lit.

En quelques pas silencieux, je suis dehors. Nu sous la faible clarté de la lune dans son premier quartier, je frissonne et je pisse dans un clapotis sonore puis je reviens.

Quand je m'allonge à ses côtés, Mehdi relève la tête et proteste, tout embrumé.

- "Tu es tout froid ..."

Mais sa main lancée vers l'arrière vient me chercher pour me coller à lui. Et j'aime ça.

Je glisse mon bras autour de sa taille. Sa main revient s'emparer de la mienne et la serre contre son torse. J'ai dû m'endormir à l'instant.

Aux premières notes du réveil, nous avons sauté du lit et, comme dans un ballet millimétré parfaitement réglé, nous nous sommes douchés, habillés, sans qu'à aucun moment nous ne soyons, l'un ou l'autre, encombré par la présence de l'autre et nous nous retrouvons attablés devant le petit déjeuner. Je regarde Mehdi recharger sa tartine de gelée de mûres avec gourmandise. Il sourit, relève des yeux brillants vers moi et, sans la moindre gène, il aspire bruyamment la seule fine couche de confiture tremblotante et parfumée en effleurant des lèvres sa tranche de pain. Puis il ferme un instant les yeux.

- "Hummm, c'est trop bon!"

Je ris.

- "Tu seras condamné à te piquer les doigts pour ramasser les mûres qui seront bientôt à point pour la cueillette."

Nous avons rapidement débarrassé la table , efficacement nettoyé les miettes et ...

Et c'est à ce moment que j'ai fermement attrapé Mehdi pour l'écraser, dos à la porte du placard, mes mains bloquant ses avant-bras rabattus, chacun la tête dans le cou de l'autre pour éviter que nos regards ne se croisent. J'ai tourné ma bouche à son oreille.

- "Et ce soir, Mehdi, c'est moi qui t'invite, si tu veux bien."

J'ai patienté un instant, sans obtenir de réponse. Alors je l'ai fugitivement embrassé dans le cou, juste derrière l'oreille et je me suis dérobé pour reprendre ma préparation matinale.

Il s'est équipé et il est parti, sans un mot mais souriant, sans rien précipiter non plus. Je tends l'oreille pour capter le démarrage puis la nette accélération quand la moto rejoint la route et j'entame ma journée. Je me sens calme et résolu. J'ai planifié mon travail, veillé à l'intendance et, en cette fin d'après midi, je m'occupe des chevaux ainsi qu'à mon habitude. Je manipule les poulains pour les familiariser aux soins en compagnie de leur mère qui donne l'exemple.

Il y a de nombreuses années une large boucle de bitume a été tracée pour contourner le hameau aux maisons basses des tâcherons, construites sans ordancement, entre lesquelles la vieille route serpente, étroite et malcommode aux véhicules. On peut ainsi approcher les Chênaies d'un côté ou, en empruntant la déviation, du côté diamétralement opposé. Pour peu qu'une conduite calme garde le moteur à bas régime, son bruit reste discret, on n'entend pas toujours les véhicules approcher et je suis trop absorbé par les exigences du pansage pour prêter l'oreille.

Et soudain, il est planté devant moi, un peu hésitant, toujours dans sa combinaison de cuir matelassé, son casque pendu à son bras droit, souriant avec retenue.

Je rabaisse rapidement les yeux sur mes gestes, continuant à brosser le poulain qui frétille et dont je me garde avec prudence. Vite, rappeler le banal, l'ordinaire ...

- "Tu as passé une bonne journée ?"

- "Oui, merci! Et toi?"

Je m'écarte d'un pas et, aussitôt, le poulain se rapproche du flanc de sa mère qui patiente, impassible, attachée à l'anneau voisin. Je les désigne d'un geste.

- "Tu vois, je prends soin!"

J'ai cherché ses yeux du regard pour renouer le fil de l'implicite entre nous et je lui ai proposé de me prêter main forte. Je lui tends l'extrémité de la longe de la jument.

- "Tu marches devant elle, calmement. Elle va te suivre. Tu la mènes jusque dans le box dont la porte est ouverte. Je te suis avec le petit."

Une fois les animaux rentrés, j'ôte les licols, je verse une ration dans la mangeoire puis je sors en refermant soigneusement les loquets un à un. Il est un peu surpris par la vivacité de ma volte face et me voit marcher soudain sur lui. A peine un grand pas et je saisis sa mâchoire entre mes doigts en pince pour le galocher en l'écrasant contre le mur de paille derrière lui. Je dévore ses lèvres, j'envahis sa bouche de ma langue impérieuse, je ronfle, je salive ... et il s'accorde. Tout aussi affamé.

Tout en maintenant la prise de ma main, je me détache pour le considérer un instant. Il s'est visiblement rasé pour redessiner sa barbe. A l'identique.

- "Tu veux bien prendre soin de moi, à ton tour ?"

J'ai approché mon visage du sien et c'est lui qui est revenu m'embrasser. Goulument. La pénombre de l'écurie lui donne de l'appétit. Et l'appétit lui vient en mangeant.

- "Viens."

Il s'est accordé à mes grandes enjambées jusqu'à la maison et referme la porte derrière nous. J'entends l'arrachement des velcros pendant que je mets le four en chauffe. Pas fou, je sais qu'ensuite, on aura les crocs!

Il est à peine dégagé de sa carapace en cuir que ma cotte, ouverte d'un trait de haut en bas, tombe de mes épaules. Ma bite soulève mon slip en étrave. Je dégage facilement mes chevilles en piétinant le tissu pendant qu'à deux pognes, je pétris ses fesses alors qu'il s'escrime encore à délivrer les siennes.

Enfin, nos bouches se rejoignent. Enfin, nos mains partent en exploration, soulèvent nos derniers oripeaux, s'approprient, empoignent, malaxent. Chair, peau, poils et moiteurs.

- "A la douche!"

- "Je l'ai déjà prise."

- "Pas moi."

Il hausse les épaules, me regarde par en dessous ses cils denses, un regard fondu et chaud, lent aussi, comme une caresse qui me ramène aux frissons. Il soulève soudain mon bras à la verticale et lèche. A petits coups de langue comme des touches de peinture juxtaposées, des écailles de douceur. La peau fine autour, la broussaille dans le creux, partout. Une délicieuse fraîcheur humide, puis voilà le tressaillement. Soudain insoutenable.

Je l'attire vivement à moi pour nouer ma langue à la sienne, pour partager avec lui ces gouts qu'il m'a dérobés. Sa main vient mouler la base de ma queue, ses doigts font rouler mes couilles et son avant bras s'applique sur la longueur de mon vit, presse mon gland comme un fruit mur dont il exprimerait le jus et cette contrainte étroite sur mon membre entier est comme un avant goût, une proposition, une promesse, partagée puisqu'il en sourit. Un sourire carnassier.

C'est lui qui m'entraîne jusqu'à la chambre. Il s'asseoit sur le lit et me rapproche de lui, resté debout, entre ses cuisses ouvertes. Il tient ma queue raide comme un cierge brandi dans sa main gauche et, de la droite posée bien à plat, il me caresse doucement de sa paume. Le ventre, puis il file sur mon torse, redescend sur mon flanc, remonte en diagonale pour chercher mon téton, tourne, glisse ...

Il a relevé les yeux vers moi dans la faible clarté. Je les vois briller comme s'il attendait. Alors j'avance ma main droite, mes doigts dessinent l'arête de son nez, ses lèvres, mon pouce pèse et elles s'écartent. Il l'aspire, voluptueusement, le tète, le lèche, le suce, le tourne et retourne, l'enveloppe de sa langue ... avec toujours cet éclat dans le regard.

Ma main vient envelopper sa nuque et je l'attire lentement à moi, pour presser son visage contre mon bas ventre, le nez dans ma toison, ma bite brûlante contre sa joue. Il niche son visage en frétillant, souffle ou embrasse au jugé, ses deux mains cherchent, écartent, cajolent ...

De l'index, il rabat ma bite à l'horizontale et, aussitôt, il l'embouche et l'aspire. Comme on enfile un gant de soie ajusté. Un glissement extrêmement doux et lent ... jusqu'en fond de gorge où mon gland se cale. Il ressort, revient, et encore ... dans d'étourdissants coulissements. Il salive abondamment, une salive épaisse et puissamment lubrifiante qui nappe mon gland. Il tire la langue et s'obstine, jusqu'au réflexe de rejet.

Alors il s'écarte et, maintenant délicatement du bout des doigts ma bite à l'horizontale, tendue comme une torpille qui file, il la parcourt du plat de sa langue, la lèche dessous et dessus, l'enduit de sa salive. Au passage, il tête le méat ou le suçote puis revient par l'autre côté. Ses mains, légères, parcourent l'intérieur de mes cuisses, s'emparent de mes couilles, en jouent souplement, s'insinuent ... accompagnant ses délices bucaux d'ondes de frisson qui courent sur tout mon épiderme hérissé.

Ce faisant, il casse sa nuque pour relever les yeux vers les miens. Est-ce pour s'assurer de ma satisfaction, pour me prendre à témoin de ses bons soins? Est-ce la quête d'une approbation qui l'autorisera à poursuivre ? Ô oui, tu me suces comme un prince ! Comme te l'indiquent mes soupirs d'abandon ou ma main dans tes cheveux qui t'invite à poursuivre ...

Il engloutit ma queue et la relâche dans un traveling arrière infiniment ralenti, comme à regret, aspirant tous mes sucs, aiguisant chacun de mes récepteurs sensoriels, dans la douceur vertigineuse d'une interminable séparation romantique ... pour, aussitôt, la dévorer à nouveau. En goinfre.

Il joue, reprend ses lècheries, ses agacements, ses suçotements. Il tête mon gland, il embrasse ma peau, lèche ... Une nouvelle succion, encore plus souveraine m'arrache un râle, un spasme creuse mon abdomen, bloque ma respiration, une crispation fige mon rein ...

Mais rien de plus.

Je résiste à ce diable et à ses plus machiavéliques caresses, déjoue la sensalité de ses pièges les plus démoniaques. Des vagues de frisson me submergent pourtant ... sans parvenir à me faire éjaculer, il semble qu'aucune des voluptés qu'il me dispense si habilement ne parviendra à me détourner de mon destin : je le veux, planté sur moi, solidement, profondément, sa bouche entrouverte à mon oreille halète, geint et c'est son plaisir qui m'autorise.

Amical72

amical072@gmail.com

* « Laissez parler / Les p'tits papiers / À l'occasion / Papier chiffon / Puiss'nt-ils un soir / Papier buvard / Vous consoler ... » Régine, robe noire mais sans le boa de la grande Zoa, chante les mots de Gainsbourg avec « les p’tits papiers »

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