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9 | Sa peau m'obsède
Le récit de Julien
Désespérant de ne jamais parvenir à ses fins même en déployant ses caresses bucales les plus savantes, Mehdi s'est relevé, ondoyant, se coulant contre moi. Ses bras serpentent, s'enroulent, m'enlacent, sa bouche erre dans mon cou, sa main cajole ma queue du bout des doigts, une caresse éthérée, une brise ... puis soudain, il se détache, se laisse tomber en travers du lit, tend le bras, revient.
Il s'asseoit face à moi, déterminé, se frictionnant farouchement les mains pleines de gel qu'il réchauffe ainsi. Il s'empare de mon barreau et l'astique, énergiquement. Comme un manche qu'il va solidement prendre en main et qui, à cette perspective, durçit encore.
Ensuite, l'étui ne résiste pas à son coup de canine et, à deux mains, il déroule le film de latex qui me contraint, me protège et m'endurcit. Puis d'un ressort des cuisses, il se retourne, à genoux sur le lit, le cul en offrande qu'il enduit alors largement et qu'il doigte avant de le reculer vers moi.
J'avais déjà encadré sa jolie croupe de mes deux mains comme on le fait du tableau d'un paysage que l'on admire tant il nous parait magnifique. Or son mouvement l'a coulé par en dessous ma queue, en la redressant. Elle pointe fièrement vers le ciel entre ses fesses, batterie aérienne qui coulisse entre ses deux globes mais ce n'est pas aux nuages qu'elle s'adresse. D'un léger recul du bassin, je la dégage, ma main la rabat et elle trouve à se nicher, à sa place exacte.
C'est lui qui donne le coup de rein qui m'engage et il poursuit, dans une glissade volontaire. C'est l'étui qui avale le sabre, le conduit qui veut se faire envahir, le gant qui s'empare du doigt. C'est appliqué, précis, calibré et ... exactement assemblé.
Il s'est redressé, lançant ses bras vers l'arrière comme un lasso qui s'enroule à mon cou, sa tête à mon épaule, cambré et bandé comme un arc qui se renvoie de toute sa force sur ma queue. A deux mains, je l'y maintiens fermement planté. Il ventile, ondule, s'ajuste avec de petits soupirs. Mes mains courent sur ses flancs, rebroussent ses poils, polissent sa peau tendue, cascadent sur ses cotes, mes doigts étirent un téton puis l'autre. C'est une liane qui m'enserre de ses doigts ventouses, s'accroche à moi de tous ses poils, roule des hanches et cette sarabande ensorcelle ma bite, m'entrainant dans une voluptueuse danse collés serrés.
D'un coup, il s'est détaché, dégagé. Il recule sur le lit, roule sur le dos. Genous repliés, cuisses largement ouvertes en V, il enroule son rein, sa main vient effacer ses couilles, étirer sa raie qui dévoile son anus entrouvert. Il relève la tête.
- "Je veux te voir."
J'ai souri à cette perspective et j'ai acquiescé d'un signe de tête en plantant mes yeux dans les siens. Je tombe à quatre pattes sur le matelas et avance vers lui. Mon torse puis mon bras gauche s'engouffrent dans cette faille ouverte, le droit s'est effacé et guide ma bite en éperon qui l'enfile souplement. Il ferme les yeux, renverse sa tête en arrière et gémit, une plainte de plaisir et d'encouragement. J'obtempère sans me précipiter tant j'aime ce retour au bercail, cette mise à l'abri, cette chaleur du nid douillet retrouvé. Il referme sur moi un cercle de bras et un autre de jambes et je m'écrase sur lui, de toute ma masse, pour me planter irrémédiablement, l'investir, m'imposer d'un coup de rein magistral.
- "Ouvre les yeux, Mehdi!"
Il peine à décoller ses paupières, ses yeux chavirent, il dodeline de la tête. Sa respiration s'accélère, il est parcouru de frissons et je le lime souplement puis la machine accélère, jusqu'à le pilonner impitoyablement dans un ahanement animal.
- "Là!"
J'ai hurlé en me cambrant, comme une lame ressort qui se détend pour envoyer son projectile au plus loin. Lui aussi a crié et s'est accroché à moi, son cul en sangsue comme s'il ne voulait pas perdre la moindre goutte.
Nous avons versé sur le côté, à peine pour moi le temps de reprendre souffle qu'il me décapote, embrasse et suce ma bite flaccide, la lèche comme pour nettoyer toute trace, insiste, se fait calin ...
A deux bras, je l'enveloppe, l'attire à moi, le serre et nous roulons l'un sur l'autre.
- "Dis-moi, Mehdi! Est-ce que tu aimes ce qu'on fait ensemble? Et comme on le fait?"
Il enfouit son visage plus étroitement dans mon cou et opine nettement du chef à plusieurs reprises. Je suis si comblé moi même, si euphorique, si ivre d'hormones de satisfaction que je sais n'avoir posé cette question que pour l'entendre me donner cette réponse-là, celle que j'attendais, que son attitude m'indiquait et que je prends pour argent comptant, sans plus m'interroger, en puissant renforcement de ma certitude. Je me dis que nous sommes parfois des animaux vraiment rudimentaires mais qu'il est bien bon d'être ainsi rassasié et conforté dans nos certitudes.
- "Moi j'aime ce qu'on fait tous les deux, j'y perds un peu pied, juste ce qu'il faut pour des sensations vertigineuses et ça me plaît, et aussi ta peau douce et ... ton calme ... Me tiendras-tu compagnie ce week-end?"
Il a haussé une épaule, baissé les yeux.
- "J'ai promis à ma mère de le passer avec elle ..."
- "Alors tu dois respecter ton engagement, Mehdi! Il n'y a pas d'antagonisme ou de concurrence, tu viendras me retrouver quand tu pourras."
D'une vive détente, il vient m'embrasser dans le cou, comme si je l'avais délivré d'un dilemne et je me prends à penser que lui aussi est envahi par cette même fringale, celle de sa peau qui m'obsède. Je sais fort peu de choses sur lui mais j'ai l'impression que c'est un garçon facile à vivre et que je pourrais passer des jours et des nuits à baiser avec lui. Tout m'est prétexte à le toucher, à me frotter à lui, à le renifler, à chercher à me blottir dans sa chaleur.
Et celà s'accorde à son humeur joyeuse, il est joueur lui aussi, ses mains s'accrochent à moi à tous moments. Après la toilette, il n'a pas cherché à se rhabiller, il est resté naturellement nu et nous dressons le couvert de concert, comme une occasion de se toucher, de se frôler encore, avant de nous attabler, jambes emmêlées sous la table et dents de loups insatiables.
Nous avons rangé le coin cuisine puis je l'ai guidé jusqu'au canapé où nous poursuivons notre marivaudage. La conversation qui roule sur des sujets du quotidien de chacun, n'est qu'un bruit de surface qui dit un bien-être, une plénitude. Par ce beau soir d'été, nous sommes repus, d'avoir rempli nos estomacs et jeté nos gourmes mais, pourtant, le désir chauffe toujours le creux de mes reins et je l'épie : le sourire affleure ses lèvres, son oeil a cet éclat velouté de celui qui ne demande qu'à se perdre, il a le rire facile, je crois qu'il est dans les mêmes dispositions que moi.
Je ne tiens pas en place, je n'ai qu'une envie, celle de me jeter sur lui alors, je me lève d'un bond, pour échapper à cette tentation délicieuse, faire diversion.
Pour la laisser grandir encore.
- "J'ai soif! Veux-tu un verre d'eau, Mehdi?"
Amical72
amical072@gmail.com
* « Are we tough enough / Sommes-nous assez costauds / For ordinary love / Pour un amour ordinaire » demande U2 dans « ordinary love »
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