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Cyrillo :
- Franchement Romain, si ce n’était pas de la bagagerie Goyard, le tas de malles et sacs de ton amie serait resté sur le boulevard Voltaire.
C’est pyramidal, au sommet, trône son Kelly gravé d’un numéro très spécial sur le cadenas en or massif.
L’unique et seule raison valable pour laquelle j’accepterai d’être femme !
Afin de porter l’iconique Sac Hermès, crée pour la Princesse Grace de Monaco. Un Kelly pour toutes les occasions, à la messe comme à la darkroom.
Je ne parle plus évidemment de la princesse, mais de moi en femme.
Ce sac est confectionné uniquement sur commande.
Il faut montrer des titres pour en posséder un sur mesure avec la numérotation qui commence par 790257, les premiers chiffres du numéro de téléphone du palais princier.
Bref la maison Hermès étudie votre cas.
Cette Margaux est sans nul doute une belle référence dans le monde.
N’empêche que cette grande connasse blonde d’un quatre-vingts toute en nichon est là à visiter nos appartements. Comme si elle défilait au Louvre, elle danse au bras du Généraaaaaal son sauveteur en faisant glisser les semelles laquées rouges de ses "Loubout". Divine !
Il lui fait aussi la présentation des « Lofteurs », comme il nous appelle.
- Permettez-moi douce amie de vous introduire Raoul et Fred …
Elle rit à gorge déployée et féline.
Il est content, La Voix a trouvé sa Loana version Place Vendôme.
Là, je me rends compte de l’énormité de la situation, je me planque et m’assoie dans l’escalier pour y songer un peu.
Je compte, on est 7. Le chiffre de l’absolu, l’inconnu, la réponse aux mystères. On y est !
Donc …
1. Mon Oncle et Parrain, El Général Sainte-Rita-des-Enfants-Perdus, qui boite un peu depuis qu’il subit des séances d’ostéopathie par l’intérieur, mais qui de toute évidence a trouvé sa mission de vie, tant sa voix vibre l’épanouissement. Je comprends parfaitement qu’il a la colonne d’air bien dégagée !
+2 : Les frères Pierre-à-Feu, 2 magnifiques veaux de concours, bien teubés de partout, des Charolais de 30 ans, mais ça c’est juste sur la carte d’identité, ils ont le comportement de gamins consanguins, qui ne pense qu’à bouffer-baiser et faire des conneries basiques & efficaces et aussi … fister tonton entre deux séances d’abdo-fessier.
+1 ça fait 4, avec Bobby. 20 ans, l’allure du chef scout bouclé aux cheveux d’or, une gueule de puceau signée Bel-Ami, et tellement grand qu’il a décidé de passer les trois quarts de son temps à quatre pattes ou à genoux, l’air doit y être plus respirable en bas. Bref un gros soumis.
+1 donc 5, y a toi… Là je sais plus… Magnifique, cash, mais aussi en subtilité, brutal et doux, un gendre parfait et aussi la pire des trainées parfois.
Tu ne me révèles pas grand-chose de toi et pourtant j’ai l’impression de te connaitre sur plusieurs vies.
Je t’enferme chez moi, mais j’ai souvent envie de te balancer par la fenêtre…
Bref j’en suis où ? 5 et 6 avec moi.
Et oui, 7 avec la Queen intercontinentale du vibro, blindée de thune, trop sublime, trop blonde, trop pute et chic, majestueuse avec un splash de vulgarité, juste pour rassurer… et surtout bien chère à ton coeur … nan, mais c’est quoi ce regard…
- Tu boudes ? Me demandes-tu de haut…
- J’fais une pause t’inquiète…
- Oui, mais (…)
Tu n’as pas le temps de finir que le voisin anobli par la Française des Jeux débarque, suivi de son excroissance de femme, encore pleine de bigoudis !
Hey ??? Est-ce que cette femme ne sèche jamais ???
Je ne lui laisse pas le temps d’émettre un seul son, je lui soupire :
- Oui je sais… la police… le Marais … tout ça, tout ça …
- C’est quoi encore ce bordel dans l’escalier ??? On peut même plus rentrer ! Y a un concert de DragueQueen à Bercy qui s’prépare ici ?
- On est en train de ranger, vous ne voyez pas ?
Là, je devine ce qu’il voit vraiment.
Il a le regard d’un sorti-de-prison devant Miss Univers, toute nue à l’arrêt de bus de Fleury-Mérogis !
Lever de rideau sonore… Margaux entre en scène …
- Pardon pardon, c’est ma grannnnnnnde faute, è colpa mia … shame on me…
J’me dis qu’en chti il comprendrait mieux !
Mais vas-y pas qu’il propose un coup de main et s’empare d’une malle !
La daronne le lui déconseille à cause de son dos, mais il est déjà à dodeliner chez Alexandre.
Croulant sous le poids du bagage, décidément, il tangue dangereusement.
Bien sûr, il se prend un pied dans le persan à l’entrée, oui il y a un chat aussi que je vous avais caché.
Lui c’est Titan, comme la maison de prod des films hardos, celle des années où tonton crânait encore torse nu.
Bim bam boum, Il fait donc dégringoler un guéridon et l’aquarium design à poiscaille posé dessus, mais jadis.
Imaginez le Kelly rose-poudré en cuir de bébé crocodile du Brésil qui barbotte avec les 3 Pterophyllum leopoldi !
Margaux hurle comme une Castafiore et se jette sportivement sur le sac en épave.
J’observe une belle dextérité dans la pratique du saut de l’ange en talon aiguille de 18 centimètres, avec atterrissage sur genoux pliés.
Très vite, elle ouvre le sac et dispose à faire sécher ce qui ressemble à des devises étrangères.
La table 12 convives est recouverte de billets verts grand format.
Aller-retour rapide dans sa nouvelle chambre, elle brandit son séchoir comme seule une James-Bond-Girl brandit une arme, puis elle demande perturbée :
- Mais où sont les plugs ?
Les frères teubés s’exclament en coeur « Putain la salope elle en veut ! » le tout en se remontant les manches !
Pétrifié j’explique en urgence : « Plug … Anglais … Elle veut une prise électrique ! »
Tonton affolé recommande de ranger tout ça, et toi, t’es mort de rire.
Vas-tu applaudir ? Elle ou moi ?
Bobby éponge déjà à quatre pattes dans l’entrée, Maman-Euromillion suppose à haute voix que c’est forcément de l’argent sale, quand son mec, il n’en revient toujours pas de voir autant de nichons à cette altitude-là.
Moi ? J’évalue …
150 000 dollars à peu près, en mode séchage turbo, et donc, autant de billets qui virevoltent tels des papillons dans l’appartement.
Je me laisse malheureusement influencé par la connasse du dessous, car j’espère ne pas voir débarquer les mercenaires du cartel de Medellín dans la nuit…
Là je craque !
Je t’intime, toi Romain, de cesser de rire illico du regard. Les commissures de mes yeux vont se fendre tant ils sont exorbités.
Je réserve ma voix tonitruante aux voisins afin qu’ils se cassent et nous laissent à jamais tranquilles.
Sa dame dit qu’il ne l’a pas fait exprès, je ne réponds pas, mais siffle un grand coup et je leur claque la porte au nez, dans un bruit assourdissant de métaux blindés.
Vous me regardez tous et j’en profite :
- Stop ! Va falloir s’organiser un peu ! Tout le monde sur le canapé, tout de suite ! et Margaux … Please… arrêtez-moi ce séchoir, ça vole partout, ça va finir par la fenêtre.
Bobby va ramasser s’il te plait, vite…
Chacun s’installe dans les chesterfields havane.
- Oui toi aussi Bobby, tu peux venir t’assoir … attends … il reste des billets là.
Des clopes s’allument, évidemment, tu lui en allumes une, dépose sensuellement une Vogue Menthol entre ses grosses lèvres vernies en raccord avec la semelle ses chaussures.
Pour m’achever dans ma jalousie, tu fais sonner le capot de son briquet Cartier en le refermant d’un coup sec.
Et tu oses me regarder amusé.
- Merci Amorrrrrrré qu’elle te congratule, elle remarque tes petits cheveux blancs qu’elle trouve si mignons et fait mine de les embrasser tous…
Ces bruits de bisous dans l’air sont stupides ! Ils ne savent pas ça chez Hermès !
Voilà… Bobby a enfin fini sa collecte de fric envolé et séché.
Il est content-content. Il allait sauter sur le canapé, mais je l’arrête net dans son élan, et lui demande de rapporter à boire.
- Cours à la cuisine, y a surement du Champ et pense aux coupes s’il te plait.
Ça m’agace de l’entendre ouvrir toutes les portes de la cuisine, il n’y en a que 6, pourtant c’est la 20ème fois que je l’entends ouvrir et refermer.
J’invite Alexandre à lui donner un coup de main s’il veut bien…
C’est toi qui te lèves. Bêtement je regarde si tu ne bandes pas encore.
De retour, Bobby s’assoit en tailleur à côté de moi.
- Non Bobby, pas les pattes sur le canapé …
Et toi, t’es déjà en face, jambes virilement écartées, ton genou et bientôt ton paquet sous sa main diamantée.
La réunion peut commencer.
- Alexandre, nous sommes chez toi, tu veux commencer ?
- Non vas-y mon chéri, je te laisse faire le briefing, quels sont tes instructions capitaine ?
- Merci Général, vous êtes trop bon !
Je poursuis donc avec beaucoup d’espoir…
- Il faut qu’on établisse des règles, si grand soient les appartements, il faut qu’on puisse vivre ensemble et aussi avoir nos moments d’intimité. Il va falloir qu’on s’organise pour les repas, les activités essentielles de chacun, dormir, se laver, …
Tu me coupes le premier et me reproches d’infantiliser tout le monde
- Ça va … on sait vivre en mondanité !
Dans la foulée, géné, Fred met son iPhone en mode silencieux après que la célèbre notification de Grindr ait sonné.
Ça fait penser à Raoul de nous demander si on va faire des partouzes ?
À Margaux de déclarer qu’elle adore les partouzes et les brunchs !
Tonton se raidit un peu, je sais qu’il déteste les brunchs, top vulgaire, si nouveau riche.
Raoul le rassure d’une bonne poigne sur son épaule et lui dit que ça va bien s’passer, qu’il ne sera pas laissé pour compte.
Bobby toujours très content et enjoué me demande s’il pourra faire du sport sur les grosses machines, je lui explique que ce sont celles de Romain, tout foufou, il te demande si tu veux bien lui apprendre à en faire, Fred dit moi d’abord.
La joie impatiente de Bobby m’oblige à lui dire :
- Non pas maintenant, et va plutôt chercher une deuxième bouteille ... Et ramène celle-là … idiote !»
Il rigole.
Bref tout le monde s’en fout de mes 10 commandements.
Ils sont déjà à se réjouir de tout ce qu’ils vont pouvoir faire et oh combien ils vont s’éclater.
Allez Moïse, va t’noyer !
Je me lève et chuchote pour vous faire taire. Plus efficace que de hurler.
Dans le silence, je peux donc vous rappeler que vous êtes chez nous, et qu’il va bien falloir établir des règles qui nous conviennent, maintenant.
Je me rassois calmement.
Romain :
Pas faux Cyril...
Enfermer 7 spécimens de notre acabit, ensemble pour deux semaines n’est pas chose évidente.
Même dans 300 m² cela risque de faire désordre. Nous devons donc nous adapter les uns aux autres. Tu t’autoproclames leader et même Alexandre n’ose pas s’opposer à ton impériale décision. Nous sommes tes obéissants serviteurs.
- Bien ! À présent, il faut que JE sache quels sont les goûts, les préférences et les habitudes de chacun d’entre vous. Il va falloir accorder nos violons sinon ce sera le grand bordel. Commençons par vous, chère Margaux. Comment envisagez-vous votre confinement ? Interroges-tu.
- Oh, pour moi, c’est très simple. Je dois continuer de diriger mes sociétés via Internet. Comme je suis le PDG décisionnaire, je dois rester en contact avec mes 148 comptables et mes 37 directeurs de sociétés. Grâce à ce télétravail, je pense que tout se passera bien. Le reste du temps, il me faudra méditer, car depuis ma dernière visite au Dalaï-lama, mon karma a été revivifié et me porte vers la réflexion transcendantale. Roucoule la gente dame en me chopant les couilles à pleine main.
Tonton Alexandre affirme que le temps passera vite pour lui grâce à ses amis Mozart, Beethoven et Wagner.
La cuisine étant son violon d’Ingres, il se chargera de nous régaler à condition que Cyrillo lui prête de temps en temps Bobby pour faire les courses et lui servir de marmiton.
Le regard braqué sur l’entrejambe prodigieux du massif Raoul, il précise qu’il appréciera la visite de toute personne souhaitant se délasser.
Raoul, tout en mâchouillant son cure-dent, dit qu’il se tiendra peinard tant qu’on lui videra les couilles deux fois par jour.
Fred, grommelle qu’il se fait déjà chier et qu’il voudrait bien faire de la gym avec moi et que je lui apprenne aussi les rudiments de la grimpe pour escalader de temps à autre la façade de l’immeuble. En disant cela, il mate insolemment les gros nibards de la femme couguar.
Bobby n’a pas le temps d’ouvrir la bouche, que tu as déjà décidé de son programme.
Ménage, lavage et repassage, astiquage des cuivres et de l’argenterie pour commencer. Il devra faire les courses et donner un coup de main à tonton Alexandre dans sa cuisine. Quant à son cul, personne ne devra y toucher sans ton expresse permission. C’est clair.
Sous ton regard orageux, la main endiamantée et onéreusement manucurée de Margaux, continue de me pétrir les couilles.
J’observe le profil du superbe cougar qui ronronne à mon côté. Le temps semble avoir glissé sur Margaux comme sur une toile cirée. Elle est toujours aussi belle ... celle qui savait si bien me crucifier sur son lit pour me faire agoniser de plaisir.
Toi Margaux, qui m’a sauvé quand je me noyais dans mon chagrin.
Chagrin dans lequel m’avait laissé mon mec. Où est-il mon mec ? Ou est-il mon alter ego qui était la moitié de moi-même ? Où est-il, celui qui était mon amour tout entier ?
Je suis là maintenant, au milieu d’une folie que je n’aurais jamais pu imaginer.
Je suis à présent un homme différent. Un homme qui aime Cyrillo.
Pourquoi aimer cet homme qui va à l’encontre de tous mes principes, de tous mes espoirs ?
Mes pensées suicidaires seraient-elles revenues ?
Il faut cependant continuer de vivre, même quand sous vos pas, le sentier s’efface.
Je me fais l’impression d’un jet qui navigue encore dans le ciel grâce à ses circuits de secours.
Tu m’arraches à mes rêveries en m’apostrophant :
- Et toi, Romain. Qu’est-ce que tu veux ?
- Je…
- Mais encore ???
J’explique alors, sans trop de conviction, que je m’adapterai sans problème parce que je suis avec toi, que j’aime la lecture, et que je dispose de mon matériel de gym.
Je sens la main de Margaux se resserrer sur ma braguette et j’affronte ton regard laser.
Titan, le chat abyssin, après avoir croqué son dernier scalaire, fait sa toilette sur les genoux d’Alexandre.
Ce dernier porte sur moi un regard apaisant. Il sait et devine certainement ce que je ressens. Il me suit les yeux lorsque tu me prends par la main pour m’entraîner vers ta chambre.
Fin de l’assemblée générale.
Devant le lit, tu me déshabilles sans un mot.
Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que tu vas me prendre ce que je ne t’ai pas donné ce matin.
D’une poussée tu me fais choir sur le lit sur lequel tu me rejoins.
Tu restes vêtu, car de toute manière je sais que tu bandes mou.
Tu as les couilles lyophilisées, mais cela ne suffit pas à calmer tes ardeurs de prédateur.
Me découvrir ainsi nu et vulnérable, alors que tu es tout caparaçonné de tes baskets, de ton jean, de ton gros pull et de ta détermination, me fait songer à certaines agressions de mon mec Abel. Ce salaud d’amour aimait me coincer parfois sans prendre la peine de se déshabiller.
Il m’épluchait comme une banane avant de me bouffer.
Je ferme les yeux et je sens ses mains courir sur mon corps.
Je suis en train de te tromper, Cyril, avec un fantôme.
À toi, comme à mon fantôme aimé, je donne tout ce que j’ai dans le ventre.
Je crie quand l’orgasme me vide. Mon cri est comme un sanglot. Je ne sais pas si tu as compris.
Je me perds à présent dans le labyrinthe de mes sentiments.
Certes, il y a quelques accrochages, mais dans l’ensemble, les deux semaines ne se passent pas trop mal.
Je lis et remue de la fonte, toi tu tempêtes en corrigeant les textes que tu vas publier sur ton site.
Margaux lévite en posture du lotus avec un vibro dans la chatte, Tonton fait la cuisine et pompe Raoul quotidiennement, Raoul dégorge Fred, Fred qui fait chier tout le monde.
Bobby astique et frotte toute la journée et les pigeons de Paris...
Ils viennent crotter sur le balcon. C’est presque l’harmonie.
Comme un coup de tonnerre, le Président de la République nous annonce la prolongation du confinement. Un mois de plus !!!
Devant le téléviseur du salon, c’est le silence.
Je sombre dans des interrogations cotonneuses tandis que Raoul et Fred échangent des clins d’yeux mystérieux.
Que mijotent-ils, ces deux cocos ?
Cyrillo & Romain