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Cyrillo :
Pourquoi gamberger autant ? Inutile !
Je suis déjà engagé dans cette pente vertigineuse dans laquelle l’inspecteur Delamole m’a poussé... Lâche prise Cyril, n’essaie même pas de te rattraper, glisse et voyons comment tu vas t’écraser sur le sol en marbre de vérité brute.
Autant que ce soit confortablement.
Mon Romain, j’ai bien vu comment ton regard passe de moi à Alexandre.
Je sais tellement qu’Alexandre est déjà prêt à t’accueillir et à caresser tes doutes, tes angoisses, autant que tes couilles.
Alors je vous ai devancés et me suis installé en tailleur dans une bergère, je suis invisible.
Dos à vous, je vous ai entendu vous isoler du groupe et ouvrir mon album de Mariage.
J’ai bien épousé le Macquis de Culvas.
J’ai rejoint la célèbre lignée de prostitués politiquement tolérées.
Après Jeanne-Antoinette Poisson « la Pompadour », Mademoiselle de Tonnay-Charente « la Montespan » vous lierez dans Gala et Wikipédia, Cyril « le Cyrillo »
Mes menstruations à moi étaient 5 giclées de foutre que je donnais à éponger au Marquis tous les mois.
Mon sperme à sa bouche valait de l’or et j’avais même négocié ma superbe absence à ses cotés en mondanité.
J’ai toujours détesté ces vieilles folles au carnet d’adresses blingbling qui exhibent leur bergère à des diners de cons version "Paris Marais".
Chaque Marquis parie qu’il a le gigolo le plus stupide et c’est la surenchère de provocations à l’idiotie.
En janvier prochain, j’ai promis d’être publiquement à ses cotés pour le bal pour notre premier anniversaire de mariage.
Sauf que même cette date me répugne … j’ai déjà fait le nécessaire pour saboter l’événement !
Ça, Alexande ne te l’a pas expliqué, il a eu pitié de moi, de toi, il te fait bouffer une cuillère de merde à la fois. Il n’est pas question de tu lui dégobilles dessus et que tu te casses de là.
Bien entendu, nous sommes sous contrat de Mariage, mais Mon Marquis, classé au top des meilleurs clients des cliniques esthétiques de Miami, New York et Porte-Maillot, m’a offert l’appartement du boulevard Voltaire.
J’ai bien menti en racontant qu’Alexandre m’a fait une place dans le sien.
Le gendarme s’est fait essorer et vider financièrement pendant son divorce. L’histoire de la mort de sa femme n’est que coup de théâtre à la Zola pour que tu avales mieux.
En réalité, c’est moi qui était paumé et vivre avec Alexandre me sécurisait.
Bref la deuxième cuillerée de merde que tu vas devoir avaler ensuite, c’est qu’horrifié de devoir organiser et assister à cet anniversaire de Mariage en public, j’ai trouvé le moyen de coller le Marquis à l’Ephad, et sous tutelle.
Pas la mienne, je m’en fous de ses richesses maintenant. J’ai déjà bien assez à vendre pour avoir une retraite paisible dans une ferme au Portugal.
Ce covid est une divine providence, j’attends de veuver incessamment sous peu en votre bonne compagnie à tous. Pourvu que ça dure !
Je prie pour que les masques n’arrivent jamais dans les ephad, et si le directeur de l’établissement pense que je vais en coudre un moi-même, c’est plutôt mon voile rouge passion de veuf libéré que je suis entrain de tisser !
Je suis très contrarié qu’on ne puisse le visiter en cette période de confinement stricte … je serai venu accompagné de quelques clochards pour lui tousser au nez.
Alexandre à raison, il ne faut pas croire que toutes les vies sont pépères.
Mon pépère à moi, il n’en finit pas de vivre.
La séance d’Alexandre s’achève par un règlement en nature, il est temps d’essuyer mes larmes, de me racler la gorge et de vous laisser jouir en paix.
Margaux est encore sur son coussin de défonce vibrant, les mains jointes aux cieux, elle communique avec bouddha, ses nibards vibrent aussi et dessinent des cercles.
Fred observe les rotations mammaires comme un chimpanzé devant une banane trop grosse pour lui.
Raoul est sur Grindr, ça va être l’heure du footing qu’il pratique en Timberland 6 inch, à 580 grammes la boots, et en Lee Cooper compressif de poutre indécente !
Bobby fait les carreaux en chantant "J’attends l’amour" de Jennifer.
Je le siffle et lui fais signe de le rejoindre dans le placard à balais.
Je referme la porte sur lui et dans le noir, je le prends serré dans mes bras et l’embrasse à bouche que veux-tu.
Il accueille bien mon patin envahissant et commence à descendre le long de mon corps.
Je le rattrape au vol et le remets debout, torse à torse.
Il se laisse à nouveau embrasser, me donne le change en passion et redescend de nouveau.
Il est lourd le jeune bestiau, mais je le redresse quand même, j’enroule ses bras autour de ma nuque.
Il propose avant de baisser son short pour que je puisse le baiser tout debout, les jambes autour de mes hanches.
Je lui réponds de fermer sa gueule ou plutôt de l’ouvrir, mais de se taire.
Je l’embrasse encore profondément, je lui caresse le tendrement le visage, je suis un peu plus violent avec ses cheveux, mais c’est pour mieux pénétrer ma langue dans sa bouche et le presser contre moi.
Je lui dis qu’il est beau, que je l’aime … et il veut redescendre, se mettre à genoux.
Alors je le plaque au mur, peut-être qu’un tuyau d’aspirateur lui fera mal dans le dos et qu’il arrêtera de bouger ainsi soulagé.
Nos langues s’emmêlent comme notre esprit, je le respire et lui dis des mots d’amour, je plonge dans sa bouche, des larmes coulent et se mélangent à la salive.
J’allume le placard et quitte l’endroit, il me regarde partir stupéfait.
J’ai besoin de sortir...
Clé / téléphone / clope / Cb, check Ok, je sors.
Sur le trottoir je salue le voisin du dessous qui astique sa nouvelle Audi néo-riche.
Il est plutôt bien foutu le con, une fois extrait de l’escalier pour se plaindre et de sa femelle en assistance.
Oui c’est bien … penche-toi comme ça ... que je mate bien ton cul... tu dois être poilu … j’ai bien envie de débroussailler tes remparts de poils avec mon coupe-coupe d’africain pour atteindre ta clairière rosée…
Raoul sort derrière moi et m’arrache à mon Livre de la Jungle Hardcore .
Il est aussi surpris de me voir là. Comme un gamin pris en faute, il jette la clope qu’il allait allumer et se met à courir au milieu du trottoir du large boulevard Voltaire.
C’est clair … c’est la première fois qu’il court…
On dirait le roi Lion ivre mort, poursuivi par des hyènes, en chaise roulante !
Romain :
J’entends les pas de Cyril s’éloigner dans le couloir.
La porte d’entrée claque, il est retourné dans sa crèche. Alexandre est toujours à son affaire et me suce comme un aspirateur Tornado. Je me cramponne fermement au dossier du divan parce que je sais que Tonton va m’obliger à balancer lourd. Ça ne rate pas ! Un orgasme quasi douloureux me vrille le bas-ventre et me fait crier ma jouissance. Je me vide.
Avec toutes les protéines qu’Alexandre m’a ponctionnées, il va pouvoir tenir une bonne semaine sans avoir besoin de se sustenter. Je ne peux pas lui en vouloir parce que c’est moi qui l’ai invité à se mettre à table. Le vieux vampire reconnaissant me sert un petit porto pour me requinquer puis s’en retourne, tout guilleret, à ses occupations ménagères.
Ce soir m’annonce-t-il, il va nous concocter un osso-buco à la milanaise, mais il a besoin de son marmiton Bobby pour éplucher les carottes. Aussi me demande-t-il de partir à la recherche de l’homme à tout faire de Cyrillo. Selon moi, le malheureux doit être en train de faire les vitres ou de cirer les meubles. Il est inconcevable que son maître lui laisse cinq minutes de répit. Inconcevable.
De retour dans l’appart’ de Cyril, je cherche le jeune esclave et ne le trouve point, pas plus d’ailleurs que Cyrill lui-même. Au bout d’un moment, j’entends des bruits sourds provenant du couloir. Cela provient de la porte du placard à balais. Mon Cyrillo énamouré a coincé son mignon dans l’étroit cagibi. Il y a comme un bruit de lutte et des gémissements étouffés.
Je vous pose une question toute bête :
Vous disposez d’un appartement de 130 m² avec trois chambres. Où allez-vous baiser ?
Réponse : Vous allez baiser dans le placard à balais. C’est logique.
Quand je pense que je me faisais du mouron pour toi !!!
Après avoir vu tes larmes pathétiques, cela ne m’aurait pas étonné de te voir enjamber la balustrade pour mettre fin à ton désespoir. Que non ! Tu ressors du placard en te réajustant. Très digne et en évitant soigneusement de me regarder, tu vas ensuite au portemanteau pour décrocher ton blouson que tu enfiles d’un souple mouvement d’épaules. Tu sors et claques la porte derrière toi.
Au fond du placard, coincé entre l’aspirateur et les balais, je découvre un Bobby plus ébouriffé que jamais qui me semble ahuri et un peu frustré.
- Bobby, Alexandre te réclame pour éplucher ses légumes. Va le rejoindre vite fait, il t’attend dans sa cuisine. Que je grommelle.
- Oui maître, j’y vais tout de suite, maître. Balbutie la petite salope.
- Je ne suis pas encore ton maître Bobby. Si c’était le cas, ça ne se passerait pas comme ça, je te prie de le croire ! Allez, casse-toi !
- Vous le serez bientôt, Maître ! J’ai tellement hâte que vous le soyez ! Chevrote Bobby.
- On verra ça plus tard. Pour le moment, va éplucher tes carottes ! Que je glousse en léchant sa peau nue du regard.
En entrant chez tonton Alexandre, nous tombons nez à nez avec Raoul qui court sur place. Il a un regard halluciné et la bouche béante. Une telle expression sur une gueule de con, c’est impressionnant. Il nous bouscule d’un coup d’épaule et dévale l’escalier. Fred surgit dans le couloir et m’interpelle :
- Romain, vite, donne-moi un coup de main, Raoul a une crise de delirium !!! Il faut le rattraper avant qu’il ne fasse des conneries !!! Il a essayé toutes les pilules de Margaux, ce con !!!
Ni une ni deux, nous dévalons à notre tour l’escalier. En surgissant sur le boulevard, nous te découvrons en pleine conversation avec ton irascible voisin du dessous. Alias Bidochon astique amoureusement son énorme 4X4 Audi à la peau de chamois et toi tu lui tiens courtoisement son bidon de polish lustrant. Tout semble aller pour le mieux pour vous deux. Vu le volume de vos braguettes respectives, je pense que vous n’allez pas tarder à vous réconcilier.
- Tu as vu Raoul ??? Que je te demande brusquement.
- Oui, je l’ai vu partir en courant vers la place de la Nation. Pourquoi me demandes-tu ça ? Me réponds-tu, à peine surpris par ma question.
- Parce qu’il faut qu’on le ramène vite fait ! Que je te lance en m’élançant à la suite de Fred qui sprinte déjà.
Étrange impression que de courir sur ce trottoir vide. C’est le silence. Il n’y a pas un chat sur le boulevard et aucune voiture ne circule. Ça fait un tantinet vision de fin du monde. Je constate avec satisfaction que j’ai toujours une bonne foulée parce que je parviens à suivre Fred sans effort. Fred est torse nu et le grand dragon tatoué dans son dos semble vivant, animé par les muscles qui ondulent sous la peau. Faudra un jour que je me tape Fred. Il est vraiment canon.
À 100 m devant nous, Raoul zigzague en courant lourdement. Il braille à tue-tête :
- J’arrive Maman, je vais te faire plein de bisous !!! Je t’aime Maman !!!
Quand enfin, nous rattrapons l’énergumène pour le saisir chacun par un bras, il résiste. Il est costaud le Raoul avec sa crinière de Roi Lion. Fred tente de le calmer en lui parlant d’une voix câline, mais l’autre gueule :
- Lâchez-moi, je veux aller voir Maman !!! Lâchez-moi ou je vous casse la gueule !!!
Fred et moi ne sommes pas des bibelots d’étagères. Alors nous parvenons à maîtriser le grand blond et à le traîner sur le chemin du retour tandis qu’il expédie des bisous en l’air, destinés à sa petite maman. Arrivé devant notre immeuble, je constate que tu as disparu ainsi que ton voisin Bidochon. Raoul parvient à nous échapper pour se cramponner au rétroviseur de la Audi rutilante. En plein délire, il ne veut plus nous suivre… il veut retourner chez sa maman… !
Tandis que j’aide Fred à décrocher son pote du rétroviseur, j’ai le temps de jeter un coup d’œil à l’intérieur du véhicule. Stupeur ! Sur la banquette arrière, tu es en train de bouffer les pectoraux poilus de ton voisin. Dépoitraillés, vous êtes comme deux bêtes qui s’entredévorent. Tu es un grand romantique très pragmatique, mon cher Cyrillo...
En traînant Raoul dans l’escalier, nous croisons l’épouse Bidochon. Masquée et gantée, elle arbore aujourd’hui des bigoudis orange anti collision. Elle est superbe de vulgarité. Je la salue machinalement en découvrant mes dents.
- Mon Dieu ! Est-ce possible de se mettre dans un état pareil ???
Bêle la conasse en serrant frileusement son peignoir Hermès sur sa poitrine de chèvre.
Vas-y, petite bourgeoise de mes deux, continue de nous gonfler avec ta morale d’intégriste catho… vas-voir comment ton mec se fait tringler dans votre Audi Q8 55 TFSI 340ch Avus extended quattro tiptronic 8 ! J’espère bien que tu vas coincer ton petit mari velu « connecté » avec ce grand salopard de Cyrillo !
Ça te fera une bonne occasion de hucher, pouffiasse !!! Que je pense avec fureur.
Margaux nous attend sur le pas de la porte. Elle nous conduit directement vers sa chambre. Aux quatre angles du lit, elle a fixé des menottes. Elle nous ordonne d’attacher Raoul sur le lit, écartelé en X.
Elle va s’occuper de lui. Comme toute femme moderne, elle a son brevet de secouriste.
Je ne me fais donc aucun souci pour le rétablissement de Raoul.
Encore quelques efforts et nous parvenons, Fred et moi, à immobiliser l’athlète blond à tête de con. Écartelé sur le lit de Margaux, il continue de vouloir faire des bisous à sa maman. Très professionnelle, la bombasse ouvre une grande malle emplie d’objets psychédéliques et s’empare d’une paire de ciseaux avec laquelle elle découpe rapidement le survêtement de son patient pour le dénuder.
- Calme-toi mon lapin, maman Margaux va te soigner. Sois bien sage, et tu auras plein de bisous. Chantonne la goule en salivant.
Rassurés de savoir Raoul entre de bonnes mains, Fred et moi sortons de la chambre pour aller rejoindre Alexandre et son marmiton Bobby dans la cuisine.
Ça sent très bon, nous allons nous régaler ce soir.
Cyrillo & Romain