Premier épisode
2 | Leur échapper
Le récit de Julien
Après le dîner, Adrien et Toni nous ont salués, et ils n’ont pas oublié Arnaud. Lui, un peu emprunté, se laisse brasser sans pouvoir – pas encore ? - se laisser aller à participer vraiment. J’ai attendu, à la porte, qu’ils rejoignent la voiture pour éteindre l’éclairage extérieur, fermer à clé la porte d’entrée et me retourner sur le rouquin, là, qui vaque, sans un regard pour moi.
Il me plaît, ce joli quadra blond roux, solide, avec son air concentré, sa détermination. Alors j’avance pour lui couper le chemin, l’intercepte d’une main preste, enroule mon bras à sa taille, lui pique un bisou au hasard quand mon autre main arrache d’autorité son tee-shirt et caresse fugitivement son torse. Fugitivement car il a tourné son regard vers moi, a éclairé son visage d’un bref sourire, puis s’est écarté pour poursuivre ses remises en ordre ménagères.
J’enfouis mon visage dans le vêtement de coton que je chiffonne dans ma main pour y traquer l’odeur dont mon rouquin a commencé à l’imprégner. * Puis je vais bruyamment tirer les rideaux aux fenêtres pour lui garantir que personne ne nous verra – Et qui d’ailleurs, pourrait approcher la grande maison, sans se faire repérer ? - et je me retourne vers lui. A deux, nous terminons rapidement de nettoyer, sans que je le laisse échapper à mon regard. Pur hasard, je me trouve dans son dos quand il claque le capot du lave-vaisselle.
Mon bras gauche enlace alors son torse et ma main gauche en appui le ramène contre moi ; j’ai le triangle de poils clairs d’entre ses omoplates juste sous les yeux. C’est fou comme les variations de son poil sont fascinantes : tantôt il parait blanc, tantôt blond et certaines lumières y allument un feu rougeoyant.
Ma main droite s’escrime à défaire sa ceinture et, maintenant, sa braguette. Il s’appuie sur le plateau de ses bras tendus et a plaqué ses fesses contre mon bassin. Brusquement, je me recule et, saisissant ses vêtements d’une main de chaque côté de ses hanches, je m’accroupis en descendant le tout sous ses genoux.
J’ai, face à moi, ses fesses musclées, la gauche agitée d’un tressautement qui contracte spasmodiquement son grand fessier, un tic sur lequel je pose ma paume comme un onguent. Sa peau blanche est, par endroits, si fine qu’on peut y lire le réseau des veines bleutées. J’embrasse ses globes et je me redresse lentement en marquant son dos de bisous légers jusqu’à sa nuque. Il étire son dos, relevant le menton et il soupire tandis que mes lèvres parcourent son cou et que mes mains l’enveloppent d’une caresse légère.
- « L’autre soir, dans l’écurie, j’écoutais Adrien presser Toni, il lui disait : demande-moi de … » Puis il reprend, dans un souffle : « … de t’enculer ! … Alors moi aussi, je te le demande, Julien ! Ils m’ont tellement sali de leurs insultes … Le faire avec toi, c’est doux, c’est bon, ça me sauve, je leur échappe ! »
Il tourne soudain la tête vers moi et m’embrasse comme un éperdu, dans un élan qui m’écrase et me suffoque.
Mais aussitôt, je cède. Et qu’est-ce que c’est bien …
J’encaisse, j’amortis, je l’accueille, je l’enveloppe de mes grands bras et, dans un profond soupir, il poursuit le baiser, s’apaisant progressivement ; relaxe ou rassuré, il prolonge maintenant par jeu, ou est-ce par goût ? Qui sait ? Il semble s’appliquer pour en apprendre le langage. J’encadre son visage à deux mains, décolle mes lèvres, l’examine … Il entrouvre ses deux éclairs d’un bleu limpide, rabaisse lentement ses paupières, rosit, incline sa tête et avance ses lèvres.
C’est bien ça ! Et si je me dérobe … voyons ? Ses lèvres chassent alors dans mon cou, ses mains soulèvent mon polo, l’arrachent, et sa bouche retrouve la mienne, ses doigts se perdent dans ma fourrure, puis il y enfouit son visage, il renifle, hume, se risque à lécher, aspire mon mamelon, remonte sous mon aisselle complaisamment déployée …
- « Voyons Arnaud, est-ce vraiment convenable ? »
- « Non » Il hausse une épaule de dépit.
- « Fais-tu ça pour … t’humilier ? »
- « Non ! » Sa protestation est sèche et sans appel. Il suspend net ses cajoleries.
- « Je fais ça parce que j’en ai envie ! »
Il a planté ses yeux dans les miens, comme deux épines de glace et sa main est venue mouler ma braguette ; à ce contact, il sourit et entreprend de faire sauter les obstacles qui, soudain, contraignent douloureusement ma queue bandée. Elle jaillit comme un diable à ressort hors de sa boite, lançant un fil brillant qui décrit un arc puis se colle à moi, visqueux.
Arnaud observe puis incline lentement la tête et me prend en bouche, timidement, précautionneusement. Je crains un instant de jouir directement tant sa naïve mais déterminée maladresse me le rend touchant ; alors je relève son menton d’un doigt pour retrouver ce goût légèrement âcre sur ses lèvres. Mon joli roudoudou !
Je le redresse et le libère de ses dernières entraves vestimentaires puis le laisse me rendre la pareille et, nus comme des vers, je l’enlace, le pousse, l’enveloppe, le presse, me frotte, le caresse, l’aiguillonnant de ma queue bandée heurtant ses fesses à chaque pas, jusqu’à atteindre le lit.
Il se casse en deux, le torse sur le matelas, les jambes tendues, écartées, en équilibre sur ses orteils ; ses deux mains s’emparent chacune d’une de ses fesses pour m’offrir son étoile d’un rose franc, auréolé de sa couronne de poils dorés.
- « Baise-moi ! »
*Juliette chante les odeurs que l’autre a laissées « sur l’oreiller ». Elle en est l’autrice.
Amical72
amical072@gmail.com
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