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5 | It’s so GOOD!
Le récit d’Adrien
Juste après que Toni ait lancé sa semence en panaches, j’ai rapproché mon visage du sien pour le contempler, yeux clos et lèvres entrouvertes, recouvrer lentement une respiration régulière, puis un sourire relever ses commissures. Quand il soulève ses paupières, ses yeux pétillent dans les miens.
Il me renverse à plat dos sur le lit et monte à califourchon, assis sur mon ventre, ses cuisses enserrant mon torse. Ses mains fouraillent dans ma toison et il ferme un instant les yeux en murmurant de plaisir à ainsi la démêler à l’aveugle.
Quand il rouvre les yeux, ils me transpercent, aiguisés, rieurs, calculateurs. Toni se laisse couler sur moi et ses superbes fesses viennent repousser ma queue bandée pour l’encadrer tandis que, minaudant, il me couvre le visage de bisous humides.
Il a rabattu sa main droite dans son dos et il a empoigné ma tige qu’il lubrifie grassement d’abord par des torsions savantes du poignet ensuite en coulissements voluptueux entre ses globes avant de la rabattre pour d’abord s’en caresser puis chercher à la nicher.
Comme je manifeste ma désapprobation d’un claquement de langue, il sourit, se retourne pour m’équiper prestement et se remet en place. Il se contorsionne malaisément mais, lorsque je tente de le seconder, il m’en empêche. Je ne peux qu’observer sa concentration marquée par ses sourcils froncés, sa respiration soigneusement maîtrisée, sa détente qui me fait lentement progresser en lui jusqu’à … trouver ma juste place !
Hmmm ! C’est un puits de bonheur ; je pourrais le croire creusé à mon intention, ajusté sur mesure par le tailleur et j’y plonge avec délice ! D’ailleurs quand je rouvre les yeux, je le vois qui m’observe, il a haussé les sourcils et semble m’interroger. Une vague de contractions me presse souplement, me soutirant une plainte d’extase et il sourit.
- « Alors, Adrien Lecourt, qui suis-je pour toi ? »
- « Tss, je n’avouerai rien ! Mon discernement est altéré et aucun juge ne retiendra des aveux obtenus sous l’emprise d’une jouissance sexuelle infiniment experte. »
Il a placé son bassin en rétroversion, je me suis redressé, presqu’assis et, de son avant-bras et de sa main en étoile dans mon dos, il se retient à moi pour faire souplement valser son bassin en tous sens. Il me fait finement coulisser en lui qui se caresse sur mon épieu. Il le chauffe au rouge sans me quitter une seconde des yeux. Et j’y lis ses pensées, les mots qu’il ne parvient pas -encore- à prononcer.
Et ce que je crois lire dans ses yeux, c’est : « Je te veux Adrien Lecourt ! Foin de tes évitements, de tes retenues ! Je veux que tu cèdes et me soulèves de ces petits coups secs qui propulsent tes reins, ce réflexe atavique pour envoyer ta semence au plus profond, que tu ne pourras retenir plus longtemps. Je veux voir tes yeux chavirer, t’écouter souffler ou geindre, te sentir te répandre en moi qui te dévore, m’éclabousser, m’inonder de ta chaleur. Et te garder encore en moi, te retenir dans l’étreinte fusionnelle de mon cul, le temps des derniers frissons. »
Même si les mots ne parviennent pas à passer ses lèvres, je sais que c’est ce qu’il me dit.
Il me retient, me ramène sur la rive d’un « Là ! Reviens à toi, maintenant. »
Et alors il bondit, me décapote et aspire mon gland entre ses lèvres. Et j’ai pensé que pour être aussi précise, sa caresse n’en était pas moins insupportable de volupté électrique ; je crie :
- « Vampire. »
Il a ri ! Il se blottit contre moi qui m’étais recroquevillé. Son souffle, ses doigts comme autant de grattements discrets à l’huis que j’entrouvre pour laisser entrer le visiteur attendu. Je le serre contre mon cœur. Je l’embrasse et lui glisse à l’oreille :
- « Mon p’tit chat ! »
Ensuite, nous nous sommes douchés, bousculés, abondamment savonnés, nous avons encore joué, nous avons ri, sans vraiment d’autre raison que ce vague sentiment de bonheur qui suit nos ébats, et fini en nous barbouillant mutuellement de protection solaire.
Puis d’un coup de pédale alerte, nous avons rejoint la plage et nous avons marché dans le friselis d’écume des vagues mourantes, pour le plaisir d’avoir les pieds, les chevilles et, parfois, les mollets éclaboussés. Puis, quand l’environnement dominant est devenu textile, nous avons dû nouer nos foutah en paréos autour de nos reins.
Quand nous rebroussons chemin, la plage s’est vidée et Toni se rapproche de moi en me jetant des coups d’œil. Alors je prends les devants et le presse de formuler sa question.
- « Je voulais savoir si je compte un peu pour toi ou si je suis … un agrément, une commodité … ou une passade. »
- « Sais-tu, Toni, je ne suis pas un romantique éthéré et je fuis, dans ma vie privée, toute forme de tension permanente qui nous ferait rejouer, chaque jour, une grande tragédie.
Les emballements de la passion nous prive dangereusement de toute raison, de tout sens critique et donc, je m’en défends farouchement. C’est mon caractère.
Et puis il y a les inclinations qui nous rappellent à l’autre, qui nous font nous sentir mieux en sa présence. Alors on lui propose de rester un peu. Puis encore un peu plus, tu vois ?
A quel moment se dit-on « je t’aime » ? Et est-ce suffisant pour partager la vie de l’autre ? N’y a-t-il pas des élans qui portent à des appariements incompatibles, ou toxiques ou simplement qui ne fonctionnent pas au quotidien, parce que … il existe des attentes sans contrepartie en retour ou des habitudes de vie qui se contrecarrent ? »
J’ai posé mon avant-bras sur son épaule la plus proche, en bon camarade.
- « Je t’ai retenu dans mon lit. A ton tour, tu m’as sollicité. Je t’ai à nouveau proposé de rester … et tu es resté. Quelques jours plus tard, tu disais à ta mère que je suis ton amoureux. Tu avais abattu tes cartes. Pour autant, en ai-je abusé ? T’ai-je trahi ? Et depuis, ne construisons-nous pas, pas à pas, une confiance réciproque, humm ? »
Toni garde les yeux baissés mais opine silencieusement du chef. A son tour, il a relevé son bras et posé sa main à mon épaule. Je poursuis.
- « Le poète dit “il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour” * Aujourd’hui, ma maison est devenue NOTRE maison et nous construisons notre compatibilité à vivre en bonne intelligence. Et j’en suis heureux, Toni ! Mais crois-tu que j’aurais sacrifié ma liberté, mon indépendance pour une simple commodité, laquelle me vaudra sans doute, socialement, plus de désagréments que d’honorabilité ? »
Toni hoche la tête puis relève ses yeux dans les miens, un petit sourire naît et creuse sa joue droite de cette jolie fossette qui m’attendrit chaque fois.
- « Si nous, occidentaux, nous détachons de ce que les dogmes de la religion ont de vieillot, partout des foules immenses proclament leur foi, des fois diverses, certes. Mais les religions nous désignent unanimement comme des êtres indignes*² et, chez nous, des crétins mal assurés de leur propre virilité nous perçoivent toujours comme une menace. Je ne me fais aucune illusion sur le respect de l’humanité par mes congénères. »
« Des hommes sont murés / là-bas quelque part / des hommes sont murés / et c’est le désespoir … » *3
Devant nous, la dune a été creusée par les intempéries et, suivant une couche imperméable ainsi mise au jour, l’eau s’échappe dans un clapotis, cascade en filet, en gouttes, en faisant verdir le sable d’une profusion végétale inattendue en ce lieu aride, puis serpente à nos pieds avant de se perdre, absorbée, non sans dessiner des méandres entrelacés aux nuances de rouille.
Des traces escaladent la paroi de sable et Toni, prenant ma main, m’entraîne à sa suite. Deux pas plus loin, la forêt nous abrite sous ses frondaisons et Toni se retourne pour se pendre à mon cou. Mais que met-il dans le caramel de ses yeux ? Quelle crème, quel ingrédient secret le rend-il si onctueux et si épicé à la fois ? Quel terrible aphrodisiaque !
Discrètement, il m’a repoussé contre un arbre où je m’adosse, il sourit et sa main s’empare à tâtons de ma queue dressée. Il disparaît à ma vue pour engloutir mon gland brûlant dans sa bouche fraîche. Avec uniquement sa langue qui presse souplement mon gland contre son palais dans une succion magistrale. Et cette langue est animée d’une douce houle de marée montante, régulière et obstinée, comme la tétée d’un nourrisson.
Puis, tenant fermement ma tige comme un manche d’outil, il la lèche avec application, d’une large langue qui en détaille le moindre relief. Il bascule la tête et le poignet pour reprendre sa reptation sur l’autre face, l’étau implacable de ses doigts manque de faire éclater mon gland luisant et cramoisi sur lequel, de la pointe de sa langue, il dessine maintenant de vibrantes courbes dont la légèreté ne renie rien de la sensualité.
Soudain, malgré l’heure et le calme qui semblait régner, un flap flap rapide de claquettes se fait entendre et je reconnais Yohann qui remonte le sentier d’un pas décidé d’homme pressé. Au passage, il me fait un petit signe complice de la main et s’éloigne rapidement dans de petites gerbes de sable.
Toni n’a pas interrompu sa besogne. Il la poursuit avec constance et, sitôt le bruit de pas éteint, l’excitation m’explose à la figure telle une boule de feu qui m’irradie et me submerge. J’ai chaud, TRÈS chaud !
Les mains de Toni s’activent et caressent l’intérieur de mes cuisses, remontent sur mon bas ventre, enserrent mon paquet, son pouce pressant mon périnée, massent mes couilles souplement et repartent tandis qu’il me pompe avec la régularité d’un moteur bien réglé, sachant m’offrir quelques ornementations improvisées qui ne le ralentissent nullement et ajoutent de la fantaisie aux plaisirs qu’il me dispense généreusement.
Hum ! Mon corps semble flotter dans un bain chaud et mousseux, puis ma peau se hérisse et est parcourue de vagues de frissons glacés délicieux. Mes mains glissent sur ses épaules, remontent dans la masse de ses cheveux, marquant la pulsation de son balancement somptueux et velouté, ses aspirations qui suspendent son souffle …
- « Ah Toni ! Je vais … »
Ses doigts se sont accrochés à mes fesses et sa gorge a profondément avalé ma bite. Je tressaute comme un pantin, un poignard dans les reins et mes jambes flageolent. Toni s’est redressé d’un bond et m’entoure de ses bras, se blottit. Je grogne, je soupire, je cherche ses lèvres ; sa langue a encore ce goût de foutre, salin et acre. Dans le nœud que forment nos épaules entourées de nos bras, nos nuques fléchies, la masse de ses cheveux, ce nid douillet et protégé du moindre souffle d’air, il a incliné sa tête et glissé son front dans mon cou. Il a juste poussé un long, un profond soupir et nous sommes restés simplement ainsi quelques minutes, avant de rejoindre la plage.
Toni gambade maintenant dans le friselis d’eau que laissent les vagues en se retirant. Il sautille en levant haut chaque genou alternativement, son pied retombe lourdement à plat en nous éclaboussant. Il balance latéralement son buste et ses bras dressés au-dessus de sa tête et chante à tue-tête.
- « hooo! it’s so good, it’s so good » *4
Un chien fou !
*Dans une préface du Mystère de la chambre jaune, Jean Cocteau écrit : « Pierre Reverdy nous disait : “il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour”.1956. Jean Cocteau, préface du Mystère de la chambre jaune, de Gaston Leroux, 1963.
*² Devant « Tant de processions, tant de têtes inclinées / Tant de capuchons, tant de peurs souhaitées » Alain Souchon se demande « et l’angélus / Ding / qui résonne / et si, en plus, / Ding / y a personne ? »
*3 Barbara chante « soleil noir » paru en 1968 https://www.youtube.com/watch?v=MtFeMT5Uugc
*4 « I feel love » écoutez la reine Donna Summer, toute gainée de paillettes en 1977
Amical72
amical072@gmail.com
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