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4 | Céder, reprendre
Le récit d’Adrien
Après le déjeuner, nous rentrons préparer nos affaires mais le temps changeant nous incline à préférer rejoindre la forêt, où nous serons abrités du vent, plutôt que la plage.
On y trouve des bosquets d’arbres sveltes et élancés qui ploient sous le vent, plus loin d’autres jeunes et vigoureux, aux branches gainées d’un fourreau vert et vaporeux mais dont les aiguilles rigides et rébarbatives nous griffent au passage, et, épargnés par les tempêtes, quelques vieux sujets qui jaillissent d’une épaisse litière d’aiguilles sèches, presque sans fut, aussitôt éclatés en tentacules puissants qui s’élancent, couverts de larges écailles vineuses, courant au sol, cassés comme des coudes ou souplement courbés en arabesques tentatrices. On imagine que s’y adosser permet de retrouver force et quiétude.
Comme le fait Toni, en joueur espiègle qui me sourit.
Qui s’alanguit, m’aguiche, œil de velours et rictus canaille.
Son index se replie en crochet pour me faire signe d’approcher. Il a laissé tomber son sac à terre, étire son téton et sa main coulisse sur son ventre comme pour désigner sa queue qui se développe, bien qu’encore pointée vers le bas, en dégageant lentement son gland mouillant. Son sourire s’épanouit largement, découvrant ses jolies dents.
Quel joli félin affamé !
Autour de nous, dans les clairs obscurs des taillis, je devine soudain des silhouettes d’hommes aux aguets, informés par leur sixième sens de la tension qui s’installe entre Toni et moi, figés et braquant leurs yeux qui scrutent, affinant leur ouïe. Ils nous épient, nous cernent.
Je me suis approché de Toni, j’ai tendu le bras, mes doigts écartés en râteau soulignent ses courbes puis, d’un coup, ma main saisit sa nuque et l’attire à moi qui m’en rapproche mais c’est pour lui souffler à l’oreille :
- « On nous espionne, Toni ! Nous sommes sur une scène. »
Il libère sa tête de ma prise, la tourne en tous sens, me regarde à nouveau, interloqué. Je fais souplement tourner son téton entre deux doigts.
- « Tu vois ce beau garçon, ton copain Kevin, lors de la soirée chez Nicolas ? Il s’offre généreusement à tous, s’expose en public. Qui le veut le prend par tous les trous, on le partage jusqu’au plaisir, parfois convivialement entre potes, parfois avec un enjeu de rivalité ou de suprématie. On le fait jouir, il crie son plaisir et on s’en flatte comme d’un trophée, on se congratule. On s’échange son contact mais il rentre seul chez lui. »
Ma caresse se fait plus appuyée.
- « Avec mon p’tit chat, on file à l’anglaise pour protéger nos ébats, pour qu’ils n’appartiennent qu’à nous … et, quelquefois, pour ce qu’on consent à en montrer, à ceux qu’on invite. C’est dans cette intimité protégée que nous dormons ensemble, Toni. »
Ma main englobe sa joue et je m’abîme dans ses yeux sombres cernés de cils très denses et noirs. Je ferme les yeux et approche lentement mes lèvres des siennes, douces …
Mais sa main s’accroche vivement à mon poignet et, étonné, je rouvre les yeux sur son visage tendu, son regard qui me scanne comme en urgence, son ton précipité :
- « Mais dis-moi Adrien, est-ce que tu m’ … pour moi … as-tu un peu da … »
- « d’Affection, d’Attachement ? Qu’en penses-tu ? D’attention, d’admiration aussi, pour ta ténacité ; d’agacement parfois, ou d’attente, par exemple de ton second test, d’apprivoisement, d’ajustement patient … »
Putain, ses yeux ! Chauds et doux comme des menottes d’enfant qui me supplie pour tenter de me soutirer ce que je retiens : un de ces grands serments trop romantiques et si faciles à prononcer aussitôt qu’un décor propice les convoque qu’ils en sont confondants de légèreté.
Et pourtant, qu’il me touche !
- « Viens ! »
J’ai cédé sans hésitation à ma pulsion spontanée qui me pousse à fuir ces regards qui nous transpercent, alentour. Ma main a durement saisi son coude et je l’entraîne à mes trousses d’un pas rapide. Nous remontons sur nos bicyclettes pour retourner au plus court au bungalow. J’ouvre la porte, m’efface pour le laisser entrer, la claque derrière nous. Je l’ai à peine délesté de son sac que mes mains ont enveloppé sa tête, ma bouche de sangsue ventousé la sienne et ma langue véhémente l’a envahi.
Je l’ai entouré de mes bras et, en quelque sorte, porté jusqu’à la chambre. J’ai couvert son visage de baisers, plongé sauvagement sur son téton pour lui imposer la générosité de mes élans et qu’il les laisse le transporter, goûté à son aisselle moite et riche de son odeur musquée avant qu’il ne tombe sur le lit.
Volontairement, il s’est tourné à plat ventre. Offert !
Ce jeune cul magnifique, charnu, velu, dont les belles formes arrondies luisent dans la lumière atténuée de la pièce, je l’entoure d’abord de l’auréole de mes bras, je le caresse d’un revers de main et le contemple comme on le fait d’un fruit d’été à la peau veloutée et colorée par le soleil avant d’y mordre à pleines dents.
Mais les frémissements courant sur sa peau et son agitation contenue trahissent la fébrilité d’un Toni qui soupire déjà profondément. Alors j’écarte les deux lobes de cette croupe et je darde ma langue, pointée pour transpercer sa broussaille, frétillante dans sa quête du seuil froncé de sa caverne aux délices.
Et il m’apporte son concours ! Dans un bond de lapin, il s’est soulevé, ramenant ses cuisses sous lui, genoux écartés, rein cambré et à deux mains, il ouvre largement sa raie à ma dégustation. Ma langue se fait épaisse et fouisseuse à la fois, elle enduit, presse de sa masse de muscle quand sa pointe cherche, s’insinue, perce et détend sa corolle souple et sensible. Mon pouce vient y apporter sa contribution et ce duo d’experts se régale des diverses textures de ce drapé doublé de soie.
Puis je contourne sa cuisse pour envisager sa flèche braquée, droite et vibrante. Je me contorsionne et parviens à l’emboucher. Mon pouce pèse sur son anus alors qu’elle me remplit la bouche. Je la moule anatomiquement tandis qu’elle ressort et mes lèvres la polissent autant que ma langue la détrempe. Mon doigt en pointe a enfin percé son œillet qui l’épouse étroitement, poussant vers l’avant ce dard turgescent. Brusquement, il éclate.
Une fulgurance laiteuse zèbre mon visage et les répliques vont se perdre plus loin dans les draps tandis qu’il vagit, secoué en saccades. Je l’ai fait rouler sur le côté sans retirer mon pouce qui a trouvé sa juste place en lui alors que mon autre main virevolte.
J’aime son enthousiasme de jeune homme pressé mais je sais qu’après y avoir ainsi cédé, il sait rapidement retrouver sa vigueur et mieux la contenir. Alors ma langue vient envelopper sa queue flaccide et mes lèvres serrées aspirent son gland qu’elles décalottent. Et si je le délaisse, c’est pour gober une par une ses boules lisses qui roulent dans ma bouche avant de revenir téter ma confiserie.
Et, à nouveau, sa jolie queue se dresse en flèche.
J’écrase sa cuisse de mon poids pour l’ouvrir et tracer d’un sillon humide le pli de l’aine. Imperceptiblement, la pulpe de mon pouce effleure sa muqueuse, la creuse avec constance et souplesse puis, soudain, s’en décolle et, là, il prend une forte inspiration. Le vertige du manque que je m’empresse de combler en reprenant mes cajoleries. Il a posé sa main dans mes cheveux, ses doigts en étoile massent et font jouer mon cuir chevelu, mécaniquement car sa respiration s’accélère.
Je reprends ma douce caresse buccale, lente, laborieuse : d’abord l’aspirer en bouche comme un sucre d’orge puis le laisser ressortir en exprimant tous ses sucs pour ensuite lécher sa hampe sur toute son envergure et recommencer. Une seule ligne mélodique et toutes les ornementations laissées aux bons soins de l’interprète.
Ou du cavalier qui cède sur la main, reprend, serre les jambes pour soutenir l’engagement.
Je sens mon joli brun se tendre comme un arc et, de mes lèvres qui épousent son frein lors de minuscules aller-retour précis, je maintiens sa bite plaquée sur son abdomen, laissant ma langue jouer avec son bourrelet tandis que mon pouce poursuit sa caresse. Il se creuse somptueusement. Il geint. Il est parcouru de frissons incoercibles. Il étend ou ramène ses jambes en saccades.
Mais rien ne suspend mon application impitoyable à l’amener à la jouissance. J’admire la trajectoire courbe de son jet gras qui retombe sur son torse parmi ses soupirs de reddition tandis que mon pouce lui administre d’ultimes touchers qui l’électrisent.
J’ai rapproché mon visage du sien pour le contempler, yeux clos et lèvres entrouvertes, recouvrer une respiration régulière, puis un sourire lentement relever ses commissures. Quand il soulève ses paupières, ses yeux pétillent dans les miens.
Amical72
amical072@gmail.com
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