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Chapitre 9 | Dans la dune
Le récit de Julien
Après nos dernières galipettes, j’ai proposé à Arnaud de découvrir quelques agréments d’une vie d’homme gay.
- « Ces plaisirs, est-ce que tu veux bien prendre un peu de temps pour t’essayer à les partager avec moi, hum ? »
Je lis ses hésitations dans les rapides clignements de ses yeux alors je ne lui laisse pas le temps de tourner sa langue, ni de trop réfléchir à tous les obstacles, aux convenances, aux attentes diverses autant que pressantes, aux retards qu’ainsi nous allons accumuler, enfin, à toutes ces bonnes raisons raisonnablement raisonnables qui nous font trop souvent renoncer au nom d’une sacro-sainte « sagesse ».
- « Tu cours à l’écurie mettre tout ce beau monde au pré et tu me retrouves à la voiture … en tenue de ville ! Fissa ! »
Je regarde les muscles de ses fesses blanches d’homme décidé quand il saute du lit, qu’il dissimule prestement sous ses frusques avant de disparaitre alors qu’en vitesse, je rassemble ce qui me semble nécessaire dans un sac à dos et nous voilà sur la route.
« Chante la vie, chante / Comme si tu devais mourir demain / Comme si plus rien n'avait d'importance / Chante, oui chante / Aime la vie, aime / Comme un voyou, comme un fou, comme un chien / Comme si c'était ta dernière chance / Chante, oui chante …*1 »
Il me regarde, incrédule et, en même temps, je crois déceler l’amorce d’une certaine jubilation.
- « Dis-moi, Arnaud, combien de fois as-tu fait autre chose que ce que l’on attendait de toi, hein ? … Alors détends-toi ! L’océan n’est qu’à une petite poignée d’heures de route et nous allons nous offrir une grande goulée de vent et de soleil. »
Un jour de semaine, hors saison, le parking sous les chênes verts est quasi désert et leur ombre épaisse nous ferait presque frissonner mais, en nous enfonçant dans la forêt de pins maritimes, nous retrouvons la chaleur et les senteurs balsamiques de résine et d’humus. Je me mets torse nu sous son œil ironique. Je l’interroge d’un coup de menton provocateur.
- « C’est que t’es poilu, chef ! »
- « Touche ! »
J’ai bombé le torse vers lui et il avance prudemment sa main.
- « Ça me fait penser à cet acteur écossais*², celui qui a joué James Bond et dans ce film de Hitchcock où on le voit torse nu … S’il y en a un qui a peuplé mes nuits, c’est bien lui … »
- « Et toi ? Montre. »
A son tour ! J’ai soulevé son teeshirt, et il m’a laissé faire, pour découvrir son torse semé d’un triangle de longs poils fins presque blancs sur le haut, en pointe sur son sternum puis, à nouveau, mais plus courts, autour de son nombril. Ma main s’attarde sur leur extraordinaire finesse mais, pourtant, Arnaud fait la moue. Alors je lui souris.
- « C’est doux ! Moi j’aime la diversité du corps des hommes et ces petites particularités qui nous distinguent et sur quoi on s’arrête. »
Je joue encore avec sa toison puis j’enroule mon bras autour de ses épaules quelques secondes. J’aurais envie de … mais je ne sais comment lui manifester cet élan de tendresse qui me porte vers lui. J’ignore d’ailleurs comment ce gars réservé recevrait mes marques d’affection et je me sens bien empoté, n’ayant guère appris de Lecourt en la matière. Alors je l’attire à moi dans un geste bourru, son épaule venant heurter la mienne, faute de trouver mieux, alors que nous reprenons notre balade.
Depuis le passage creusé dans la dune blanche*3, nous contemplons la vaste langue de sable quasi déserte et l’océan qui vient s’y dérouler dans une lumière aveuglante. Nous descendons. Un peu avant la trainée de laisses de la marée précédente, je dépose mon sac et me déshabille. Les mains aux poches, Arnaud me regarde.
- « J’ai pas de maillot. »
Ma main vient crocheter sa ceinture que j’entreprends de déboucler.
- « plage naturiste ! »
Mon ton ne lui accorde aucune échappatoire et je le regarde abaisser son slip en rougissant, cuisses pressées l’une contre l’autre comme pour se dissimuler, avant de le saisir par le coude et de l’entrainer jusqu’à l’eau !
Brrr ! Elle est encore fraiche et cela coupe notre élan. Je trempe mes bras, m’asperge le torse et les épaules et m’accroupis rapidement pour m’accoutumer à cette température et m’élancer. Arnaud, lui, immobile et bras croisés, semble pétrifié de froid. Je m’approche et, aussitôt, tout son corps proteste. Je l’enveloppe de mes grands bras alors qu’il claque irrépressiblement des dents.
- « Non, Julien, je … je n’aime pas trop l’eau. »
Je resserre mes bras pour le plaquer contre moi et plonge mes yeux dans le bleu limpide des siens, vaguement incertains de ma clémence. Soudain le vent me saisit et je frissonne.
- « Allons nous mettre à l’abri dans la dune grise. »
Nous avons repris nos nippes et, d’une main, j’ai empêché Arnaud de remettre son slip. Je regarde les sautes de vent coucher ses poils blancs sur ses cuisses tandis qu’il remonte la dune devant moi. Je lui désigne les oyats qui la couvrent dont le même souffle abaisse pareillement les chaumes jaunis, comme s’il soufflait des bougies. A l’abri, les immortelles des sables embaument et nous découvrons une clairière abritée dans un massif de tamaris où étaler le drap de bain que j’ai apporté. Aussitôt, j’empoigne Arnaud.
- « Lotion solaire obligatoire ! Je ne saurais que faire d’un homard rubicond et boursoufflé à mes côtés ! »
Je verse le lait protecteur dans ma paume droite et, en commençant par ses épaules, je l’enduis grassement mais je saisis son poignet pour en verser également dans sa paume. J’entends bien que les attentions soient réciproques, qu’aucune zone ne soit oubliée et que l’application ne soit pas faite négligemment mais offre toute la douceur et la fermeté requises. D’ailleurs, il semble avoir parfaitement compris l’objectif et s’emploie à me frictionner allègrement avec un air canaille quand, d’un coup, il s’immobilise, raidi.
L’homme est un peu moins grand que nous, il est bronzé comme seuls le sont les autochtones qui s’exposent dès les premiers rayons, le cheveu presque blanc, dru et très court se fait rare sur le dessus, ses yeux sont clairs et complices, le corps sec et les épaules rondes sont ceux d’un homme qui vit au grand air, s’entretient et porte encore beau. Il s’était jusqu’alors discrètement fondu dans les frondaisons par un imparable mimétisme.
Maintenant qu’il est repéré, il nous sourit, nous salue d’un signe de tête et s’avance pour passer, au plus près de nous, entre les arbustes. Arnaud se tapit contre moi … Mais moi, je ne peux pas reculer. Les yeux fichés dans les siens, l’homme s’est arrêté pile face à Arnaud qui prend une brusque inspiration, profonde, alors que les mouvements de l’épaule de notre « hôte » m’indiquent qu’il s’essaie sur lui à une souple caresse de la main. Or ce dernier, loin de tenter de le rabrouer, casse son rein et vient appliquer ses fesses avec plus d’exactitude encore sur ma queue bandée qu’elles cernent parfaitement dans leur sillon.
Notre hôte s’accroupit alors et ce nouveau gain de tension du dos d’Arnaud montrerait, si sa respiration hachée ne me l’avait indiqué assez clairement, qu’il lui dispense maintenant des caresses buccales précises et ajustées. Ses mains ne sont pas en reste d’ailleurs qui pétrissent et s’insinuent entre ses cuisses pour venir, plus en arrière, jusqu’à presser mes bourses et la base de mon vit tendu que je protège fébrilement en l’ancrant à sa place.
Sans cesser, il fourrage à l’aveugle dans son sac et sa main revient, fraiche de lubrifiant, masser le périnée de mon rouquin qui n’en peut mais et soupire bruyamment. Libérant un instant sa bite, il me souffle « prends-le, il est prêt ! » en me tendant un étui au bruit reconnaissable entre mille. Je pivote pour m’équiper et, au retour, sa main me lubrifie puis me guide avec beaucoup de sollicitude pour percer l’intimité d’un Arnaud haletant et offert qui s’empale ensuite somptueusement dans un souffle exalté puis, chaud et soyeux, dévore ma queue qui ne demande pas mieux.
Aux divers bruits qui me parviennent, je comprends que notre hôte a repris son entreprise quand je murmure à l’oreille d’Arnaud.
- « Laisse-toi aller au plaisir, Arnaud, mais retiens-toi ! Essaie de durer. »
Mes mains le caressent souplement puis reviennent s’emparer de ses tétons avant de repartir, tantôt aussi éthérées que des plumes, tantôt acérées, courir sur sa peau. Ma bouche prend sa pleine part tandis que les subtiles contractions de son rectum sur mon vit, caresse qu’il semble privilégier entre toutes, me font augurer d’une jouissance étourdissante.
Notre hôte, lui aussi, alterne de puissantes succions, qui arrachent à Arnaud de petits sursauts, et des agaceries plus légères qui le suffoquent et le suspendent. Il gémit maintenant à bas bruit mais en continu et vibre comme une corde tendue. Tout son corps est aiguisé et réagit à la moindre initiative de notre concert à quatre mains et deux bouches, sans oublier ma bite qui bat en sourdine.
J’aime le voir se gonfler comme une lanterne japonaise puis s’effondrer en laissant s’échapper un filet d’air tandis qu’il est secoué de frissons et retrouver ensuite sa tension ...
Visiblement, notre hôte est tout aussi attentif aux indications qu’Arnaud lui donne de la sorte et cherche l’à-propos en redoublant ses caresses pour procurer des émois vertigineux à celui qui maintenant, s’achemine vers l’éblouissement final en s’activant sur mon vit qui le remplit.
D’un coup, Arnaud se bloque, tendu comme un arc, mâchoires serrées, respiration bloquée. Puis il est secoué d’un spasme qui le fiche sur moi, suivi d’autres, en cascade. Notre hôte a puissamment agrippé ses deux cuisses pour le garder en bouche et Arnaud s’effondre doucement entre mes bras. Je l’allonge, tourné contre moi et je le vois cligner des paupières puis fermer les yeux.
Notre hôte, au lieu d’anonymement tourner bride aussitôt qu’il a obtenu ce qu’il souhaitait, comme il est hélas si fréquent, me prête main forte mais les siennes s’aventurent pour me libérer du préservatif puis, après m’avoir jeté un coup d’œil rapide, il bascule en prière pour me sucer avec une science qui m’irradie les reins.
Quand il se redresse, il s’assoit, courtois, et se présente.
- « Je m’appelle Louis, enchanté ! Vous êtes vraiment charmants, tous les deux ! Vous êtes en couple depuis longtemps ? »
Pfff ! Un boomerang ! *4
*1 « Chante » est, un « tube » de Michel Fugain & Le Big Bazar, cette utopie musicale à pattes d’éph des années 1970 Parue en 1973 cette chanson, dont voici les paroles, invite à profiter de la vie et de ses plaisirs
*² Il s’agit de Sean Connery dans « pas de printemps pour Manie » bande annonce Retrouvez ses clichés les plus sexy.
*3 Les dunes, ces incroyables icebergs de sable, ne se réduisent pas à la partie visible au bord des plages : elles s’étendent sur plusieurs kilomètres de large à l’intérieur du massif dunaire et sont aujourd’hui recouvertes de la plus vaste forêt domaniale de France ... et certains d’entre nous les arpentent.
*4 Pour le bonheur : « comme un boomerang » Cette chanson a été recomposée par Etienne Daho qui l’interprète ici avec Dani en 2001. Elle a été écrite en 1975 par Serge Gainsbourg pour Dani, alors pressentie pour représenter la France à l’Eurovision.
Amical72
amical072@gmail.com
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